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SONNERIES DES CLOCHES : LE CHANT DE PÂQUES

Publié le : 26 Avril 2021
Les sonneries des cloches sont une des manifestations majeures des célébrations pascales : le son des cloches répandu dans l’atmosphère réjouit l’espace d’une allégresse nouvelle après le grand silence des jours précédents. Cette joie sonore associée à la lumière printanière se vit comme un appel à la vie. Ces sonneries campanaires ne pouvaient qu’inspirer les musiciens.

Nous venons d’entendre une curiosité : ce Carillon de Longpont que Louis Vierne (1870-1937) organiste de Notre-Dame de Paris, a composé pour son grand instrument, a été joué ici sur un harmonium : constatons que cette musique convient parfaitement à ce modeste instrument. Ce n’est pas par hasard. Vierne a séjourné plusieurs fois chez des amis à Longpont dans l’Aisne : ce sont les cloches de la chapelle du château qui lui ont inspiré cette page en 1913. Malheureusement le clocher fut détruit en 1918 et reconstruit sans respecter l’accord des cloches primitives. Mais qu’importe : la magie de la musique répétitive des cloches exerce toujours sa fascination, qu’elle soit jouée sur un harmonium ou sur un grand orgue. En effet, c’est sur l’harmonium de l’église qu’il improvisa les premières esquisses de ce qui allait devenir la page que nous avons entendue.

Ces sonorités aux riches résonances ont fasciné un autre compositeur dont on peut percevoir des échos dans plusieurs de ses œuvres : il s’agit de Serge Rachmaninov (1873-1943). En 1893 apparaît une Fantaisie-Tableaux (Suite n° 1) opus 5 pour deux pianos. Cette suite comporte les titres suivants :
Barcarolle la Nuitl’Amour les LarmesPâques

C’est cette dernière page qui nous intéresse ici. On y éprouve la magie, presque l’envoûtement du balancement des cloches auquel Rachmaninov était sensible comme il l’écrit dans cette page qui évoque les célébrations pascales en Russie telles qu’il les a vécues :

« C’est le métropolite de Moscou en personne qui marche en tête de la procession ; il est accompagné du haut clergé, que suit le célèbre chœur synodal avec les garçons revêtus d’une tenue rouge et or […] Ce fut une expérience inoubliable ! Le premier son de la cloche à minuit rompt la tension du silence par la sonorité profonde et veloutée du gros bourdon du beffroi de Saint-Jean-le-Grand. A cet instant les prêtres prononcent les paroles sacrées « Christ est ressuscité ! » Aussitôt toutes les cloches des « quarante quarantaines » d’églises répondent par leurs joyeux tintements à l’appel de la vieille cloche de Saint-Jean-le-Grand […] Les tons profonds du bronze, les tons purs de l’or, les tons argentés et cristallins constituent une magnifique symphonie. On dirait que c’est l’air lui-même qui chante. » (Texte cité dans André LISCHKE, Serge Rachmaninov. Portait d’un pianiste. Buchet-Chastel 2020, p. 52.)

Vous pouvez écouter l’ensemble de cette Suite opus 5 de Rachmaninov et apprécier les effets presque orchestraux qu’il obtient avec seulement deux pianos : chaque pianiste joue alternativement le premier rôle. On peut déjà entendre l’avant-dernière pièce Les Larmes comme une sonnerie de cloches tristement répandue dans l’espace sonore. Mais la dernière pièce Pâques (à partir de la 19ème minute) nous captive plus particulièrement : on s’y laisse emporter par le balancement irrésistible des cloches que ponctuent les accents solennels du cantique proclamé sur des accords très fournis donc riches de résonances :

CHRIST EST RESSUSCITE !

Emmanuel Bellanger

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