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Laudato Si : à l'écoute de saint François d'Assise

Publié le : 20 Septembre 2021
Voici un contrepoint au blog « Ecrits mystiques » et à son cycle sur saint François d’Assise à partir des écrits de saint Bonaventure. La personne de saint François a inspiré de nombreux artistes, peintres ou verriers, mais aussi des musiciens. A quelques jours de la fête du fondateur de l’Ordre des Franciscains, voici deux exemples de compositeurs véritablement habités par cette sensibilité spirituelle qui nous invite à redécouvrir les beautés du monde créé.

Il ne faut pas s’étonner que saint François et Olivier Messiaen aient fini par se rencontrer. Ces oiseaux auxquels le saint s’adressait sont bien ceux qui fascinaient le compositeur au point qu’il se présentait non pas comme musicien mais comme ornithologue.

Nous écoutons le célèbre sermon aux oiseaux tel que nous le donne à entendre Messiaen dans son opéra « Saint-François d’Assise », composé entre 1975 et 1983.
On pourrait s’étonner du ton grave et lent de cette page pour s’adresser à des animaux parmi les plus agiles de la création. Mais tout est dépouillement chez saint François, gravité, louange intérieure.

Deux éléments alternent dans cette page : des chants d’oiseaux nombreux, multicolores, scintillants dans le ciel orchestral et le chant, lent, sans éclats mais tourné vers la contemplation céleste telle qu’on peut la percevoir dans cette sixte ascendante, presque obsédante, qui s’élève vers les cieux, vers le Créateur.

Voici le début du texte, assez facile à suivre ;

« Frères oiseaux, en tous temps et lieux, chantez votre créateur. Il vous a donné liberté de voler… Le don de grande agilité. Il vous a fait don de l’air, des nuages, de frère soleil et frère vent pour guider vos voyages. Le boire et le manger, il vous les a donnés, et les arbres et l’herbe et la mousse pour vos nids… »

La deuxième musique ici proposée vous est, sans doute, moins connue. Nous la devons à une compositrice d’origine russe née en 1931 : Sofia Gubaïdulina. Cette femme a connu évidemment le régime soviétique qu’elle assimile à un monde d’obscurité. Deux évènements ont marqué une rupture et un nouveau départ dans sa vie personnelle et créatrice : la lumière libératrice que fut pour elle la découverte de la foi chrétienne et la chute du Mur de Berlin qu’elle symbolise dans cette œuvre par un violoncelle en hommage à Rostropovitch à qui ce Cantique du soleil est dédié. On se rappelle que ce violoncelliste avait joué sur le mur même au cours des évènements de Berlin.

Le Cantique du soleil date de 1997. La compositrice a cherché la simplicité bien dans l’esprit de saint François, pour être accueillie avec sympathie par tous, cultivés ou non. Cela n’empêche évidemment pas une très grande subtilité de sonorités : un chœur à voix mixtes, quelques percussions et un violoncelle chargé d’un rôle moteur dans cette œuvre.

Sur des harmonies très simples, presque envoûtantes, les paroles de saint François sont chantées sur le mode de la psalmodie. Ce chant alterne avec le violoncelle solo qui, dans des glissandi vertigineux, nous propulse des profondeurs du registre grave à la pureté du monde céleste. Le ciel est ainsi constamment relié à la terre et la terre au ciel : les percussions manifestent le chant de la Création, les peaux : le monde animal, les bois : la nature, les métaux : le travail des hommes, tout ce qui constitue notre monde est emporté dans les lumineux accords du chant. Le long développement final sur l’accord de fa dièse majeur se poursuit en chaque auditeur bien après qu’il ait résonné.

Le texte de saint François est chanté dans la langue originelle. Chaque strophe commence par Laudati si, mi Signore, pour louer successivement le soleil, la lune et les étoiles, le vent et les nuages, l’eau et le feu, notre mère la terre et enfin ceux qui souffrent et qui pardonnent  puis pour finir, notre sœur la mort corporelle.

Cette œuvre respecte la forme liturgique du Répons : une alternance entre les instruments et le violoncelle qui lance la psalmodie de ses impressionnants glissandi.

Notre monde contemporain, si abîmé, recèle aussi tant de merveilles, dans la nature comme parmi les hommes. Les musiciens sont là pour nous ouvrir les oreilles de leurs chants qui louent et rendent grâce.

Emmanuel Bellanger

DTh
DTh a écrit :
01/10/2021 20:45

Merci à Emmanuel pour la splendide découverte qu’a été pour moi Sofia Gubaïdulina. J’ai écouté les 40 minutes du « Cantique du soleil » dans un singulier ravissement.

Valérie de Maulmin
Valérie de Maulmin a écrit :
04/10/2021 10:50

Un grand merci pour ce partage !

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Emmanuel Bellanger

Après des études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et à l’Institut Grégorien, Emmanuel Bellanger a mené une carrière d’organiste comme titulaire de l’orgue de Saint Honoré d’Eylau à Paris, et d’enseignant à l’Institut Catholique de Paris : Institut de Musique Liturgique et Institut des Arts Sacrés (aujourd’hui ISTA) dont il fut successivement élu directeur. Ancien responsable du département de musique au SNPLS de la Conférence des évêques de France, il est actuellement directeur du comité de rédaction de Narthex. Il s’est toujours intéressé à la musique comme un lieu d’expérience sensible que chaque personne, qu’elle se considère comme musicienne ou non, est appelée à vivre.

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