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La conversion de Saint Paul

Publié le : 20 Janvier 2020
Samedi prochain, la liturgie nous invite à célébrer le souvenir de la conversion de Saint Paul. Le Livre des Actes des Apôtres nous rapporte cet évènement surprenant d’un persécuteur des chrétiens terrassé par une voix mystérieuse qui va radicalement renverser le cours de sa vie. Quelle fascination pour un musicien que cette « voix » : comment sonnait-elle, quel timbre, quelle hauteur ?

C’est dès 1832 que Félix Mendelssohn (1809-1847) se mit en devoir de répondre à la commande d’un oratorio sur Saint Paul. Cette œuvre fidèle au texte biblique est le fruit d’un long parcours au cours duquel le compositeur approfondit son étude de l’Ecriture Sainte avant de se lancer en 1834 dans le travail d’écriture musicale. Ce n’est qu’en 1836 qu’il traça le point d’orgue final. La mort de son père en 1835 l’a aidé à parachever cette œuvre dans laquelle on peut percevoir les traces de sa propre évolution religieuse.

C’est la scène de la conversion que je vous propose de découvrir : celle où nous est donnée à entendre cette fameuse voix du Christ, venue du ciel, que seul Paul (qui portait encore le nom de Saül) entendit.

Voici comment se déroulent les évènements dans cet oratorio où l’on peut reconnaître l’influence des cantates de Bach que Mendelssohn a tant contribué à redécouvrir.

L’extrait qui nous analysons commence à la 33ème minute de cet enregistrement.

Un récitatif du ténor cite quelques versets des chapitres 8 et 9 des Actes des Apôtres :
Mais Saül détruisait la communauté et était en fureur contre les disciples par des menaces et des assassinats. Il blasphémait et disait :

Un air en si mineur aux accord martelés par trompettes et cymbales, à l’accompagnement  rageur de croches rapides ininterrompues, laisse s’exprimer les sentiments violents qui l’habitent :

Extermine-les, Seigneur Sabaoth, comme paille au feu ! Ils ne veulent pas reconnaître que par ton nom, tu es le seul Seigneur, le plus haut de toute la terre. Laisse ta colère les atteindre, ils doivent se taire. (Texte inspiré des psaumes 59, 69, 83.)

L’épisode suivant nous conduit au sein de la communauté des persécutés : un récitatif d’alto reprend le fil des évènements :
Avec une armée, il se dirigea vers Damas avec les pouvoirs et ordres des Grands-Prêtres de conduire enchaînés hommes et femmes vers Jérusalem.

Suit un merveilleux arioso en forme de déploration en Sol Majeur :
Mais le Seigneur n’oublie pas les siens, il se souvient de ses enfants. Prosternez-vous devant lui, vous les orgueilleux, car le Seigneur est proche.

Nous arrivons à la scène extraordinaire de l’évènement central qui a inspiré tant de peintres : une voix surgit du ciel… Comment nous la donner à entendre sans tomber dans l’illustration simpliste, sans la dépouiller de sa nature mystérieuse, sans que nous la percevions comme lointaine, inaudible ? C’est ici que se manifeste la nature d’un grand musicien. N’entendons-nous pas dans cette trouvaille musicale un écho de sa propre recherche spirituelle ?

La voix du Christ n’est pas une simple voix d’homme : c’est l’ensemble du chœur à trois voix de femmes que nous entendons : surprise, étonnement, mais, à la réflexion, n’est-ce pas dans l’Eglise que le Christ se rend présent aujourd’hui, au sein de la communauté humaine ?

Cela commence par un récitatif de ténor :

Alors qu’il faisait route et approchait de Damas, une lumière venue du ciel l’enveloppa soudain.Il tomba à terre et entendit une voix qui lui disait :

Ici l’orchestre se réduit aux bois (clarinettes, bassons, cors, trombones), toutes notes graves ont disparu, nous sommes projetés dans une autre dimension, le Christ parle par le truchement de ces trois voix chorales féminines !
Saül, Saül, pourquoi me persécutes-tu ?

Un bref dialogue s’engage entre l’apôtre et le Seigneur ; la musique suffit pour suivre cet entretien que l’on peut qualifier de mystique.

Emmanuel Bellanger

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Emmanuel Bellanger

Après des études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et à l’Institut Grégorien, Emmanuel Bellanger a mené une carrière d’organiste comme titulaire de l’orgue de Saint Honoré d’Eylau à Paris, et d’enseignant à l’Institut Catholique de Paris : Institut de Musique Liturgique et Institut des Arts Sacrés (aujourd’hui ISTA) dont il fut successivement élu directeur. Ancien responsable du département de musique au SNPLS de la Conférence des évêques de France, il est actuellement directeur du comité de rédaction de Narthex. Il s’est toujours intéressé à la musique comme un lieu d’expérience sensible que chaque personne, qu’elle se considère comme musicienne ou non, est appelée à vivre.

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