Aller au contenu. | Aller à la navigation

Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

Bonjour, notre site va bénéficier d’une refonte dans les prochains mois. L’activité de Narthex est actuellement réduite. Nous vous remercions de votre compréhension.

« Voici des fleurs » - Le printemps de Damien Cabanes

Publié le : 9 Mars 2020
Damien Cabanes revient à la galerie Eric Dupont avec un ensemble d’huiles sur toile, peintes ces derniers mois sur le motif. Tout un monde de couleurs vibrantes. Voici un décryptage attentif et sensitif, entre présence de la matière et évanescence, fragilité et éternité. Jusqu'au 18 avril 2020.

Damien Cabanes, Anémones, 2019, Huile sur toile, 222 x 296 cm © galerie Eric Dupont, Paris

La magie de la peinture vient se jouer devant nous, dans le désert de la toile percé de fulgurantes couleurs.

Des éclairs de couleurs. Juste quelques touches, quelques taches, lourdes de matière. Des grains, des grappes figées, des grumeaux presque maladroits  pour qui les regarde de près. Mais qui s’enlèvent, s’envolent sur un fond rapidement brossé, dès qu’on s’éloigne. Et trouent le vide, irradient leur stridente lumière dans l’espace soudain ranimé. Une fois encore, sous le ciel grisâtre d’une journée platement ordinaire, la magie de la peinture vient se jouer devant nous, dans le désert de la toile percé de fulgurantes couleurs. Ce n’est nullement une question de mise en scène ou d’éclairage, d’histoire, d’écologie, de prise en compte de la situation du monde ou de l’urgence climatique.

DAMIEN CABANES, Fleurs, 2019, HUILE SUR TOILE, 222 X 296 CM © GALERIE ERIC DUPONT, PARIS

Un presque rien qui se dresse devant nous et nous révèle tout : cet enchantement où la couleur nous invite et nous enveloppe.

Loin des fracas d’une hyper-contemporanéité connectée, dans le tumulte du monde soudain recouvert de silence, nous voici soudainement réveillés, secoués, déplacés, pantelants d’émotion devant la peinture. Un presque rien qui se dresse devant nous et nous révèle tout : cet enchantement où la couleur nous invite et nous enveloppe, ce retour de la première aurore qui nous remet au monde, ce printemps  revenu qui a raison, raison de tous nos hivers et nos limites. Cette fois encore, advient le miracle de la peinture auquel on ne peut jamais s’attendre, auquel on ne comprend décidément rien. Fragments de couleurs fragiles et indestructibles. Indestructibles parce que fragiles, en réalité. Des  anémones, des camélias, des fleurs d’hiver assemblées en bouquet ou posées à même le sol de l’atelier, sans lesquelles aucune peinture n’est possible. Pas de fleur, pas de toile : la règle est minimale, l’exigence radicale dans cet exercice du regard, exercice de la peinture comme une respiration indispensable. Le bras, le corps, le regard, le pinceau, ce que nous voyons nous touche, ce qui nous touche nous regarde.

DAMIEN CABANES, Bouquet AVEC FLEURS BLANCHES #3 , 2019, HUILE SUR TOILE, 2211,5 x 210 CM © GALERIE ERIC DUPONT, PARIS

Chaque œuvre ici assemblée, qui murmure à sa manière : je suis fleur, fruit, lumière offerte, prends le temps de me regarder, de me désirer.

La fleur seule, nous apprend Paul Claudel, justement parce qu’elle est fugace et fragile, sait exprimer l’éternité. Cette intuition s’expérimente, se vérifie devant chaque œuvre ici assemblée, qui murmure à sa manière : je suis fleur, fruit, lumière offerte, prends le temps de me regarder, de me désirer. A vous tous, trafiquants de concepts frelatés, fabricants d’une éternité aussi ennuyeuse que vaine, la peinture de Damien Cabannes révèle, simplement, doucement, que ce monde-ci, traversé de fulgurantes apparitions, est notre réel jardin, notre paradis retrouvé. Ici et maintenant, ce monde présent est un autre monde. Renouvelé par le geste du peintre, ce voyant qui a vu, souvent, ce que nous avons cru voir. Et nous aide à trouver dans la confusion des formes et des apparences environnantes de lumineuses apparitions.

 
 
 
 
 

DAMIEN CABANES, Fleurs dans un vase, 2019 Huile sur toile, 220 x 141,8 cm © GALERIE ERIC DUPONT, PARIS

Sur l’épaisseur  de la toile, accrochée à même le mur sans carcan ni châssis pour la tendre, à travers la pesanteur des pigments, des liants, de la grumeleuse matière qui se coagule et sèche lentement, « Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches » (Paul Verlaine).  Sur le tableau une fois offert au public dans l’espace de la galerie qui fleure l’odeur de la pâte picturale encore humide, la pesanteur de la matière devient soudain grâce d'une figure souveraine. A vérifier sur place, en regardant lentement, doucement : la pesanteur est la grâce.

Paul-Louis Rinuy

Toutes les informations pratiques pour visiter l'exposition en cliquant ici.

Ajouter un commentaire

Vous pouvez ajouter un commentaire en complétant le formulaire ci-dessous. Le format doit être plain text. Les commentaires sont modérés.

Question: 4 + 4 ?
Your answer:
Paul-Louis Rinuy

Paul-Louis Rinuy, professeur des universités et directeur du département d’Arts plastiques de l'Université Paris 8, est également Président du Comité artistique de Narthex.

Recherchez sur le site
Inscrivez-vous à la newsletter