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Vision seconde du Livre II du Scivias d’Hildegard von Bingen : la Trinité

Publié le : 17 Novembre 2016
Dans la seconde vision du Livre II du Scivias, Hildegard von Bingen tente de dévoiler le mystère de la Trinité par l’image d’une infusion lumineuse. Observons les deux cercles concentriques de cette miniature… A l’intérieur du cercle doré apparaît une silhouette d’homme d’un bleu saphir. C’est le Christ-Rédempteur, qui fait un avec le Père et le Saint-Esprit.

« … J'entendis cette lumière vivante qui me disait :    C'est le sens des mystères de Dieu, afin que l'on distingue et que l'on comprenne discrètement quelle est cette plénitude qui n'a pas d'origine, et à laquelle il ne manque rien ; qui, par sa vertu toute puissante, fixe les bornes de toutes les puissances (…).   C'est pourquoi tu vois une splendide lumière qui n'a pas d'origine, et à laquelle il ne peut rien manquer : Elle désigne le Père et, dans elle, une forme humaine, couleur de saphir, sans aucune tache d'imperfection, d'envie et d'iniquité, désigne le Fils, engendré par le Père, avant le temps, selon la divinité ; mais ensuite, incarné dans le temps, selon l'humanité, et venu dans le monde.

   Elle brûle entièrement d'un feu brillant et suave, qui sans aucune atteinte de nulle aride et ténébreuse mortalité, démontre le Saint-Esprit, dont le même Fils unique de Dieu, conçu selon la chair et né d'une vierge dans le temps, répandit dans le monde la lumière de la vraie clarté.
   Mais, que cette splendide lumière pénètre tout ce feu brillant, et que ce feu brillant s'infuse dans toute cette splendide lumière, et que cette splendide lumière et ce feu brillant remplissent toute cette forme humaine, ne faisant qu'une seule  lumière dans une même vertu et une même puissance : cela signifie que le Père qui est l'équité souveraine, mais qui n'est pas sans le Fils et le Saint-Esprit; et le Saint-Esprit qui embrase le cœur des fidèles, mais non sans le Père et le Fils ; et le Fils qui est la plénitude de la vertu, mais non sans le Père et le Saint-Esprit : sont inséparables dans la majesté de la divinité, parce que le Père n'est pas sans le Fils, ni le Fils sans le Père, ni le Père et le Fils sans le Saint-Esprit, ni le Saint-Esprit sans eux ; et ces trois personnes ne forment qu'un seul Dieu, dans l'intégrité de la divinité et de la majesté ; l'unité de la divinité restant inséparable dans ces trois personnes, parce que la divinité ne peut être divisée, mais demeure toujours inviolable, sans aucun changement ; et le Père se manifeste par le Fils; le Fils par l'origine des créatures; et le Saint-Esprit par le même Fils incarné  (…). C'est pourquoi ; que jamais l'homme n'oublie de m'invoquer, moi le seul Dieu dans ces trois personnes, parce que je les ai montrées à l'homme, afin que l'homme brûle d'autant plus d'amour pour moi, que j'ai envoyé, par amour pour lui, mon propre Fils dans le monde.
»

La phrase d’Hildegard concernant la Trinité se déploie sur douze lignes, dans un entrelacement des trois mots, Père, Fils, Saint-Esprit. La répétition inlassable des termes finit par créer une sorte de musique. Puis, Hildegard va choisir trois métaphores pour tenter de qualifier chacune des trois personnes de la Trinité : la pierre, la flamme, le verbe (la parole). L’image de la pierre qualifie le Christ, mais elle a trois vertus, qui symbolisent la Trinité. La figure de la flamme représente l’Esprit-Saint, mais elle possède aussi trois qualités, évoquant la Trinité. La parole ou Verbe s’applique à Dieu le Père, mais aussi aux trois personnes trinitaires. Chaque personne de la Trinité est, en effet, à la fois le tout et la partie distincte.

« Car le Père est le Père, le Fils est le Fils, le Saint-Esprit est le Saint-Esprit, trois personnes dans l'unité de la divinité, indivisiblement dans toute leur puissance. Comment ? Trois vertus sont dans la pierre, trois dans la flamme et trois dans le verbe (…). Ainsi le Père, le Fils et le St-Esprit ne sont pas séparés l'un de l'autre ; mais ils accomplissent leur œuvre dans un parfait accord. »
Ces métaphores médiévales paraissent déconcertantes à un esprit moderne : il est question de la « force humide de la pierre », de « l’ardeur ignée de la flamme ». La connaissance, au Moyen Age, est fortement inspirée par la théorie de humeurs de l’Antiquité qui cherchait un équilibre, dans le corps humain, entre le froid et le chaud, l’humide et le sec.  

« C'est pourquoi comme ces trois choses sont dans un seul verbe, ainsi également la suprême Trinité est dans la suprême unité. Et, de même que dans la pierre, la vertu humide n'est, ni n'agit, sans la palpabilité saisissable et sans la vertu ignée ; ni la vertu palpable sans la vertu humide et la vigueur ignée du feu brillant ; ni la force du feu brillant sans la force humide et la force palpable ; et de même que, dans la flamme, la splendide clarté n'est, ni n'agit, sans la vigueur inhérente et l'ardeur ignée, ni l'ardeur ignée sans la splendide clarté et la vigueur inhérente ; et, de même que dans le verbe le son n'est, ni n'agit sans la vertu et le souffle, ni la vertu sans le son et le souffle, ni le souffle sans le son et la vertu, mais ils sont indivisiblement unis dans leur œuvre : ainsi également, les trois personnes de la suprême Trinité résident sans être divisées, inséparablement, dans la majesté de la divinité (…). »

Chaque jour, à l’office, Hildegard récitait le symbole d’Athanase (IVe siècle), résumé par cet écusson de la Trinité.                                                     
« Le Père n'est pas sans le Fils, ni le Fils sans le Père, ni le Père ni le Fils sans le Saint-Esprit, ni le St-Esprit sans eux, parce que ces trois personnes sont inséparables dans l'unité de la divinité : Comme le verbe résonne de la bouche de l'homme, mais non la bouche sans la parole, ni la parole sans la vie. Et où demeure le Verbe ? Dans l'homme. D'où sort-il ? De l'homme. Comment ? Pendant la vie de l'homme.

Ainsi est le Fils dans le Père, que le Père a envoyé sur la terre, pour le salut des hommes qui sont plongés dans les ténèbres ; et ce fils a été conçu dans une Vierge, par le Saint-Esprit. C'est pourquoi, ô homme, comprends, dans ces trois personnes, ton Dieu qui t'a créé dans la force de sa divinité, et qui t'a racheté de la perdition. N'oublie donc pas ton Créateur (…).
Que celui qui regarde avec des yeux vigilants, et qui entend avec des oreilles attentives, embrasse du fond du cœur ces paroles mystiques, qui émanent de Moi qui suis la Vie
. »

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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