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LES ANIMAUX DANS LE LIVRE DES SUBTILITÉS D'HILDEGARDE DE BINGEN

Publié le : 29 Octobre 2020
Voici la quatorzième parution de la série consacrée aux œuvres naturalistes et médicales d’Hildegarde de Bingen (1098-1179), qui font suite aux précédentes publications de Narthex sur sa trilogie mystique. Extraordinaire figure du XIIe siècle, abbesse bénédictine et musicienne, Sainte Hildegarde a eu de remarquables intuitions médicinales, étayées par ses observations de la nature. Dans le livre VII des Subtilités des créatures, elle propose une description inédite des animaux terrestres à travers leur tempérament et leur modus vivendi.

La Préface du Livre VII oppose les oiseaux qui se trouvent dans l’air, « volatilia quae in aere versantur », aux animaux qui parcourent la terre et y habitent, « animalia quae in terra discurrunt et in terra habitant ». Une source majeure des livres zoologiques de la Physica, du Livre VII, de animalibus est le Physiologus, compilation alexandrine du IIe siècle, traduite en latin au Ve siècle. Cependant Hildegarde de Bingen remplace la structure binaire (description-moralisation) des chapitres du Physiologus par un nouveau diptyque (énoncé de chaque nature animale / exposé sur ses emplois possibles, surtout médicaux). L’orientation est pratique, médicale plutôt qu'allégorique. Dans ses 45 notices, Hildegarde décrit la subtilité de l’animal en rapport avec son tempérament et sa manière de vivre, de se reproduire, et de se nourrir.

Adam nomme les animaux (détail), Aberdeen Bestiary, XIIe siècle, folio 005r, Ecosse

1/ Bêtes exotiques ou sauvages (I-VI)

I. Éléphant II. Chameau III. Lion IV. Ours

Peinture murale d’un éléphant, église romane de Gourdon, XIIe siècle (71)

V. De unicorni, Licorne : Il était une fois un philosophe qui avait étudié les natures des animaux ; il n'avait jamais pu capturer cet animal et s'en étonnait beaucoup ; un jour, il partit chasser, comme il en avait l'habitude, accompagné d'hommes, de femmes et de jeunes filles. Or les jeunes filles s'écartèrent des autres et se mirent à jouer au milieu des fleurs. Une licorne, voyant les jeunes filles, ralentit ses gambades, s'approcha peu à peu, s'assit à distance sur ses pattes de derrière et les contempla attentivement. Le philosophe, voyant cela, réfléchit sérieusement et comprit qu'il pourrait capturer la licorne grâce aux jeunes filles : s'approchant par derrière, il prit l'animal grâce aux jeunes filles. En effet, la licorne, voyant de loin une jeune fille, s'étonne de ce qu'elle n'a pas de barbe et a pourtant l'allure d'un homme. S'il y a deux ou trois jeunes filles ensemble, la licorne est encore plus étonnée et se laisse prendre encore plus vite, lorsqu'elle fixe ses yeux sur elles. Les jeunes filles grâce auxquelles la licorne est capturée doivent être nobles, et non des paysannes ; ni tout à fait adultes ni tout à fait enfants, mais en pleine adolescence : c'est celles-là qu'elle aime, car elle sait qu'elles sont douces et agréables. Régulièrement, une fois par an, la licorne se rend vers la terre qui contient le suc du paradis, et elle y cherche les meilleures herbes, les foule du pied et les mange ; elle en tire beaucoup de force, et c'est pour cela qu'elle fuit les autres animaux.

Tenture de la Dame à la licorne, La Vue, vers 1500, Musée de Cluny, Paris

Hildegarde de Bingen évoque un philosophe, l’auteur anonyme du Physiologus, naturaliste, qui énumère une quarantaine d'espèces animales, dont la licorne, ainsi que le récit de sa capture par l'intermédiaire d'une vierge immaculée. Cette œuvre a influencé la Physica. Cependant Hildegarde présente peu d’animaux fabuleux.

VI. Tiger VII. Panthère

2/ Espèces domestiques (VIII-XXVI)

VIII. Cheval IX. Âne

X. Deer, Cerf : Le cerf a en lui une chaleur soudaine, mais il se refroidit peu ; il est chaud et tranquille et se nourrit d’herbes pures. Sa chair est bonne à manger… Quand il sent que ses bois ne poussent plus, il comprend alors qu’il commence à se dessécher et à perdre son agilité. Il va alors dans une rivière et respire les vapeurs qui s’en élèvent. Sorti de l’eau, il broute sur les berges des herbes qui lui conviennent… il retourne à la source d’eau vive et boit pour se purger doucement des pourritures qui resteraient en lui. Puis il mange à nouveau des herbes… Si on mange les chairs du cerf, chaudes, mais non brûlantes, on purge et on allège son estomac. Hildegarde évoque de nombreuses fois l’usage de la graisse de cerf pour la confection de remèdes, et le bois de cerf comme condiment.

Barthélémy l’Anglais, Livre des propriétés des choses, XIVe – XVe siècle, Bnf

XI. Chevreuil XII. Bouquetin XIII. Bison

XIV. Ox (Vache, Taureau, Bovin) (Bos) [Bos Taurus] : Le lait de vache et d'autres animaux, comme les moutons et les chèvres, est plus sain en hiver qu'en été. Pour ceux qui boivent du lait en été et qui ne sont pas en bonne santé, cela leur fait un peu mal. Si vous êtes faible et malade, prenez une petite quantité. Le beurre extrait du lait a une chaleur douce. La vache est meilleure que le mouton ou la chèvre. Si votre corps est sec, vous devez manger du beurre, cela guérit vos entrailles et vous réconforte. Pour ceux qui sont en bonne santé et pas trop épais, le beurre est bon à manger. Si vous êtes gros, mangez-le modérément pour ne pas prendre plus de poids. Les fromages au beurre, au lait et au lait de vache peuvent être consommés en quantité modérée par les hommes malades et en bonne santé, par les hommes froids et chauds. Le fromage peut être fabriqué avec n'importe quel lait et a des caractéristiques différentes selon la nature de l'animal (…)

XV. Mouton XVI. Chèvre mâle XVII. Cochon XVIII. Lièvre XIX. Loup

XX. Chien (Canis) [Canis familiaris: Le chien est très chaud et a quelque chose de commun et de naturel en soi avec les coutumes des humains. Il réalise et comprend l'être humain, l'aime, vit volontiers avec lui et est fidèle. Le diable déteste le chien pour sa loyauté envers les humains. Le chien reconnaît la haine, la colère et la perfidie et aboie souvent après vous (…). S'il y a un cambrioleur dans la maison ou quelqu'un qui veut voler, il grogne et le menace, et se dirige vers lui différemment des autres. Il vous poursuivra en traquant son parfum avec son nez et en vous traquant. De cette façon, le voleur peut être reconnu. Le chien a parfois le pressentiment d'événements heureux ou tristes dans le futur ou déjà dans le présent. Conformément à son intuition, il grogne, les révélant. Quand les événements futurs sont bons, il est heureux et remue la queue, quand ils sont tristes, il est triste et gronde (…)

XXI. Renard XXII. Castor XXIII. Loutre XXIV. Singe XXV. Macaque

XXVI. Chat : Le chat est plus froid que chaud ; il attire en lui les humeurs mauvaises et n'a pas horreur des esprits aériens, pas plus que ceux-ci ne l'ont en horreur. Il a également une sorte de parenté naturelle avec le crapaud et le serpent. Au plus fort des mois d’été, quand la chaleur est la plus élevée, le chat demeure sec et froid : alors il a soif, si bien qu'il lèche le sol et les serpents […]. Le suc qu'il en tire forme en lui une sorte de poison, si bien que son cerveau et sa chair sont vénéneux. Il ne se plaît pas en compagnie de l'homme, sauf de celui qui le nourrit (…)

XXVII. Lynx

XXVIII. Blaireau : Le blaireau est chaud, il a des mœurs tranquilles, cependant il est un peu méchant, mais non mauvais ; il détient en lui des forces très puissantes, mais il ne fait pas grand cas de cette valeur qu’il a en lui, si ce n’est que, parfois, il la montre brusquement et s’arrête aussitôt : en effet, s’il la montrait sans arrêt, on pourrait la comparer aux forces du lion. Mais il n’a pas envie de montrer ses forces, si ce n’est que, de temps en temps, il les montre, dans la joie et l’exultation… Il a une grande puissance dans sa fourrure. Fais-en une ceinture, porte celle-ci à-même la peau nue et toute maladie disparaîtra en toi.
XXIX. Putois XXX. Hérisson

3/ Animaux à fourrure (XXXI à XXXVIII)

XXXI. Écureuil XXXII. Marmotte

XXXIII. Martha Martre [Mustela mardi] : La martre sauvage est chaude et a des habitudes douces. Beaucoup d'entre eux vivent ensemble. La martre a une mauvaise sueur sur sa viande qui rend sa viande nocive à manger. Cependant, cette sueur reste sur la viande et ne passe pas sur la peau, la peau est donc bonne et adaptée aux vêtements (…)

XXXIV. Vison XXXV. Marta Cibelina XXXVI. Hermine XXXVII. Mole XXXVIII. Belette XXXIX. Souris XL. Loir XLI. Musaraigne XLII. Puces XLIII. Fourmi XLIV. Orignal
XLV. Dromadaire

Martine Petrini-Poli

Adoration des Mages, bas-relief d’un sarcophage paléochrétien, IVe siècle, Musée du Vatican, Rome
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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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