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Grégoire de Narek (951-1003), moine, poète et docteur de l’Eglise

Publié le : 5 Novembre 2015
L’année 2015 a été marquée par la commémoration du centenaire du génocide arménien et par l’hommage rendu aux victimes. A cette occasion, le pape François a célébré une messe et proclamé Saint-Grégoire de Narek, docteur de l’Eglise. La spiritualité de ce moine arménien a fortement marqué le christianisme oriental, et sa reconnaissance s’étend désormais à l’Église universelle.

Mémorial du Génocide arménien de 1915, à Erevan, capitale de l’Arménie

Lors du rite de proclamation du doctorat, le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, a évoqué  « la profondeur des idées théologiques de notre saint, la nouveauté de sa pensée et la vigueur de son verbe poétique (qui) furent toujours appréciées aussi bien au niveau populaire que de la part des hommes de culture. » « Son œuvre a pénétré petit à petit tous les domaines de la vie religieuse et de la culture arménienne : la poésie, la miniature, la musique, l’hagiographie, la liturgie et le folklore. »

Nous allons donc découvrir la vie et l’œuvre littéraire de Grégoire de Narek et nous transporter, tout d’abord, dans « l’Arménie historique » de l’époque médiévale. Aujourd’hui, l’Arménie est une République, issue de l’empire soviétique, qui s’étend sur 30.000 km2, entourée par la Turquie, la Géorgie, l’Azerbaïdjan et l’Iran. Elle fut pourtant une des plus importantes civilisations du Proche-Orient, déployée sur un territoire dix fois plus grand, que les Arméniens nomment « l’Arménie historique ».

L’Arménie est le pays qui a été le plus anciennement christianisé, dès l’an 301. Grégoire de Narek, qui naquit vers 951, est le fils de Kosrow le Grand, auteur ecclésiastique qui devint évêque après son veuvage. Grégoire entra jeune avec ses frères au couvent de Narek, au sud du lac de Van, dont son grand-oncle Ananie était le supérieur. Il devint moine, accéda à la prêtrise et vécut dans la prière et l’étude biblique et patristique, composant des ouvrages religieux jusqu’à sa mort vers 1003. Il enseigna au couvent proche d’Aght’amar, sur un ilot du Lac de Van, dans l’actuelle Turquie. Le monastère de Narek a été détruit pendant le génocide, ainsi que le mausolée du saint.

Monastère Sainte-Croix d’Aght’amar, sur une île du Lac de Van

Portrait de Grégoire de Narek, dans un exemplaire du Livre des Lamentations, daté de 1173, conservé au Matenadaran d’Erevan, en Arménie

Son œuvre complète a été éditée à Venise en 1840 par les Pères Méchitaristes. Il composa vingt Hymnes pour les fêtes liturgiques, un Commentaire sur le Cantique des Cantiques, une Histoire de la Croix d’Aparanq, trois Discours en forme de litanies, des Odes à la Vierge, des Panégyriques. Son œuvre maîtresse, véritable testament spirituel, est le Livre des Prières ou des Lamentations, un recueil de 95 élégies sacrées, qui portent toutes le même titre : Du fond du cœur, Colloque avec Dieu, et qui a été rédigé en 1002. Un Colloque international en 2002 a porté sur le millénaire de cet ouvrage. Jean-Pierre et Annie Mahé en ont assuré la traduction en 2000 (édition Peeters). Grégoire de Narek nous fait part de ses sources d’inspiration et des circonstances de composition du Livre des Lamentations :

« Je suis un livre vivant où sont accumulés, dedans comme dehors, lamentations, cris, gémissements, comme le livre dont Ézéchiel eut la vision... » « C'est donc trois ans plus tard, après l'écrasement total des ennemis de notre Église, que j'entrepris de composer ce livre, à la faveur d'une paix provisoire... » « Je l'ai fondé, construit, meublé, poli, ornementé, conclu, parachevé en une œuvre bellement homogène, j'ai rassemblé tous mes écrits, moi, Grégoire, moine cloîtré, poète dérisoire, savant de peu de poids, avec l'appui de mon saint frère Jean, moine lui-même du très honorable et très glorieux Monastère de Narek... »

Le projet de Grégoire de Narek, dans ce poème, est de restaurer l’homme dans sa « beauté première » avant le péché originel :

« Tu me rends ma beauté première,
Ami des hommes, Sauveur béni, loué, exalté !
Refuge solide, abri sûr,
bonté qui exclus toute méchanceté,
Toi qui pardonnes le péché
et qui guéris toute blessure,
Toi qui peux réaliser l'impossible
et qui atteins l'inaccessible,
O Route de vie,
Toi qui es le premier guide
dans la voie de l'Amour,
Toi qui me conduis avec douceur
dans ma marche vers la Lumière,
Toi qui me donnes confiance
et ne m'abandonnes pas dans mes chutes,
Clarté sans ombre,
Toi qui m'enveloppes et me couvres
dans ma misère,
Toi qui m'illumines
des rayons de ta grandeur infinie,
Toi qui me rends glorieux
à nouveau dans ta Lumière,
Toi qui me renouvelles
et me rends ma beauté première,
donne-nous d'avoir part à ta Joie infinie,
recréés dans une pureté nouvelle
pour reproduire ton Image inaltérable. »

Martine Petrini-Poli

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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