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Dix millions de chrétiens en Inde partagent l’héritage syriaque

Jacob Thekeparampil dirige à Kottayam, dans l’état du Kerala au sud de l’Inde, l’Institut de Recherche œcuménique Saint Ephrem (SEERI), un centre d’étude syriaque. En plus de 30 ans, le centre est devenu un acteur majeur de la gestion du patrimoine syriaque en Inde.
Publié le 25 novembre 2016
Écrit par Oeuvre d’Orient

« Le patrimoine syriaque donne une identité culturelle au peuple », souligne le Père Jacob Thekeparampil, de l’Eglise catholique syro-malankare. Sa passion pour le patrimoine ne date pas d’hier.

De 1971 à 1977, il étudie à Paris, obtient une maitrise puis un doctorat de théologie. Sur conseils de ses enseignants, il décide de retourner en Inde pour créer l’Institut de Recherche œcuménique Saint Ephrem (SEERI). C’est ainsi que le centre voit le jour en septembre 1985 à Kottayam (État du Kerala). Il est aujourd’hui devenu l’élément structurant des études syriaques dans la région. « L’Institut de Recherche œcuménique Saint Ephrem a été mis en place pour réaliser des recherches en liturgie, en théologie, en patristique et sur l’histoire de l’Église syriaque », explique-t-il. « Il fallait étudier le syriaque car le Concile du Vatican II a précisé aux églises de retourner aux « sources ». C’était le devoir de toutes les églises catholiques. »

Complexe SEERI

Chapelle SEERi

À ce moment, la création d’un Institut de Recherche œcuménique répond à un besoin car en Inde, l’église syriaque compte sept Eglises syro-malankare/malabare et 10 millions de fidèles. De par sa tradition et son histoire, cette Eglise est l’héritière de la chrétienté indienne. « Nous avons hérité de cette foi chrétienne apportée par Saint Thomas dont la langue est l’araméen et aussi des évêques qui venaient d’Edesse (sud-est de la Turquie) ou de Bassora et Bagdad (Irak). »

Unique institution en Inde

L’Institut de Recherche œcuménique Saint Ephrem a su donner un essor particulier dans le pays grâce à la mise en place d’un centre d’enseignement dédié à la langue et la littérature syriaque. « Nous offrons trois diplômes universitaires : un certificat, un master et un doctorat. » Le centre admet une vingtaine d’étudiants environ chaque année. De 1985 à aujourd’hui, plus de 1500 étudiants ont fréquenté le centre. Des débouchés au sortir du centre sont multiples : prêtres dans les paroisses, enseignants de langue syriaque à l’Université ou restaurateurs de manuscrits.

Par ailleurs, « Notre institut est le seul à avoir une bibliothèque complète sur l’héritage syriaque : manuscrits et livres imprimés », précise le Père. Un héritage que le centre s’attache à valoriser. Il compte aujourd’hui 1000 manuscrits dont un fonds de 50 manuscrits syriaques-catholiques et 200 manuscrits syriaques-orthodoxes.

Bibliothèque Seeri

La préservation des manuscrits reste cependant un problème de taille. « Le climat indien n’est pas favorable à la conservation de nos manuscrits. Sept d’entre eux sont très endommagés, il faut les restaurer. » Humidité, moisissures, insectes endommagent les collections. Le Père Jacob Thekeparampil entend lancer dans les prochains mois – avec le soutien de L’Œuvre d’Orient – un projet de restauration avec Alain Desreumaux, directeur de recherche au CNRS et président de la Société d’études syriaques en France. Son objectif : faire venir une équipe de spécialistes français pour former des Indiens à la préservation des manuscrits. Là, est tout l’enjeu patrimonial. « Ces manuscrits sont le trésor de l’Église », conclut-il.

Manuscript syriaque SEERI, 41.Colophon, Dayro d-MAR ZACHAI GARGAR, Turkey

Interview de Jacob Thekerparampil par Elise Delanoë pour l’Oeuvre d’Orient.

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