Kasimir MALEVITCH, Croix [noire] 1915, huile sur toile © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais – Philippe Migeat
Couleur du paradoxe, le noir est-il une absence de lumière, un vide, une somme réjouissante de toutes les couleurs, un éblouissement ? D’emblée, l’exposition immerge le visiteur dans une expérience du noir familière grâce à une salle consacrée à l’un des phénomènes naturels du noir ayant le plus largement retenu l’attention des artistes : la nuit. Quand la nuit tombe, sublime, se lève une terrible beauté (Vernet, Deperthes), un monde sans limite paraît (Fontana).
Archétypal et physiologique, le noir forme un élément structurant mais ambigu de la représentation du sacré, à la fois couleur de tous les commencements, de l’infini, de l’intemporel mais aussi celle de la mort et de l’ignorance.
Considéré comme couleur de la salissure et du péché par les sociétés occidentales, le noir va être associé à l’idée de pénitence et d’humilité jusque dans les habits et costumes. À partir du 16e siècle, le noir s’impose également dans la mode aristocratique dans toute l’Europe. Le 19e siècle va confirmer son statut de l’élégance qui touche alors d’autres classes sociales (Carolus-Duran, Agache, Manet). Au 20e siècle, ce sont les plus grands créateurs de la haute couture qui vont à leur tour investir le noir.
À l’ère de la révolution industrielle, les sociétés occidentales connaissent des mutations sans précédent. Récolté dans les entrailles de la terre, le charbon en est l’un des symboles noirs : il marque les visages des « gueules noires » et façonne l’imaginaire collectif au point que les artistes convoquent, citent ou prélèvent le noir industriel dans des formes renouvelées d’oeuvres d’art (Kounellis, Arman, César, Venet).
Au 20e siècle, le noir devient une substance de la modernité, un vecteur de scission, de rupture. Il semble s’affranchir de sa dialectique originelle au point de devenir une substance esthétique réinventée, comme en témoignent la création de nouvelles techniques, de nouveaux pigments, d’outrenoirs (Reinhardt, Malévitch, Soulages).
Ce sujet universel permet de rendre palpable l’histoire des idées, des sciences, comme celle des formes au sein d’une exposition expérientielle et pédagogique. Inspirée du terril plat sur lequel repose le Louvre-Lens, l’exposition rend aussi hommage au passé minier dont les images sont dominées par le charbon et ses traces aux infinies nuances.
Informations pratiques
Exposition « Soleils noirs – De l’Egypte à Soulages, l’épopée de la couleur noire » au Musée du Louvre-Lens, 99 rue Paul Bert – 62300 Lens
Jusqu’au 25 janvier 2021
HORAIRES
Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h (dernier accès et fermeture des caisses à 17h15).
Le parc est ouvert tous les jours de 7h à 19h.
CONDITIONS D’ACCES SANITAIRE
Pour le bien-être de tous, le musée du Louvre-Lens invite à privilégier une visite seul ou en groupe de 5 personnes maximum et à conserver ses distances avec les autres visiteurs.
TARIFS
Expositions temporaires : Gratuit jusqu’au 30 juin, sans retrait de billet d’accès ni réservation préalable.
Galerie du temps et Pavillon de verre : Entrée libre et gratuite
Contacts : 03 21 18 62 62 info@louvrelens.fr / Site internet du Louvre-Lens