Dans cette église du XIIe siècle remaniée et modernisée après la Seconde Guerre mondiale, on installa un nouveau Chemin de Croix au début des années 1960. Xavier de Langlais réalisa, en collaboration avec le céramiste rennais Jacques Marie, quatorze stations en carreaux de céramique peints. La réalisation dans les tons de noir et de blanc confère au Chemin de Croix un caractère graphique inédit. Le cadrage rapproché ainsi que l'installation des stations à hauteur d'homme nous plongent dans un vis-à-vis intime avec le Christ, comme une invitation à partage sa souffrance tout au long du chemin de sa Passion.
Bon chemin vers Pâques et belle fête de la Résurrection dimanche !
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La photographie anesthésie les consciences
La photographie dont la fidélité au réel, que certains qualifièrent de « diabolique », faisait son apparition officielle en 1839 et commençait alors à envahir le monde. Pour Susan Sontag, cette prédominance des images n’a cessé de progresser dans notre société contemporaine et la photographie est devenue un instrument d’aliénation. Elle écrit « les sociétés industrielles changent leurs citoyens en junkies de l’image : c’est la forme de pollution mentale la plus irrésistible ». Elle ajoute que photographier ceux qui nous entourent, avec ou sans leur consentement, est une forme de prédation de la personne. On ne peut s’empêcher d’évoquer Honoré de Balzac qui, à la manière des anciens, pensait qu’un portrait, ici photographique, lui enlèverait une couche de son âme.
Poursuivant sa réflexion, Susan Sontag explique que les photographies qui représentent des drames ou des conflits ne vont certainement pas éveiller les consciences. Si une photographie nous touche c’est que notre « conscience politique préexiste à la possibilité d’être touchée émotionnellement par une photographie », si on adhère à l’image d’un drame c’est que nous en avions une connaissance préalable. Plus encore, la multiplication des photos de guerre finit par nous rendre « l’horreur ordinaire ». Si elles peinent à éveiller les consciences, c’est qu’en fait ces photographies tellement nombreuses finissent par nous anesthésier et que « le choc peut devenir familier ». Elle démontre également qu’une grande part de notre connaissance se fait par l’intermédiaire de photographies et que ces photographies finissent par remplacer la réalité. Les images nous permettent de rester « confortablement installés dans notre salon », où nous pouvons les regarder en toute proximité sans prendre aucune responsabilité.
Rien n’entre mieux dans nos esprits qu’une photographie
Presque trente années plus tard Susan Sontag va revenir sur ses affirmations5 et déclarer que cette accoutumance qu’elle dénonçait auparavant n’est pas si automatique. Elle prend comme exemple, non sans malice, l’iconographie de Jésus sur la croix pour expliquer que les représentations de la crucifixion ne deviennent jamais banales pour les croyants. « Ceux-ci n’entrent jamais dans une église en se faisant la remarque : ah ! Encore cette terrible image, je commence à en avoir assez ». En fait elle reconnait que l’effroi ne peut épuiser l’émotion. Que s’est-il donc passé ? Entre temps, Susan Sontag a été témoin de trois guerres où elle a « connu les tranchées et vécu sous le feu ». Ce contact direct et prolongé avec la réalité lui a donné le sentiment que « l’accoutumance n’est pas automatique en matière d’images. » Une part des photographies, en particulier celles des atrocités, comportent une fonction de témoignage que la mémoire ne peut pas toujours effacer. Ces photographies installent ce qu’elle nomme des racines référentielles qui nous aident à concevoir ou modifier notre vision. Ce qu’on appelle souvent « travail de mémoire »peut ainsi passer par ces attestations visuelles. « Je suis d’avis qu’il faut laisser ces images nous hanter, même si ce ne sont que des images, des symboles, des parcelles importantes d’une réalité qu’elles ne sauraient toute embrasser ». Certaines images nous hantent dit-elle mais en ajoutant que des photographies isolées ne peuvent nous faire comprendre les enjeux ou la gravité d’une situation : des photographies sans légende, sans commentaire ne sont qu’un reflet superficiel d’une réalité qu’il est parfaitement inutile d’interpréter quand on n’en connait pas le contexte. Elle nous met en garde : « une photographie brute n’existe pas et ne parle pas d’elle-même » car le contexte qui l’encadre peut en changer le sens, troubler notre perception et le regard seul ne peut pas tout comprendre.
De nombreux photographes se sont engagés et s’engagent toujours pour rapporter, parfois au péril de leur vie, des images qui témoignent de ce qu’ils ont vu et tenter de transformer le monde. Lewis Hine, sociologue, commença dès 1904, à dénoncer le travail des enfants avec des photographies qui aidèrent considérablement à la transformation de leur condition sociale.6 La Farm Security Administration (FSA) 1937, chargé d'aider les fermiers les plus pauvres touchés par la Grande Dépression, organisa une série de reportages photographiques pour mieux promouvoir ses réformes auprès du grand public et du Congrès.7
L’Agence photographique Noor, créée en 2007 et dont le nom signifie « lumière » en arabe, rassemble 14 photographes de 11 nationalités différentes, primés et reconnus. Il s’agit pour eux, comme l’explique Héloïse Conésa8 de largement dépasser l’impératif du constat pour manifester leur engagement photographique à l’égard du monde qui les entoure. En effet, si les photographes de Noor témoignent des évolutions de notre société, ce n’est pas simplement pour voir ou de donner à voir, mais d’appeler à un échange de regards avec ceux qui souffrent, résistent, se battent et se livrent face à leur objectif. Cette agence, dans sa déontologie, cherche aussi à « amener la lumière sur des lieux ou des populations oubliés dont les médias s’étaient peu à peu détournés. » On retrouve cette même volonté d’orienter le regard vers les plus démunis, « les plus petits d’entre nous», avec La Galerie Fait et Cause9. Ce lieu d’exposition s’est donné pour mission de favoriser la prise de conscience des problèmes sociaux et environnementaux et pour cela le médium qui se prête le mieux à la dénonciation des injustices et des inégalités, c’est la photographie.
Peu après le concile de Hiera, en 787, un concile œcuménique à Nicée, condamne l'iconoclasme et valide le culte des images. Plus tard, la Contre-réforme, avec le Décret sur les saintes images10 réaffirme, tout en tenant compte des abus commis au sein du christianisme à l’égard des images sacrées, l’importance de l’œuvre d’art pour la glorification de Dieu tout en s’interrogeant sur d’éventuelles normes de représentation et sur la marge de liberté des peintres. Au XIXème siècle apparaissent les premiers catéchismes en image, « voir, savoir croire », ils seront suivis par les projections lumineuses de la Maison de la Bonne Presse. Ainsi, dans un constat honnête et sincère, Susan Sontag revient à son tour sur ses affirmations passées pour rejoindre la longue histoire de la représentation et de la figuration face au culte des images. De nos jours, ces images se multiplient, les nouvelles technologies de production s’emballent au risque d’oublier la parole. Dans l’Évangile, Jésus dit à Thomas : « Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru ». Une phrase qui ne condamne ni la vue, ni le sensible, il en est si souvent question dans les textes, mais qui, à notre époque, peut aussi donner à réfléchir en rappelant qu’une photographie n’explique pas tout et ne doit pas seulement toucher la vue mais aussi la conscience.
— Françoise Paviot
Titulaire d’un DEA de lettres, enseignante à l’IESA, précédemment rédacteur en chef de la revue Interphotothèque Actualités puis du journal interne du Centre Georges Pompidou, auteur de nombreuses publications sur la photographie ancienne et contemporaine, co-directrice de la Galerie Françoise Paviot spécialisée dans la photographie (Paris).
(1) Susann Sontag, Sur la photographie, https://bourgoisediteur.fr/catalogue/sur-la-photographie/
(2) « Alors que rien d’autre ne doit être adoré que Dieu seul, autre chose est d’adorer un homme en fonction d’une attitude de charité et de courtoisie, et autre chose d’adorer des images faites de main d’homme » Les livres Carolins (vers 792). Cité par Jérôme Cottin in https://www.protestantismeetimages.com/I-Entre-archaisme-et-modernite.html
(3) Jérôme Cottin, De la Réforme à la réforme des images, https://www.cairn.info/revue-etudes-2017-1-page-85.html
(4) https://www.cnap.fr/bamiyan-la-falaise-et-la-grotte-de-pascal-convert
Georges Didi Huberman : Ritournelle de Bâmiyân http://www.pascalconvert.fr/temps/ritournelle.html
(5) Susan Sontag, Devant la douleur des autres, https://bourgoisediteur.fr/catalogue/devant-la-douleur-des-autres/
(6) https://www.cairn.info/revue-la-cause-du-desir-2018-2-page-211.htm
(7) https://www.persee.fr/doc/rfea_0397-7870_1989_num_39_1_1350
(8) « Ce monde qui nous regarde : 15 ans de l’Agence Noor » Commissariat d’Héloïse Conesa https://www.bnf.fr/fr/agenda/ce-monde-qui-nous-regarde-15-ans-de-lagence-noor
(9) https://sophot.org/
(10) Jean-Louis Vieillard-Baron, Le statut de l'image dans l'iconographie chrétienne après le concile de Trente, in Nouvelle revue d’esthétique2014/1 (n° 13), pages 121 à 131, https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-d-esthetique-2014-1-page-121.htm
La présente exposition rend hommage à trois donateurs ayant abondé le musée du Hiéron de leurs libéralités, pour présenter trois personnalités artistiques hors du commun : Jean Bertholle, Charles Sahuguet et Henri-Pierre Thibaudier. Leurs œuvres présentées ici, datant toutes des années 1970, se rejoignent dans une exploration du mystère de l'Incarnation. Chaque artiste a, à sa manière, tenté d'en révéler des clés au travers d'une recherche plastique ou textuelle. Chacune de leurs œuvres nous invite à la méditation.
Dans leurs univers très différents s'exprime une même interrogation sur la finitude de l'existence, qui débouche sur la percetption d'un après, d'un ailleurs. En peinture comme en photographie, la mort, comme si elle était enceinte de la vie, porte en elle les promesses de l'au-delà.
Informations pratiques
Musée du Hiéron
13 rue de la Paix, Paray-le-Monial
Du mercredi au dimanche de 10h à 12h30 puis de 14h à 18h.
Entrée gratuite pour les individuels
www.musee-hieron.fr
source : dossier de presse de l'exposition
]]>C'est sur le mur du fond, en face de l'autel, que nous découvrons ce Chemin de Croix si particulier. Traversés par les rayons dardant le côté sud de l'église, les quatorze vitraux de Pierre du Vorsent réchauffent la nef de leurs couleurs vives et viennent illuminer le chemin de douleur du Christ. Nichés dans l'épaisseur de la façade, les vitraux sont tous de forme et de taille différentes. L'artiste a utilisé la technique moderne de la dalle de verre teintée dans la masse, telle une mosaïque translucide.
Autre particularité : les paroissiens ont eux-mêmes choisis les versets qui accompagnent les intitulés des stations, conférant à ce Chemin de Croix un caractère authentique et habité.
Bon chemin vers Pâques !
Pour en savoir plus sur la technique de fabrication de vitraux avec de la dalle de verre :
https://www.vitraux-gabriel-loire-kervignac.fr/le-vitrail-verre-mince-ou-dalle-de-verre/
https://anabf.org/pierredangle/dossiers/le-verre-et-la-lumiere/les-vitraux-en-dalle-de-verre
La phase de recherche a été longue et intense, d'où une grande quantité de dessins produits pendant plusieurs mois, mais aussi quantité de détruits. On pourrait plaquer les mots de Matisse alors qu'il travaillait à la Chapelle du Rosaire de Vence pour expliciter l'état d'esprit de Vincent Gicquel, sa quête et l'importance des dessins comme terrain d'exploration : « Ces choses-là, il faut les savoir tellement par cœur qu'on puisse les dessiner les yeux fermés », ou encore, « Je n'ai pas cherché la beauté, j'ai cherché la vérité. » Les quatorze exemplaires qui ont été retenus pour cette exposition livrent des étapes préparatoires des œuvres de l'église de Trévérien et mesurent tous la même taille – sauf 2 plus petits. Certains sont proches de l'œuvre achevée, d'autres sont au plus proche des premières esquisses. Mais tous retracent le déroulé du récit traditionnel : de la condamnation à mort de Jésus à la mise au tombeau, en passant par le portement de la croix sous le poids de laquelle il tombe à plusieurs reprises, la rencontre avec sa mère ou avec sainte Véronique qui lui essuie le visage, la crucifixion ou la descente de croix. La multitude de dessins produits par l'artiste témoigne de la difficulté à aborder un tel sujet. « Au bout d'un moment, c'était tellement complexe face au poids de l'histoire de l'art que j'aurais pu abandonner. Comment pouvais-je faire quelque chose de singulier et de fort après Caravage, Matisse et tous ceux qui ont fait des Chemins de croix dans toutes les églises catholiques ? »
Il a fallu trouver le ton juste. Face à la responsabilité d'aborder un sujet qui touche à des convictions intimes et religieuses, il n'avait d'autre choix que de s'éloigner du caractère outrancier de ses personnages pour intégrer un certain classicisme. « Je ne pouvais pas faire autrement. Si je veux dire ''je t'aime'', je ne vais pas te dire ''lampe bleue'' ou ''velours'', je vais dire la même phrase depuis Roméo et Juliette car on ne peut pas dire les choses autrement lorsqu'elles sont importantes. » On voit défiler les fantômes des maîtres de l'histoire de l'art dans le trait, dans un visage ou une attitude. Si à la station 13, lorsque Jésus est détaché de la croix, on ne peut s'empêcher d'y déceler l'ombre de Rubens, c'est à un Peter Doig halluciné que l'on pense à la station 2, lorsque Jésus porte sa croix, ou à Simon Vouet et Delacroix lorsque Jésus est dépouillé de ses vêtements au tableau 10. La violence est en revanche indescriptible lors de la crucifixion, le tableau 11. Ce dessin relève de l'oxymore tant beauté et horreur se rejoignent. On découvre l'art de Vincent Gicquel sous un autre jour, tout en retrouvant sa palette, déclinant les lavis de bleus et de verts transparents. Un seul dessin est entièrement rouge, celui avec le voile de Véronique (tableau 11).
Fidèles et curieux doivent retrouver une certaine solennité et être touchés. « Ici, on ne peut pas croire à l'histoire si le trait n'est pas classique. » Et en effet, cette humanité qui prête à sourire habituellement sous le pinceau de Vincent Gicquel s'est faite ici plus grave. Elle est vraie, fragile, pleine d'humilité, de miséricorde et de souffrance. Elle se relève à chaque fois, portée par une pulsion de vie, par des convictions. On peut faire le parallèle avec le travail de l'artiste dans son atelier, mais aussi avec le parcours de vie de chacun. Il touche à l'universel et son propos va au-delà de toute religion, il pointe du doigt ce qui nous rend humain. « Mon propos est celui de l'espérance, de pouvoir s'aimer, de se comprendre malgré les malentendus. C'est là le vrai partage. »
— Remerciements à Françoise Paviot,
contributrice de Narthex pour le blog "Photographie"
En savoir plus : www.galerierx.com/fr/actualites/vincent-gicquel
Exposition en l'église Saint-Eustache (Paris), du 21 mars au 25 mai 2024, Chemin de croix, dessins préparatoires
]]>Tenebrae factae sunt
dum crucifixissent Jesum Judaei :
et circa horam nonam exclamavit Jesus voce magna :
Deus meus, ut quid me dereliquisti ?
Et inclinato capite emisit spiritum.Les ténèbres se firent
quand les Juifs crucifièrent Jésus :
et vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte :
Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Et inclinant la tête, il rendit l’esprit.
Un tel texte, qui plonge au cœur même de la foi chrétienne, a inspiré de nombreux compositeurs dont Tomas Luis da Vittoria (1548-1611), assez unique parmi tous les musiciens car son œuvre est uniquement religieuse : on ne connaît de lui aucune page de musique profane. Formé en Italie, entre autre par Palestrina lui-même, il vécut toute sa carrière en Espagne. Ce motet est bien représentatif de sa manière.
L’objectif du musicien est de nous donner ce texte à goûter dans toute sa densité, nous en nourrir comme il s’en est nourri lui-même. On décèle dans cette page l’influence palestrinienne dans sa nature polyphonique où les différentes voix se reprennent l’une à l’autre les thèmes au fur et à mesure du déroulement du texte. Mais la musique de Vittoria est profondément expressive : les sentiments du compositeur affleurent par des procédés très simples mais vraiment efficaces : le silence qui précède les paroles du Christ « Deus meus... » les enrichit d’une densité qu’aucune note n’aurait pu donner. Seul le silence s’impose.
Un autre procédé tout simple conduit l’appropriation de ce texte par l’auditeur : le seul mot qui est traité en vocalises (plusieurs notes sur une seule syllabe) est le mot « dereliquisti », là où nous nous sentons rejoints dans notre humanité. La longue tenue finale prolonge l’écoute intérieure dans le secret de chacun.
On sait que la foi profonde de Francis Poulenc (1899-1963) était une foi austère, non dénuée d’angoisse, venue de ses racines aveyronnaises. L’austérité espagnole de Vittoria ne pouvait que rencontrer sa nature profonde comme la peinture de ce pays. Il s’en est souvent expliqué dans ses écrits ou ses déclarations :
« J’ai sans cesse pensé à Vittoria pour lequel j’ai une admiration sans bornes » déclare-t-il à Claude Rostand dans un entretien radiodiffusé de 1954.
« Mantegna et Zurbaran correspondent à mon idéal religieux : l’un avec son réalisme mystique, l’autre avec sa pureté ascétique. » (Entretien de 1953 pour la radio suisse)
Le troisième des quatre motets pour un temps de pénitence date de 1938. Le traitement musical est essentiellement syllabique (une note par syllabe). C’est une musique qui ne se commente pas, elle s’écoute et s’impose à la sensibilité par des moyens expressifs aux aussi très simples : une dynamique fortement contrastée, des ponctuations à la charge émotionnelle dense, des phrases répétées qui créent un jeu d’équilibre musical d’une justesse absolue, un traitement rythmique des accents exemplaires. Poulenc ajoute, au moment de la mort du Christ ses mots : « Père, entre tes mains je remets mon esprit ».
— Emmanuel Bellanger
]]>La famille d'artistes Mauméjean, composée de maîtres-verriers et de mosaïstes de renommée internationale, a réalisée une grande partie de la décoration d'après-guerre de l'édifice religieux, dans un esprit Art Déco : vitraux, mosaïques des autels, fresques et bien sûr, le chemin de croix. La présence de la Croix prédomine tout au long des stations mais également sur l'émouvante fresque réalisée en souvenir des morts et blessés de la Seconde Guerre mondiale. On y découvre ces héros sacrifiés portant la croix du Christ, partageant la souffrance de Jésus au temps de sa Passion.
Le parcours, véritable pélerinage, est lui aussi singulier : partant du chœur, nous longeons le mur nord, froid et sombre, pour avancer vers la lumière de l'ouest, puis nous retournons vers le chœur par le côté sud, chaud et chatoyant, pour revenir vers la lumière de la résurrection, à l'est. C'est de Lui que nous sommes issus et c'est à Lui que nous revenons, image de notre pélerinage terrestre.
Bonne visite !
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Comme tous les vivants, nous sommes fragiles sur une planète que nous avons rendue fragile. Conscient de la vulnérabilité accrue de notre planète, de la nature, du vivant et des êtres humains en société, le Passage Sainte-Croix propose une large réflexion au sein d’une exposition immersive. Elle s’attache dans un premier temps à montrer la diversité des domaines traversés par la fragilité, et met en valeur, dans un deuxième temps, les différentes manières de l’assumer, d’y résister ou encore de la rendre féconde.
Des artistes présentent leurs visions de la fragilité à travers plusieurs oeuvres commandées ou achetées par le Passage Sainte-Croix spécifiquement pour cette exposition.
Le photographe et cinéaste Bastien Capela présente dans sa vidéo Fragilitae Vivi une vision très personnelle de la vulnérabilité des hommes, de la matière, de la nature... à travers des instants de vie, des images presque abstraites, sur un rythme lent et poétique. Cette oeuvre est un témoignage émouvant de la force qui réside dans notre vulnérabilité.
Les animaux endormis de l’artiste plasticienne Julie Oger, s’attardent sur la vulnérabilité du monde animal. En jouant de l’ambiguïté entre le sommeil et la mort, l’artiste questionne la nature même de l ’existence, la fragilité du vivant et sa finitude. Son mobile Orage en plexiglas et verre met l’accent sur la précarité des matières.
Les objets transformés de Justin Palermo prolongent le propos. Horloge usagée, lunettes brisées, feuilles d’arbres abimées, etc. L’artiste récupère des objets détériorés et les remanie au fil de son inspiration. Ces éléments du quotidien matérialisent la vulnérabilité.
Le peintre Julien Parsy, à travers des esquisses, symbolise l’incertitude, l’inconstance de l’ébauche et met en avant la notion d’invisible, par les éléments qu’il fait disparaitre en les recouvrant de peinture ou de fusain. La figure du Christ y est présentée au paroxysme de sa fragilité : la crucifixion.
Le vase kintsugi de Myriam Greff évoque la beauté de la fragilité. Cette méthode japonaise de réparation des céramiques brisées sublime les cassures et les fissures au moyen de laque saupoudrée de poudre d’or.
Enfin, l’artiste japonaise Makiko Furuichi, bien connue pour ces grandes aquarelles, a recouvert les plafonds de plusieurs salles du Passage Sainte-Croix de grandes fresques naturalistes colorées. Elle évoque ainsi les quatre saisons, la vulnérabilité et la beauté de la nature et présente ses yōkais, petits monstres japonais qui symbolisent les fragilités de l’Humain.
Le premier espace de l’exposition aborde la notion de fragilité dans un contexte scientifique et intellectuel. Des acteurs venus de domaines divers parlent de leur expérience de la fragilité et proposent des pistes de réflexion.
Une bibliothèque numérique est mise à la disposition du visiteur pour élargir le propos de l’exposition à l’aide de ressources multiples (articles de presse, extraits de conférences, chansons, cartographies, podcasts, etc.).
Les dernières salles de l’exposition mettent en valeur des engagements individuels ou collectifs qui témoignent de la possibilité de surmonter la fragilité, qu’elle se manifeste par le handicap, la précarité ou encore la migration. Six associations et entreprises sociales et solidaires manifestent dans leur engagement combien la fragilité peut être aussi une force.
L’exposition se termine sur les paroles d’enfants s’exprimant sur leur vision personnelle de la fragilité.
(source : dossier de presse de l'événement)
Passage Sainte-Croix
9 rue de la Bâclerie
44000 Nantes
Du mardi au samedi de 12h à 18h30
Visite gratuite
Samedi 27 avril à 15h30 : visite guidée par l'un des contributeurs de l'exposition.
Tarif : 3€ (réduit 1€), sans réservation - Durée : 1 heure - 15 personnes maximum
Scènographie et accessibilité
La scénographie de l’exposition Fragiles, dans un monde fragile a été réalisée par Raphaël Aubrun et le design graphique par Sebastian Carranza. Elle est accessible à tous grâce à des dispositifs spécifiques à destination des personnes en situation de handicap (Facile à lire et à comprendre, Langue des signes française, cartels en braille, sous-titrage des vidéos, impression en relief de plusieurs oeuvres et dispositif de déplacement au sein de l’exposition).
Une exposition temporaire en écho à l’exposition permanente
du 4 avril au 15 juin 2024
Une exposition temporaire, Échos, prolonge cette réflexion sur la fragilité en permettant aux artistes Bastien Capela, Julie Oger et Julien Parsy, dont les œuvres sont présentées dans l’exposition Fragiles, dans un monde fragile, de développer leurs visions de la fragilité.
Forum des initiatives autour des fragilités
samedi 20 avril, de 14h à 18h30
Le Passage Sainte Croix invite des associations, des entreprises, des initiatives citoyennes et insitutionnelles de la région nantaise à présenter leurs actions lors d'une journée de partage. Plus d'informations ici (clic)
Rencontre avec Olivier Riom : épanouissement et inclusion au cœur de l'entreprisà mardi 23 avril à 18h30
Olivier Riom, fondateur et chef d'entreprise défend un modèle d'entreprise où prospérité et bien-être social s'entremêlent harmonieusement.
Plus d'informations ici (clic)
Atelier enfants : Aquarelle magique
mercredi 24 avril (5-7 ans) et jeudi 25 avril (8-12 ans), de 14h30 à 17h
Autour de l'œuvre de Makiko Furuichi peinte aux plafonds du Passage Sainte Croix pour l'exposition, l’atelier propose aux enfants de s’essayer à la sensibilité de l’aquarelle. Par l’utilisation d’une bougie blanche comme crayon, la peinture à l’eau vient épouser des formes invisibles et fragiles.
Plus d'informations ici (clic)
>> Retrouvez toute la programmation culturelle du Passage Sainte Croix en suivant ce lien (clic)
]]>Ce 3ème vendredi du Carême nous emmène à l'autre bout du Morbihan, à l'entrée de la forêt de Brocéliande, terre mythique des légendes du roi Arthur et des Chevaliers de la Table Ronde. Irène de Château-Thierry nous partage les secrets de l'église Sainte-Eutrope-Sainte-Onenne, à Tréhorenteuc, aussi appelée église du Graal en raison de la quête qui anima les compagnons d'Arthur.
Le Graal, viatique pour la vie éternelle selon la légende, est d'ailleurs représenté à plusieurs reprises dans l'édifice : dans le choeur, au sol sous forme de mosaïque mais aussi sur un vitrail en surplomb ; on le retrouve également sur le tableau de la première station du Chemin de Croix.
L'abbé Henri Gillard fit réaliser le chemin de croix en 1945 par deux prisonniers allemands, libérés à la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui rendirent service au curé de la paroisse en échange de son accueil et de ses bons soins. Karl Rezabeck, peintre de profession, réalisa les toiles du chemin de croix et son compagnon, menuisier, fabriqua les encadrements en bois. Rezabeck s'inspira des paysages alentours pour peindre les décors des scènes (village, forêt), des visages des villageois pour dessiner ceux des personnages : ainsi l'abbé Gillard prête son visage au Christ et l'artiste à Simon de Cyrène. En faisant entrer le village, la région, les habitants dans ce Chemin de Croix, le Christ nous rejoint dans nos vies quotidiennes. Il se fait proche de nous, partage nos souffrances, nos peines... pour les transfigurer. Si nous avions rencontré Jésus souffrant au détour d'un chemin, au coin d'une maison, nous serions-nous arrêté ? Lui aurions-nous porté secours ? Et ce Christ, le reconnaissons-nous dans le visage de nos frères et sœurs souffrants ?
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Cette année encore, le Centre d’Art Sacré de Lille vous invite à renouveler cette rencontre avec l’Humanité et la fragilité de notre condition d’Homme, à travers les œuvres d’une dizaine d’artistes réunis en collectif. Sans oublier l’ensemble des artistes participants à la programmation culturelle.
Pour cette huitième édition des NUITS DE LA CRYPTE, tous ont été invités à travailler sur le lien qu’ils ont à la souffrance (tel est le sens premier de « passion ») et qui les unit à l’Humanité tout entière.
L’invitation qui leur a été donnée, était de cheminer ensemble autour de ce thème universel et intemporel, à partir des passages des évangiles de la Passion du Christ, qu’ils soient croyants ou non. Lui, Homme qui accepta sa souffrance en toute liberté jusqu’à la croix.
Aujourd’hui, plus que jamais, prenons le temps et faisons une halte ! Les NUITS DE LA CRYPTE, avec l’ensemble de ces artistes, nous ancrent dans notre humanité et nous permettent de prendre du recul sur : l’expérience de la souffrance, le dépassement de celle-ci, la rencontre avec soi-même et l’Autre, ainsi que l’espérance en l’avenir.
PASSION(S), RENCONTRES ET ESPÉRANCE
— Thomas Sanchez
Responsable du Centre d'Art Sacré de Lille
PAGNY Corine – COUTREL Claire – D’ANTY Henry – DUBUS Charles – GARNIER Frédéric – HONNART Valérie – MAINARDI Thomas – RINGOT Philippe – VANDENDRIESSCHE Philippe – VANDROMME Jonathan – VON STEINER Chris – YALENIOS Makis
ALQUIN Nicolas – FERAUD Albert – HENRIO Loïc – KAEPPELIN Dominique – ROSINI DI SANTI Nicola – ROULLAND Jean – WARHOL Andy
Centre d'Art Sacré de Lille
Crypte moderne, Cathédrale Notre-Dame de la Treille
Accès en bas des marches à gauche du Parvis
Du 22 mars au 7 avril 2024
Accès libre, sans réservation
PROGRAMMATION
> Vendredi 22 mars de 18h30 à 20h30 : soirée inaugurale ouverte à tous |
> Les samedis et dimanches 23-24 mars, 30-31 mars et 6-7 avril de 14h à 18h : Passion, au-delà, exposition du "Collectif éphémère d'artistes"
Le nouveau collectif d'artistes (peintres, sculpteurs, photographes, plasticiens) a été invité à cheminer ensemble autour d'un thème universel et intemporel, la souffrance humaine vue à travers la Passion du Christ. |
> Mercredi 27 mars de 19h30 à 21h30 : Intimiste, en présence des artistes du Collectif éphémère Les derniers rayons du soleil viennent de tomber sur la rosace de Kijno, point d'orgue de la façade de la Cathédrale Notre-Dame de Lille. Nous sommes invités à descendre dans la crypte moderne de la « Treille » et à y déambuler. Dans un jeu d'ombres et de lumières, un univers intimiste s'offre à présent à nous. L'histoire des derniers moments de la vie d'un homme appelé Jésus, nous est contée comme un écho à l'Histoire de l'Humanité par les artistes du « Collectif éphémère » qui feront eux-mêmes la médiation culturelle de leur travail. |
> Vendredi 29 mars de 20h30 à 22h : Un dialogue passionné entre les arts #1, concert + visite libre de l'exposition. Environ 80 places disponibles, sans réservation. Autour du Stabat Mater de Vivaldi, le « Duo » composé du contre-ténor Bertrand Dazin et de la soprano Jeanne Monteilhet investit de nouveau les profondeurs de la crypte moderne. À travers la Passion du Christ et la souffrance de la Sainte Mère Marie, la musique met en lumière l'universalité de la souffrance la rendant intemporelle et tangible. Qu'elle soit souffrance libératrice ou révélatrice du mal, cette essence de la spiritualité a inspiré les plus grands compositeurs, tant le sujet si riche est humain, proche et incite à l'introspection. Les voix de Bertrand et de Jeanne nous transportent dans ce lumineux voyage. |
> Mardi 2 avril de 19h30 à 21h30 : Le Moyen-Âge chante la Passion et la Résurrection, concert + visite libre de l'exposition. Environ 80 places disponibles, sans réservation. Marti Uibo et Noé Plantin nous invitent à vivre une véritable immersion autour des répertoires du Moyen-Âge. Plongés dans un dispositif de diffusion sonore et de création spontanée, ces deux artistes nous feront vibrer au son des chants et pièces instrumentables du répertoire de Pâques. Ce rendez-vous est une expérience, une rencontre entre les traditions médiévales et les pratiques musicales contemporaines. |
> Mercredi 3 avril de 19h30 à 21h30 : Nuit du dessin La crypte moderne devient atelier d'artistes pour une nuit et se transforme en lieu de (re)créations. Des feuilles et des crayons seront mis à disposition pour laisser libre cours à l'interprétation et à la créativité de chacun devant un modèle vivant. Hugo Laruelle, artiste, se prête également au jeu. Dans ses peintures, dessins ou photographies, il interroge le portrait, les éléments qui constituent l'identité physique, la distance qu'il entretient avec le réel, la ressemblance, l'image sociale et l'image intime. Il envisage la séance de pose comme un moment privilégié dans un temps suspendu, dans la parenthèse d'un lieu où la lumière, l'histoire et l'espace ont des incidences directes sur la perception qu'il a du corps. |
> Jeudi 4 avril de 19h30 à 21h30 : La passion des corps, manifestation dansée avec Rakiya et Juan Soccorro + visite libre de l'exposition. Environ 80 places disponibles, sans réservation. Rakiya et Juan Soccorro questionnent l'espace intérieur de leur coprs et du paysage. Au sein des profondeurs de la crypte moderne, ce dialogue intime donne naissance à des tableaux contrastés. |
> Vendredi 5 avril de 20h30 à 22h : Un dialogue passionné entre les arts #2, concert + visite libre de l'exposition. Environ 80 places disponibles, sans réservation. Dans ce programme dédié aux saintes Femmes, la Vierge Marie et Marie-Madeleine, l'ensemble Il Buranello se tourne non pas vers la Passion du Christ mais vers la souffrance silencieuse de Marie, sa mère, qui offre la chair de sa chair avec une obéissance absolue. Il Buranello explore la manière dont les compositeurs italiens du XVIIe siècle (Sancres, Merula, Rossi, Grandi...) ont traité ces émotions maternelles, féminines, complexes, magnifiques et inspirantes. À la lueur des bougies et en communion avec les œuvres exposées, laissez-vous porter par la voix de Stéphanie Revillion, la voix de la viole de Flore Seube et le théorbe intimiste de Diego Salamanca pour plonger dnas les passions et les questionnements propres à l'âme humaine. |
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Vincent de Paul naît en 1581 à Pouy dans les Landes. Ses parents, cultivateurs et éleveurs, sont de fervents catholiques. Son père a pour lui l’ambition d’une carrière ecclésiastique, il l’envoie au collège à Dax où il est un élève brillant. Vincent devient précepteur chez un avocat qui lui conseille de s’orienter vers la prêtrise. Il part en 1598 faire des études de théologie à Toulouse ; il est ordonné prêtre deux ans plus tard. Le jeune Vincent part à Rome, puis en 1608 à Paris où il suit des cours de droit canonique à la Sorbonne. Le jeune prêtre visite les malades à l’Hôpital de la Charité. Le futur cardinal de Bérulle, devenu en 1609 son directeur spirituel, l’introduit dans le milieu de la cour. En 1610, il devient aumônier le l’ancienne reine de France, Marguerite de France. En 1612, il est nommé curé de l’église Saint-Médard de Clichy.
En 1617, Vincent de Paul traverse une grave crise spirituelle, mais il reçoit alors la confession d’un paysan mourant, qui l’émeut profondément et lui fait prendre conscience de sa mission. Il prononce alors un sermon, le 25 janvier 1617, exhortant les « bonnes gens » à une confession générale, du haut de la chaire de l’église Saint-Jacques-le-Majeur-et-Saint-Jean-Baptiste de Folleville, dans la Somme. Le succès de ce sermon est tel qu’il faut faire appel, pour seconder les prêtres, aux jésuites d’Amiens pour les confessions. Marie-Françoise de Silly, dont Vincent de Paul est le confesseur, généralise la confession sur l’ensemble des terres de son mari Philippe-Emmanuel de Gondi, convaincue par la joie immense de ce malade à qui Vincent de Paul vient d’accorder le pardon.
En 1618, ayant la volonté de « tout donner aux pauvres », Vincent de Paul se rend pour la première fois à la Conciergerie à Paris, où les forçats attendent leur départ pour Marseille. Vincent est frappé par l’état de santé des prisonniers dans ces cachots humides et sales. Les prisons dépendent du procureur général Molé, et Vincent de Paul, précepteur des enfants Gondi depuis 1613, obtient de Pierre-Emmanuel de Gondi, général des galères du roi, qu’il intervienne auprès de Mathieu Molé afin d’améliorer le sort des forçats. Bientôt les forçats sont regroupés dans une vaste maison et leurs conditions de détention améliorées grâce aux soins des fidèles de l’église Saint-Roch. Vincent côtoie ces prisonniers et obtient des conversions. L’année suivante, le roi nomme Vincent aumônier général des galères, charge qu’il conservera toute sa vie.
Opposant au style grandiloquent des sermons du temps son style direct, pastoral et vigoureux, Vincent de Paul attire à lui les âmes. Dans l’église Saint-Pierre de Mâcon, en Saône-et-Loire, sur le bras du transept sud, le tableau de Vincent de Paul prêchant devant Pierre-Emmanuel de Gondi a été peint par François de Troy en 1732. L’auréole a été ajoutée après la canonisation de Vincent de Paul en 1737. Philippe-Emmanuel de Gondi est général des galères du roi depuis 1598. La chiourme, c’est-à-dire les rameurs, est composée d’hommes libres volontaires mais aussi d’esclaves prisonniers de guerre, de condamnés à mort, de mendiants, de vagabonds, de voleurs…
Ce tableau est une œuvre de style baroque de la Contre Réforme, caractérisée par le sens du mouvement, l’ampleur théâtrale des draperies, la profusion des personnages, le décentrement de la scène, le trompe-l’œil des colonnes.
Vincent de Paul va fonder successivement la Congrégation de la Mission en 1617 et la Compagnie des Filles de la Charité en 1633. La Congrégation de la Mission (ou prêtres Lazaristes) a pour origine le sermon prononcé par Vincent de Paul à l’église de Folleville. Peu avant sa mort en 1625, Madame de Gondi lui alloue une rente et le collège des Bons-Enfants à Paris. En 1632, Vincent de Paul, par l’intermédiaire du cardinal de La Rochefoucauld, s’installe dans le prieuré de Saint-Lazare, origine du nom usuel de « Lazaristes » pour ses prêtres. L’année suivante, Vincent de Paul, devenu « Monsieur Vincent », est reconnu de tous : du roi qui lui concède ses lettres patentes pour sa congrégation ; de Richelieu, qui lui demande des missions ; de l’archevêque de Paris, Jean-François de Gondi, qui utilise les prêtres de la Mission partout où il l’estime nécessaire ; et du pape Urbain VIII qui lui délivre sa bulle de reconnaissance. La congrégation des Lazaristes compte aujourd’hui plus de 3000 membres dans 95 pays.
Vincent de Paul institue en 1633, avec Louise de Marillac, la compagnie des Filles de la Charité, il est à l’origine de la plus importante promotion de l’apostolat féminin pendant la Réforme catholique. Vincent de Paul demande aux Filles de la Charité de se mettre au service des pauvres, des malades et des enfants. Elles sont vêtues comme des femmes du peuple (robe simple, grise et droite), ne portent pas de voile, et ne prononcent que des vœux annuels. Les Filles de la Charité interviennent aussi dans les hôpitaux, elles créent de petits centres de bienfaisance urbains et ruraux, et développent les écoles primaires. Vincent de Paul précise aux Filles de la Charité leurs missions dans un sermon le 24 août 1659 : « Votre monastère est la maison des malades et celle où réside votre supérieure ; votre cellule est votre chambre de louage. […] Pour chapelle, l’église paroissiale […] Pour cloître, les rues de la ville, où vous devez aller pour le service de vos malades. Pour clôture, l’obéissance […] Pour grille, la crainte de Dieu. Pour voile, la sainte modestie. »
— Martine Petrini-Poli
(professeur de lettres en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme de Saône-et-Loire)
En ce deuxième vendredi de Carême, nous nous rendons à la Basilique de Sainte-Anne d'Auray, pour découvrir avec Irène de Château-Thierry le plus grand Chemin de Croix de France. Restaurés et réinstallés entre 2020 et 2021, les quatorze panneaux de fonte aux dimensions spectaculaires illustrent avec beaucoup de détails et de finesse les quatorze stations du Chemin de Croix.
Réalisés entre 1900 et 1904 par le sculpteur angevin Pierre Rouillard et le fondeur Gaston Chapal, ils avaient été retirés en 1991 lors de la restauration du cloître. Mis en réserve durant de nombreuses années faute de financement pour les restaurer, le Chemin de Croix a pu retrouver sa place dans le cloître en 2021 grâce au mécénat de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) et de la Fondation Louis Cadic. Chaque panneau mesure 2,50 mètres sur 2 mètres et pèse entre 600kg et une tonne.
De par ses dimensions spectaculaires, le Chemin de Croix du cloître de la Basilique Sainte-Anne d'Auray invite à un vrai pélerinage, en déambulant de station en station depuis le nord vers le sud.
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Situé à Callac, sur la commune de Plumelec, cet étonnant Chemin de Croix fut sculpté dans les années 1950 à taille réelle. Après la construction d'une réplique de la grotte de Lourdes, l'abbé Binard souhaite représenter la Passion du Christ sur la colline qui surplombe la grotte. Durant plusieurs années, chaque paroissien donne 5 jours de travail pour tailler le schiste de la colline et quatre sculpteurs locaux donnent vie à la cinquantaine de personnages des 15 stations du Chemin de Croix.
En gravissant la colline, nous montons au Calvaire avec Jésus ; nous sommes confrontés à son regard, nous faisons partie de cette foule qui le suivit le jour de sa Passion. Puis arrivés au sommet, après avoir contemplé la Croix, nous redescendons vers le tombeau (construit en 2008), lui aussi grandeur nature. Entrer dans ce tombeau vide, la pierre roulée sur le côté, est saisissant.
Découvrez en images le Chemin de Croix de Callac :
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Silence ne signifie pas seulement absence de son. Il ne serait alors vécu que comme un manque, un vide, quelque chose d’insupportable dans nos vies toujours plus agitées. Nous savons que la musique est essentiellement faite de silence : celui qui la prépare immédiatement avant qu’elle surgisse, celui qui la suit après le dernier accord, et aussi tous les silences qui ponctuent le déroulement musical et lui donnent son vrai sens. Imagine-t-on une musique sans respirations ?
Le silence du Carême est une manifestation de la respiration du temps faite d’alternances entre inspiration et expiration, lumière et obscurité. C’est comme dans cette nef romane de saint Jean de Montierneuf à Poitiers : la nef est dans l’obscurité pour conduire notre regard vers la lumière qui inonde le chœur. Nous sommes souvent dans les ténèbres, les soubresauts du monde nous emplissent d’inquiétudes et de doutes. Mais la lumière n’est-elle pas au bout du chemin, à peine visible souvent mais réellement ?
C’est le chemin que nous propose Arvo Pärt dans son psaume 129 composé en 1980 : une musique venue du silence et conduisant au silence, mais habité par une progression musicale profonde.
Le psaume 129 Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur s’articule autour de deux pôles : celui du désespoir :
Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur,
Seigneur, écoute mon appel !
Mais ce cri n’est pas sans réponse, le psalmiste nous conduit au fil des versets vers l’autre pôle, celui de la foi en ce Dieu qu’il invoque, en qui il met toute sa confiance, une confiance assurée :
Oui, près du Seigneur est l’amour,
Près de lui abonde le rachat !
Le psaume 129 d’Arvo Pärt se présente en un seul mouvement, une impressionnante progression du silence du vide au silence de la plénitude. Pour nous aider à parcourir cette route, la musique se présente comme une marche soutenue par un mouvement perpétuel de l’orgue. Puis, venues du registre le plus grave, les voix s’élèvent peu à peu en un lent et inexorable crescendo jusqu’au mot Misericordia en pleine lumière, pour nous conduire au silence à nouveau, mais un silence qu’il appartient à chacun de qualifier. Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas le même silence : la lumière sur Misericordia ne continue-t-elle pas de résonner mystérieusement à nos oreilles intérieures ?
— Emmanuel Bellanger
]]>Avec cette série de triptyques CONTEMPLATION, Jorge Daniel Junco recentre le regard sur les coupoles de cathédrales et de basiliques à travers des photographies qui révèlent la majesté des géométries architecturales. La coupole devient un pont reliant les détails des voûtes et des murs, mettant ainsi en valeur la splendeur de l’édifice. La symétrie, atypique, permet l'exploration singulière de l'architecture, présentée ici à travers le prisme d'images en noir et blanc qui leur confère une valeur intemporelle. Au sein de CONTEMPLATION, l'ouverture du champ visuel et les points de fuite sont les acteurs principaux d'une scène en deux dimensions sculptées par la main de l'Homme, sous le regard de Dieu.
Jeune artiste péruvien de 26 ans, Jorge Daniel Junco est passionné par les images produites par sa génération, en tant que matériau audiovisuel. Déterminé à travailler avec de nouvelles techniques et expériences visuelles, il développe sa pratique artistique à travers l'utilisation des images et leur lien avec le moment présent. Il interroge dans sa pratique artistique la culture, les archives personnelles et l’écologie.
Informations pratiques :
Exposition gratuite, du 13 février au 31 mars, dans la chapelle du Sacré Cœur de la Cathédrale Notre-Dame de laa Treille (Lille)
En février, tous les jours de la semaine de 14h à 18h15
En mars, tous les jours de 10h30 à 18h15 sauf le lundi de 14h à 18h15
Exposition du reliquaire de la Passion
et Office du milieu du jour pour la Paix dans le Monde, pour nos frères Chrétiens d’Orient et l’ensemble des croyants persécutés.
Dans la Sainte-Chapelle de la cathédrale chaque vendredi de Carême jusqu'au 22 mars
12h-13h en février │ 12h30-13h en mars
Fragments de la Vraie Croix et de la Couronne d'Épines, dans leur reliquaire du XIXe siècle, sous la protection des Chevaliers de l'Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.
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