La famille d'artistes Mauméjean, composée de maîtres-verriers et de mosaïstes de renommée internationale, a réalisée une grande partie de la décoration d'après-guerre de l'édifice religieux, dans un esprit Art Déco : vitraux, mosaïques des autels, fresques et bien sûr, le chemin de croix. La présence de la Croix prédomine tout au long des stations mais également sur l'émouvante fresque réalisée en souvenir des morts et blessés de la Seconde Guerre mondiale. On y découvre ces héros sacrifiés portant la croix du Christ, partageant la souffrance de Jésus au temps de sa Passion.
Le parcours, véritable pélerinage, est lui aussi singulier : partant du chœur, nous longeons le mur nord, froid et sombre, pour avancer vers la lumière de l'ouest, puis nous retournons vers le chœur par le côté sud, chaud et chatoyant, pour revenir vers la lumière de la résurrection, à l'est. C'est de Lui que nous sommes issus et c'est à Lui que nous revenons, image de notre pélerinage terrestre.
Bonne visite !
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Comme tous les vivants, nous sommes fragiles sur une planète que nous avons rendue fragile. Conscient de la vulnérabilité accrue de notre planète, de la nature, du vivant et des êtres humains en société, le Passage Sainte-Croix propose une large réflexion au sein d’une exposition immersive. Elle s’attache dans un premier temps à montrer la diversité des domaines traversés par la fragilité, et met en valeur, dans un deuxième temps, les différentes manières de l’assumer, d’y résister ou encore de la rendre féconde.
Des artistes présentent leurs visions de la fragilité à travers plusieurs oeuvres commandées ou achetées par le Passage Sainte-Croix spécifiquement pour cette exposition.
Le photographe et cinéaste Bastien Capela présente dans sa vidéo Fragilitae Vivi une vision très personnelle de la vulnérabilité des hommes, de la matière, de la nature... à travers des instants de vie, des images presque abstraites, sur un rythme lent et poétique. Cette oeuvre est un témoignage émouvant de la force qui réside dans notre vulnérabilité.
Les animaux endormis de l’artiste plasticienne Julie Oger, s’attardent sur la vulnérabilité du monde animal. En jouant de l’ambiguïté entre le sommeil et la mort, l’artiste questionne la nature même de l ’existence, la fragilité du vivant et sa finitude. Son mobile Orage en plexiglas et verre met l’accent sur la précarité des matières.
Les objets transformés de Justin Palermo prolongent le propos. Horloge usagée, lunettes brisées, feuilles d’arbres abimées, etc. L’artiste récupère des objets détériorés et les remanie au fil de son inspiration. Ces éléments du quotidien matérialisent la vulnérabilité.
Le peintre Julien Parsy, à travers des esquisses, symbolise l’incertitude, l’inconstance de l’ébauche et met en avant la notion d’invisible, par les éléments qu’il fait disparaitre en les recouvrant de peinture ou de fusain. La figure du Christ y est présentée au paroxysme de sa fragilité : la crucifixion.
Le vase kintsugi de Myriam Greff évoque la beauté de la fragilité. Cette méthode japonaise de réparation des céramiques brisées sublime les cassures et les fissures au moyen de laque saupoudrée de poudre d’or.
Enfin, l’artiste japonaise Makiko Furuichi, bien connue pour ces grandes aquarelles, a recouvert les plafonds de plusieurs salles du Passage Sainte-Croix de grandes fresques naturalistes colorées. Elle évoque ainsi les quatre saisons, la vulnérabilité et la beauté de la nature et présente ses yōkais, petits monstres japonais qui symbolisent les fragilités de l’Humain.
Le premier espace de l’exposition aborde la notion de fragilité dans un contexte scientifique et intellectuel. Des acteurs venus de domaines divers parlent de leur expérience de la fragilité et proposent des pistes de réflexion.
Une bibliothèque numérique est mise à la disposition du visiteur pour élargir le propos de l’exposition à l’aide de ressources multiples (articles de presse, extraits de conférences, chansons, cartographies, podcasts, etc.).
Les dernières salles de l’exposition mettent en valeur des engagements individuels ou collectifs qui témoignent de la possibilité de surmonter la fragilité, qu’elle se manifeste par le handicap, la précarité ou encore la migration. Six associations et entreprises sociales et solidaires manifestent dans leur engagement combien la fragilité peut être aussi une force.
L’exposition se termine sur les paroles d’enfants s’exprimant sur leur vision personnelle de la fragilité.
(source : dossier de presse de l'événement)
Passage Sainte-Croix
9 rue de la Bâclerie
44000 Nantes
Du mardi au samedi de 12h à 18h30
Visite gratuite
Samedi 27 avril à 15h30 : visite guidée par l'un des contributeurs de l'exposition.
Tarif : 3€ (réduit 1€), sans réservation - Durée : 1 heure - 15 personnes maximum
Scènographie et accessibilité
La scénographie de l’exposition Fragiles, dans un monde fragile a été réalisée par Raphaël Aubrun et le design graphique par Sebastian Carranza. Elle est accessible à tous grâce à des dispositifs spécifiques à destination des personnes en situation de handicap (Facile à lire et à comprendre, Langue des signes française, cartels en braille, sous-titrage des vidéos, impression en relief de plusieurs oeuvres et dispositif de déplacement au sein de l’exposition).
Une exposition temporaire en écho à l’exposition permanente
du 4 avril au 15 juin 2024
Une exposition temporaire, Échos, prolonge cette réflexion sur la fragilité en permettant aux artistes Bastien Capela, Julie Oger et Julien Parsy, dont les œuvres sont présentées dans l’exposition Fragiles, dans un monde fragile, de développer leurs visions de la fragilité.
Forum des initiatives autour des fragilités
samedi 20 avril, de 14h à 18h30
Le Passage Sainte Croix invite des associations, des entreprises, des initiatives citoyennes et insitutionnelles de la région nantaise à présenter leurs actions lors d'une journée de partage. Plus d'informations ici (clic)
Rencontre avec Olivier Riom : épanouissement et inclusion au cœur de l'entreprisà mardi 23 avril à 18h30
Olivier Riom, fondateur et chef d'entreprise défend un modèle d'entreprise où prospérité et bien-être social s'entremêlent harmonieusement.
Plus d'informations ici (clic)
Atelier enfants : Aquarelle magique
mercredi 24 avril (5-7 ans) et jeudi 25 avril (8-12 ans), de 14h30 à 17h
Autour de l'œuvre de Makiko Furuichi peinte aux plafonds du Passage Sainte Croix pour l'exposition, l’atelier propose aux enfants de s’essayer à la sensibilité de l’aquarelle. Par l’utilisation d’une bougie blanche comme crayon, la peinture à l’eau vient épouser des formes invisibles et fragiles.
Plus d'informations ici (clic)
>> Retrouvez toute la programmation culturelle du Passage Sainte Croix en suivant ce lien (clic)
]]>Ce 3ème vendredi du Carême nous emmène à l'autre bout du Morbihan, à l'entrée de la forêt de Brocéliande, terre mythique des légendes du roi Arthur et des Chevaliers de la Table Ronde. Irène de Château-Thierry nous partage les secrets de l'église Sainte-Eutrope-Sainte-Onenne, à Tréhorenteuc, aussi appelée église du Graal en raison de la quête qui anima les compagnons d'Arthur.
Le Graal, viatique pour la vie éternelle selon la légende, est d'ailleurs représenté à plusieurs reprises dans l'édifice : dans le choeur, au sol sous forme de mosaïque mais aussi sur un vitrail en surplomb ; on le retrouve également sur le tableau de la première station du Chemin de Croix.
L'abbé Henri Gillard fit réaliser le chemin de croix en 1945 par deux prisonniers allemands, libérés à la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui rendirent service au curé de la paroisse en échange de son accueil et de ses bons soins. Karl Rezabeck, peintre de profession, réalisa les toiles du chemin de croix et son compagnon, menuisier, fabriqua les encadrements en bois. Rezabeck s'inspira des paysages alentours pour peindre les décors des scènes (village, forêt), des visages des villageois pour dessiner ceux des personnages : ainsi l'abbé Gillard prête son visage au Christ et l'artiste à Simon de Cyrène. En faisant entrer le village, la région, les habitants dans ce Chemin de Croix, le Christ nous rejoint dans nos vies quotidiennes. Il se fait proche de nous, partage nos souffrances, nos peines... pour les transfigurer. Si nous avions rencontré Jésus souffrant au détour d'un chemin, au coin d'une maison, nous serions-nous arrêté ? Lui aurions-nous porté secours ? Et ce Christ, le reconnaissons-nous dans le visage de nos frères et sœurs souffrants ?
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Cette année encore, le Centre d’Art Sacré de Lille vous invite à renouveler cette rencontre avec l’Humanité et la fragilité de notre condition d’Homme, à travers les œuvres d’une dizaine d’artistes réunis en collectif. Sans oublier l’ensemble des artistes participants à la programmation culturelle.
Pour cette huitième édition des NUITS DE LA CRYPTE, tous ont été invités à travailler sur le lien qu’ils ont à la souffrance (tel est le sens premier de « passion ») et qui les unit à l’Humanité tout entière.
L’invitation qui leur a été donnée, était de cheminer ensemble autour de ce thème universel et intemporel, à partir des passages des évangiles de la Passion du Christ, qu’ils soient croyants ou non. Lui, Homme qui accepta sa souffrance en toute liberté jusqu’à la croix.
Aujourd’hui, plus que jamais, prenons le temps et faisons une halte ! Les NUITS DE LA CRYPTE, avec l’ensemble de ces artistes, nous ancrent dans notre humanité et nous permettent de prendre du recul sur : l’expérience de la souffrance, le dépassement de celle-ci, la rencontre avec soi-même et l’Autre, ainsi que l’espérance en l’avenir.
PASSION(S), RENCONTRES ET ESPÉRANCE
— Thomas Sanchez
Responsable du Centre d'Art Sacré de Lille
PAGNY Corine – COUTREL Claire – D’ANTY Henry – DUBUS Charles – GARNIER Frédéric – HONNART Valérie – MAINARDI Thomas – RINGOT Philippe – VANDENDRIESSCHE Philippe – VANDROMME Jonathan – VON STEINER Chris – YALENIOS Makis
ALQUIN Nicolas – FERAUD Albert – HENRIO Loïc – KAEPPELIN Dominique – ROSINI DI SANTI Nicola – ROULLAND Jean – WARHOL Andy
Centre d'Art Sacré de Lille
Crypte moderne, Cathédrale Notre-Dame de la Treille
Accès en bas des marches à gauche du Parvis
Du 22 mars au 7 avril 2024
Accès libre, sans réservation
PROGRAMMATION
> Vendredi 22 mars de 18h30 à 20h30 : soirée inaugurale ouverte à tous |
> Les samedis et dimanches 23-24 mars, 30-31 mars et 6-7 avril de 14h à 18h : Passion, au-delà, exposition du "Collectif éphémère d'artistes"
Le nouveau collectif d'artistes (peintres, sculpteurs, photographes, plasticiens) a été invité à cheminer ensemble autour d'un thème universel et intemporel, la souffrance humaine vue à travers la Passion du Christ. |
> Mercredi 27 mars de 19h30 à 21h30 : Intimiste, en présence des artistes du Collectif éphémère Les derniers rayons du soleil viennent de tomber sur la rosace de Kijno, point d'orgue de la façade de la Cathédrale Notre-Dame de Lille. Nous sommes invités à descendre dans la crypte moderne de la « Treille » et à y déambuler. Dans un jeu d'ombres et de lumières, un univers intimiste s'offre à présent à nous. L'histoire des derniers moments de la vie d'un homme appelé Jésus, nous est contée comme un écho à l'Histoire de l'Humanité par les artistes du « Collectif éphémère » qui feront eux-mêmes la médiation culturelle de leur travail. |
> Vendredi 29 mars de 20h30 à 22h : Un dialogue passionné entre les arts #1, concert + visite libre de l'exposition. Environ 80 places disponibles, sans réservation. Autour du Stabat Mater de Vivaldi, le « Duo » composé du contre-ténor Bertrand Dazin et de la soprano Jeanne Monteilhet investit de nouveau les profondeurs de la crypte moderne. À travers la Passion du Christ et la souffrance de la Sainte Mère Marie, la musique met en lumière l'universalité de la souffrance la rendant intemporelle et tangible. Qu'elle soit souffrance libératrice ou révélatrice du mal, cette essence de la spiritualité a inspiré les plus grands compositeurs, tant le sujet si riche est humain, proche et incite à l'introspection. Les voix de Bertrand et de Jeanne nous transportent dans ce lumineux voyage. |
> Mardi 2 avril de 19h30 à 21h30 : Le Moyen-Âge chante la Passion et la Résurrection, concert + visite libre de l'exposition. Environ 80 places disponibles, sans réservation. Marti Uibo et Noé Plantin nous invitent à vivre une véritable immersion autour des répertoires du Moyen-Âge. Plongés dans un dispositif de diffusion sonore et de création spontanée, ces deux artistes nous feront vibrer au son des chants et pièces instrumentables du répertoire de Pâques. Ce rendez-vous est une expérience, une rencontre entre les traditions médiévales et les pratiques musicales contemporaines. |
> Mercredi 3 avril de 19h30 à 21h30 : Nuit du dessin La crypte moderne devient atelier d'artistes pour une nuit et se transforme en lieu de (re)créations. Des feuilles et des crayons seront mis à disposition pour laisser libre cours à l'interprétation et à la créativité de chacun devant un modèle vivant. Hugo Laruelle, artiste, se prête également au jeu. Dans ses peintures, dessins ou photographies, il interroge le portrait, les éléments qui constituent l'identité physique, la distance qu'il entretient avec le réel, la ressemblance, l'image sociale et l'image intime. Il envisage la séance de pose comme un moment privilégié dans un temps suspendu, dans la parenthèse d'un lieu où la lumière, l'histoire et l'espace ont des incidences directes sur la perception qu'il a du corps. |
> Jeudi 4 avril de 19h30 à 21h30 : La passion des corps, manifestation dansée avec Rakiya et Juan Soccorro + visite libre de l'exposition. Environ 80 places disponibles, sans réservation. Rakiya et Juan Soccorro questionnent l'espace intérieur de leur coprs et du paysage. Au sein des profondeurs de la crypte moderne, ce dialogue intime donne naissance à des tableaux contrastés. |
> Vendredi 5 avril de 20h30 à 22h : Un dialogue passionné entre les arts #2, concert + visite libre de l'exposition. Environ 80 places disponibles, sans réservation. Dans ce programme dédié aux saintes Femmes, la Vierge Marie et Marie-Madeleine, l'ensemble Il Buranello se tourne non pas vers la Passion du Christ mais vers la souffrance silencieuse de Marie, sa mère, qui offre la chair de sa chair avec une obéissance absolue. Il Buranello explore la manière dont les compositeurs italiens du XVIIe siècle (Sancres, Merula, Rossi, Grandi...) ont traité ces émotions maternelles, féminines, complexes, magnifiques et inspirantes. À la lueur des bougies et en communion avec les œuvres exposées, laissez-vous porter par la voix de Stéphanie Revillion, la voix de la viole de Flore Seube et le théorbe intimiste de Diego Salamanca pour plonger dnas les passions et les questionnements propres à l'âme humaine. |
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Vincent de Paul naît en 1581 à Pouy dans les Landes. Ses parents, cultivateurs et éleveurs, sont de fervents catholiques. Son père a pour lui l’ambition d’une carrière ecclésiastique, il l’envoie au collège à Dax où il est un élève brillant. Vincent devient précepteur chez un avocat qui lui conseille de s’orienter vers la prêtrise. Il part en 1598 faire des études de théologie à Toulouse ; il est ordonné prêtre deux ans plus tard. Le jeune Vincent part à Rome, puis en 1608 à Paris où il suit des cours de droit canonique à la Sorbonne. Le jeune prêtre visite les malades à l’Hôpital de la Charité. Le futur cardinal de Bérulle, devenu en 1609 son directeur spirituel, l’introduit dans le milieu de la cour. En 1610, il devient aumônier le l’ancienne reine de France, Marguerite de France. En 1612, il est nommé curé de l’église Saint-Médard de Clichy.
En 1617, Vincent de Paul traverse une grave crise spirituelle, mais il reçoit alors la confession d’un paysan mourant, qui l’émeut profondément et lui fait prendre conscience de sa mission. Il prononce alors un sermon, le 25 janvier 1617, exhortant les « bonnes gens » à une confession générale, du haut de la chaire de l’église Saint-Jacques-le-Majeur-et-Saint-Jean-Baptiste de Folleville, dans la Somme. Le succès de ce sermon est tel qu’il faut faire appel, pour seconder les prêtres, aux jésuites d’Amiens pour les confessions. Marie-Françoise de Silly, dont Vincent de Paul est le confesseur, généralise la confession sur l’ensemble des terres de son mari Philippe-Emmanuel de Gondi, convaincue par la joie immense de ce malade à qui Vincent de Paul vient d’accorder le pardon.
En 1618, ayant la volonté de « tout donner aux pauvres », Vincent de Paul se rend pour la première fois à la Conciergerie à Paris, où les forçats attendent leur départ pour Marseille. Vincent est frappé par l’état de santé des prisonniers dans ces cachots humides et sales. Les prisons dépendent du procureur général Molé, et Vincent de Paul, précepteur des enfants Gondi depuis 1613, obtient de Pierre-Emmanuel de Gondi, général des galères du roi, qu’il intervienne auprès de Mathieu Molé afin d’améliorer le sort des forçats. Bientôt les forçats sont regroupés dans une vaste maison et leurs conditions de détention améliorées grâce aux soins des fidèles de l’église Saint-Roch. Vincent côtoie ces prisonniers et obtient des conversions. L’année suivante, le roi nomme Vincent aumônier général des galères, charge qu’il conservera toute sa vie.
Opposant au style grandiloquent des sermons du temps son style direct, pastoral et vigoureux, Vincent de Paul attire à lui les âmes. Dans l’église Saint-Pierre de Mâcon, en Saône-et-Loire, sur le bras du transept sud, le tableau de Vincent de Paul prêchant devant Pierre-Emmanuel de Gondi a été peint par François de Troy en 1732. L’auréole a été ajoutée après la canonisation de Vincent de Paul en 1737. Philippe-Emmanuel de Gondi est général des galères du roi depuis 1598. La chiourme, c’est-à-dire les rameurs, est composée d’hommes libres volontaires mais aussi d’esclaves prisonniers de guerre, de condamnés à mort, de mendiants, de vagabonds, de voleurs…
Ce tableau est une œuvre de style baroque de la Contre Réforme, caractérisée par le sens du mouvement, l’ampleur théâtrale des draperies, la profusion des personnages, le décentrement de la scène, le trompe-l’œil des colonnes.
Vincent de Paul va fonder successivement la Congrégation de la Mission en 1617 et la Compagnie des Filles de la Charité en 1633. La Congrégation de la Mission (ou prêtres Lazaristes) a pour origine le sermon prononcé par Vincent de Paul à l’église de Folleville. Peu avant sa mort en 1625, Madame de Gondi lui alloue une rente et le collège des Bons-Enfants à Paris. En 1632, Vincent de Paul, par l’intermédiaire du cardinal de La Rochefoucauld, s’installe dans le prieuré de Saint-Lazare, origine du nom usuel de « Lazaristes » pour ses prêtres. L’année suivante, Vincent de Paul, devenu « Monsieur Vincent », est reconnu de tous : du roi qui lui concède ses lettres patentes pour sa congrégation ; de Richelieu, qui lui demande des missions ; de l’archevêque de Paris, Jean-François de Gondi, qui utilise les prêtres de la Mission partout où il l’estime nécessaire ; et du pape Urbain VIII qui lui délivre sa bulle de reconnaissance. La congrégation des Lazaristes compte aujourd’hui plus de 3000 membres dans 95 pays.
Vincent de Paul institue en 1633, avec Louise de Marillac, la compagnie des Filles de la Charité, il est à l’origine de la plus importante promotion de l’apostolat féminin pendant la Réforme catholique. Vincent de Paul demande aux Filles de la Charité de se mettre au service des pauvres, des malades et des enfants. Elles sont vêtues comme des femmes du peuple (robe simple, grise et droite), ne portent pas de voile, et ne prononcent que des vœux annuels. Les Filles de la Charité interviennent aussi dans les hôpitaux, elles créent de petits centres de bienfaisance urbains et ruraux, et développent les écoles primaires. Vincent de Paul précise aux Filles de la Charité leurs missions dans un sermon le 24 août 1659 : « Votre monastère est la maison des malades et celle où réside votre supérieure ; votre cellule est votre chambre de louage. […] Pour chapelle, l’église paroissiale […] Pour cloître, les rues de la ville, où vous devez aller pour le service de vos malades. Pour clôture, l’obéissance […] Pour grille, la crainte de Dieu. Pour voile, la sainte modestie. »
— Martine Petrini-Poli
(professeur de lettres en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme de Saône-et-Loire)
En ce deuxième vendredi de Carême, nous nous rendons à la Basilique de Sainte-Anne d'Auray, pour découvrir avec Irène de Château-Thierry le plus grand Chemin de Croix de France. Restaurés et réinstallés entre 2020 et 2021, les quatorze panneaux de fonte aux dimensions spectaculaires illustrent avec beaucoup de détails et de finesse les quatorze stations du Chemin de Croix.
Réalisés entre 1900 et 1904 par le sculpteur angevin Pierre Rouillard et le fondeur Gaston Chapal, ils avaient été retirés en 1991 lors de la restauration du cloître. Mis en réserve durant de nombreuses années faute de financement pour les restaurer, le Chemin de Croix a pu retrouver sa place dans le cloître en 2021 grâce au mécénat de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) et de la Fondation Louis Cadic. Chaque panneau mesure 2,50 mètres sur 2 mètres et pèse entre 600kg et une tonne.
De par ses dimensions spectaculaires, le Chemin de Croix du cloître de la Basilique Sainte-Anne d'Auray invite à un vrai pélerinage, en déambulant de station en station depuis le nord vers le sud.
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Situé à Callac, sur la commune de Plumelec, cet étonnant Chemin de Croix fut sculpté dans les années 1950 à taille réelle. Après la construction d'une réplique de la grotte de Lourdes, l'abbé Binard souhaite représenter la Passion du Christ sur la colline qui surplombe la grotte. Durant plusieurs années, chaque paroissien donne 5 jours de travail pour tailler le schiste de la colline et quatre sculpteurs locaux donnent vie à la cinquantaine de personnages des 15 stations du Chemin de Croix.
En gravissant la colline, nous montons au Calvaire avec Jésus ; nous sommes confrontés à son regard, nous faisons partie de cette foule qui le suivit le jour de sa Passion. Puis arrivés au sommet, après avoir contemplé la Croix, nous redescendons vers le tombeau (construit en 2008), lui aussi grandeur nature. Entrer dans ce tombeau vide, la pierre roulée sur le côté, est saisissant.
Découvrez en images le Chemin de Croix de Callac :
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Silence ne signifie pas seulement absence de son. Il ne serait alors vécu que comme un manque, un vide, quelque chose d’insupportable dans nos vies toujours plus agitées. Nous savons que la musique est essentiellement faite de silence : celui qui la prépare immédiatement avant qu’elle surgisse, celui qui la suit après le dernier accord, et aussi tous les silences qui ponctuent le déroulement musical et lui donnent son vrai sens. Imagine-t-on une musique sans respirations ?
Le silence du Carême est une manifestation de la respiration du temps faite d’alternances entre inspiration et expiration, lumière et obscurité. C’est comme dans cette nef romane de saint Jean de Montierneuf à Poitiers : la nef est dans l’obscurité pour conduire notre regard vers la lumière qui inonde le chœur. Nous sommes souvent dans les ténèbres, les soubresauts du monde nous emplissent d’inquiétudes et de doutes. Mais la lumière n’est-elle pas au bout du chemin, à peine visible souvent mais réellement ?
C’est le chemin que nous propose Arvo Pärt dans son psaume 129 composé en 1980 : une musique venue du silence et conduisant au silence, mais habité par une progression musicale profonde.
Le psaume 129 Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur s’articule autour de deux pôles : celui du désespoir :
Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur,
Seigneur, écoute mon appel !
Mais ce cri n’est pas sans réponse, le psalmiste nous conduit au fil des versets vers l’autre pôle, celui de la foi en ce Dieu qu’il invoque, en qui il met toute sa confiance, une confiance assurée :
Oui, près du Seigneur est l’amour,
Près de lui abonde le rachat !
Le psaume 129 d’Arvo Pärt se présente en un seul mouvement, une impressionnante progression du silence du vide au silence de la plénitude. Pour nous aider à parcourir cette route, la musique se présente comme une marche soutenue par un mouvement perpétuel de l’orgue. Puis, venues du registre le plus grave, les voix s’élèvent peu à peu en un lent et inexorable crescendo jusqu’au mot Misericordia en pleine lumière, pour nous conduire au silence à nouveau, mais un silence qu’il appartient à chacun de qualifier. Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas le même silence : la lumière sur Misericordia ne continue-t-elle pas de résonner mystérieusement à nos oreilles intérieures ?
— Emmanuel Bellanger
]]>Avec cette série de triptyques CONTEMPLATION, Jorge Daniel Junco recentre le regard sur les coupoles de cathédrales et de basiliques à travers des photographies qui révèlent la majesté des géométries architecturales. La coupole devient un pont reliant les détails des voûtes et des murs, mettant ainsi en valeur la splendeur de l’édifice. La symétrie, atypique, permet l'exploration singulière de l'architecture, présentée ici à travers le prisme d'images en noir et blanc qui leur confère une valeur intemporelle. Au sein de CONTEMPLATION, l'ouverture du champ visuel et les points de fuite sont les acteurs principaux d'une scène en deux dimensions sculptées par la main de l'Homme, sous le regard de Dieu.
Jeune artiste péruvien de 26 ans, Jorge Daniel Junco est passionné par les images produites par sa génération, en tant que matériau audiovisuel. Déterminé à travailler avec de nouvelles techniques et expériences visuelles, il développe sa pratique artistique à travers l'utilisation des images et leur lien avec le moment présent. Il interroge dans sa pratique artistique la culture, les archives personnelles et l’écologie.
Informations pratiques :
Exposition gratuite, du 13 février au 31 mars, dans la chapelle du Sacré Cœur de la Cathédrale Notre-Dame de laa Treille (Lille)
En février, tous les jours de la semaine de 14h à 18h15
En mars, tous les jours de 10h30 à 18h15 sauf le lundi de 14h à 18h15
Exposition du reliquaire de la Passion
et Office du milieu du jour pour la Paix dans le Monde, pour nos frères Chrétiens d’Orient et l’ensemble des croyants persécutés.
Dans la Sainte-Chapelle de la cathédrale chaque vendredi de Carême jusqu'au 22 mars
12h-13h en février │ 12h30-13h en mars
Fragments de la Vraie Croix et de la Couronne d'Épines, dans leur reliquaire du XIXe siècle, sous la protection des Chevaliers de l'Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.
]]>F.-X. de Boissoudy : C’est Laurent Landete, directeur du Collège des Bernardins, qui m’a proposé de travailler sur le sujet de la croix en 2022. Ainsi est née cette exposition, qui est le pivot de l’opus V des Bernardins : autour du thème de la Croix, une vaste proposition de concerts, de conférences et de projections-débats auxquels je participe. D’emblée, il m’a semblé essentiel de peindre, non pas la mort, mais la gloire. Dieu nous précède sur nos chemins, Il nous met en relation avec tout ce qui vit et aime. Il faut sortir du Golgotha.
S. Bethmont : Mais, comment peindre ce qui nous dépasse ? Comment peindre la gloire de la croix ? Paradoxalement vous avez choisi des matériaux humbles, lesquels ?
F.-X. de Boissoudy : L’eau d’abord, que saint François dans son Cantique de Frère soleil, appelle « sœur, précieuse, utile, humble et chaste ». Elle se mêle à des encres et des terres. Ce sont des moyens pauvres, les « moyens du bord » en quelque sorte. Tout au long de ce travail j’ai eu les mains dans la boue colorée. Et puis, le rouge, qui sourd de l’ocre, est répandu avec l’eau, et cela évoque le sang.
S. Bethmont : L’eau, la terre rouge, cela évoque la création de l’homme, Adam « le glébeux » (Gn 2, 6-7) : « Une source montait de la terre et irriguait toute la surface du sol. Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. » L’eau est encore présente lors de la crucifixion : les bourreaux pensaient en avoir fini avec un cadavre, mais ce sont des « fleuves d’eau vive qui jaillissent de son côté percé » (Jn 4 et Jn 19, 33-34). Les Écritures sont le socle de vos œuvres. Vous nous dites que votre travail de peintre trouve sa source dans les traces dont le visage défiguré de Jésus a imprégné le voile de Véronique, sur le chemin du Golgotha. Qu’est-ce qui autorise les images du Christ ?
F.-X. de Boissoudy : Il nous faut attester de la présence de Dieu pour nous aujourd’hui ; c’est cela l’art Sacré. Les sens se déploient lorsque l’on obéit à sa monition intérieure. Ma manière de peindre, qui me libère de la représentation, est la réponse à un appel. Peindre est alors de l’ordre de la manifestation d’une présence qui m’habite, afin que je puisse mettre ma peinture au service de la spiritualité.
S. Bethmont : Votre travail de peintre est issu de votre propre expérience de vie. Vous dites que, dans ce processus créatif, « la lumière est figurée par l’absence de peinture ». C’est donc un suspends du geste de peintre qui figure la lumière dans vos œuvres. Alors elle sourd, de la matière colorée, dans les interstices laissés lorsque votre main se lève.
F.-X. de Boissoudy : Mais aussi le regard du spectateur prolonge l’œuvre. Par mes peintures j’invite à la rencontre, afin qu’autrui puisse faire la rencontre que moi-même j’ai faite.
S. Bethmont : À présent, vous utilisez, le plus souvent, des papiers de grand format. Par exemple pour cette grande cartographie nommée La ville, qui est celle de Jérusalem. Au centre et en bas d’un grand « V » tracé par des taches brun-rouge évoquant les contours de la ville, surgit une forme blanche, source de lumière, « rejetée hors les murs » selon votre expression. Une trouée lumineuse, granuleuse, dont on ne sait pas trop s’il s’agit d’un crâne, car se dessinent deux yeux. Ici serait le Golgotha « le lieu du crâne ».
En approchant de votre œuvre nous voyons que c’est une croix (latine) qui marque le centre de cette trouée blanche. Une croix comme pour « définir une situation géographique », selon vos mots. Mais la croix est vide, lumineuse, renversée au sol, couchée vers nous qui regardons ce paysage depuis le ciel.
F.-X. de Boissoudy : Une fois que le dessin a été lavé, qu’il a été immergé et retravaillé, que reste-t-il ? Une vibration lumineuse pour dire la Présence divine. Sylvie Germain (co-auteur du livre de mon exposition Stat Crux) affirme que ce tableau est comme un « condensé de ma série Face à face ainsi que celle qui est intitulée Visages.»
S. Bethmont : Un « face à face » c’est ainsi que vous nous présentez le mystère de la croix. Le Christ a été élevé de terre et il attire tout à lui (Jn 12, 32). Tous les hommes et les femmes autour du crucifié forment comme une danse.
F.-X. de Boissoudy : Jésus s’est toujours laissé entourer par la foule, jusqu’à être touché. En s’incarnant il s’est mis à la hauteur de ses interlocuteurs. Pour parler de la présence du Christ dans nos vies, il m’a fallu sortir des images connues et laisser advenir des images reçues dans la prière. Pour répondre à la demande des Bernardins, à cet appel, il m’a fallu retrouver le Christ des Écritures. J’ai représenté la croix mais aussi sa généalogie biblique, le Serpent d’airain (ou de bronze), cité dans le du Livre des Nombres et par Jésus lui-même comme une figure de la croix (Nb 21 et Jn 3, 14). Ici la femme est dans la lumière et les serpents envahissent le premier plan.
S. Bethmont : La lumière irradie du serpent d’airain, alors que l’homme est courbé dans l’ombre.
F.-X. de Boissoudy : Cette boue colorée que je travaille, est traversée par la lumière paradoxale de la croix. « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tout à moi » dit le Christ, puissance incarnée qui accepte, par amour, de se faire toute faiblesse (Jn 12, 32). Chacun de nous fera l’expérience de la mort , mais le Christ, en faisant cette expérience, nous épargne la souffrance en la prenant sur lui et il nous fait monter jusqu’à lui. Le monde de Dieu est celui de l’Amour, il est en nous et nous en lui. Et chacun dispose du choix de se laisser enfermer par les ténèbres ou de se dresser dans la lumière.
S. Bethmont : La croix demeure, ferme, dressée sur le monde. Vous dites qu’il faut regarder le monde, non avec les yeux de la chair, mais avec ceux de la foi.
F.-X. de Boissoudy : Le Christ nous relie à tout ce qui vit et aime. Mon art est celui de la rencontre, un art du face à face, et non celui du Jésus historique. Pour moi, l’art sacré est celui qui atteste la Présence de Dieu pour nous aujourd’hui. Le Christ a les bras levés sur la croix, pour nous accueillir : « Vous tous qui ployez sous le fardeau », « Venez et voyez » (Ps 65, Mt 11, 28).
— entretien réalisé par Sylvie Bethmont
Enseignante d’iconographie biblique à l’École cathédrale de Paris (collège des Bernardins) depuis 1999, elle est l'auteur d’une trentaine d’articles d’histoire de l’art (médiévale) et d'ouvrages de méditation et de catéchèse. Parmi ceux-ci : Le Seigneur des absides. Images du Christ dans quelques absides du IVe au XXIe siècle, éd. Parole et Silence, cahier de l’Ecole cathédrale,
n°121 et Le livre de prière des Grands-Parents, Mame
L'œuvre peinte de François-Xavier de Boissoudy a fait l'objet de nombreux livres. Le dernier en date, consacré aux œuvres de son exposition Stat Crux est à paraître aux Éditions Première Partie, avec comme intervenants : Sylvie Germain, Robert Redecker, Martin Steffens, Olivier Kaeppelin, Didier Pourquery et Paule Amblard.
Mystères, livre sur les mystères du rosaire, réunissant la poésie de Natalia Trouiller et la peinture de François-Xavier de Boissoudy, préfacé par Jean-Pierre Lemaire, aux Éditions Première Partie (clic)
Que ton règne vienne, livre d'art avec les textes de Thibaud de Montaigu et Christophe Carrau, aux Éditions Conférence (clic)
Aux Éditions Corlevour (clic) :
Un chemin de croix, poèmes de Jean-Pierre Denis
Paternité, texte de Fabrice Hadjadj
Béatitude, texte de Martin Steffens
Marie, La vie d'une femme, texte de Michel-Marie Zanotti-Zorkine
Résurrection, Miséricorde, texte de François Boespflug
Vous trouverez le détail de la programmation de l'Opus V des Bernardins et les évènements qui jalonneront cette exposition, sur le site du Collège des Bernardins (clic)
]]>Bossuet recourt à la prosopopée, discours fictif – la Mort restant silencieuse –, où il fait parler successivement le roi David et Tertullien, Arnobe, saint Paul, tout en intercalant une méditation lyrique à la première personne.
1ère partie de l’Exorde : « Me sera-t-il permis aujourd'hui d'ouvrir un tombeau devant la cour, et des yeux si délicats ne seront-ils point offensés par un objet si funèbre ? Je ne pense pas, messieurs, que des chrétiens doivent refuser d'assister à ce spectacle avec Jésus-Christ. C'est à lui que l'on dit dans notre évangile : Seigneur, venez, et voyez où l'on a déposé le corps de Lazare ; c'est lui qui ordonne qu'on lève la pierre, et qui semble nous dire à son tour : venez, et voyez vous-mêmes (...). C'est une étrange faiblesse de l'esprit humain que jamais la mort ne lui soit présente, quoi qu'elle se mette en vue de tous côtés, et en mille formes diverses. On n'entend dans les funérailles que des paroles d'étonnement de ce que ce mortel est mort. Chacun rappelle en son souvenir depuis quel temps il lui a parlé, et de quoi le défunt l'a entretenu ; et tout d'un coup il est mort. Voilà, dit-on, ce que c'est que l'homme ! Et celui qui le dit, c'est un homme ; et cet homme ne s'applique rien, oublieux de sa destinée ! Ou s'il passe dans son esprit quelque désir volage de s'y préparer, il dissipe bientôt ces noires idées ; et je puis dire, messieurs, que les mortels n'ont pas moins de soin d'ensevelir les pensées de la mort que d'enterrer les morts mêmes (…). Mais peut-être que ces pensées feront plus d’effet dans nos cœurs si nous les méditons avec Jésus-Christ sur le tombeau de Lazare ? »
2e partie de l’Exorde : « Ainsi nous n'avons qu'à considérer ce que la mort nous ravit, et ce qu'elle laisse en son entier ; quelle partie de notre être tombe sous ses coups, et quelle autre se conserve dans cette ruine ; alors nous aurons compris ce que c'est que l'homme (…).
1er point : Qu'est-ce donc que ma substance, ô grand Dieu ? J'entre dans la vie pour en sortir bientôt ; je viens me montrer comme les autres ; après, il faudra disparaître. Tout nous appelle à la mort : la nature, presque envieuse du bien qu'elle nous a fait, nous déclare souvent et nous fait signifier qu'elle ne peut pas nous laisser longtemps ce peu de matière qu'elle nous prête, qui ne doit pas demeurer dans les mêmes mains, et qui doit être éternellement dans le commerce : elle en a besoin pour d'autres formes, elle la redemande pour d'autres ouvrages. Cette recrue continuelle du genre humain, je veux dire les enfants qui naissent, à mesure qu'ils croissent et qu'ils s'avancent, semblent nous pousser de l'épaule, et nous dire : retirez-vous, c'est maintenant notre tour. Ainsi, comme nous en voyons passer d'autres devant nous, d'autres nous verront passer, qui doivent à leurs successeurs le même spectacle. Ô Dieu ! Encore une fois, qu'est-ce que de nous? Si je jette la vue devant moi, quel espace infini où je ne suis pas ! Si je la retourne en arrière, quelle suite effroyable où je ne suis plus ! Et que j'occupe peu de place dans cet abîme immense du temps ! Je ne suis rien : un si petit intervalle n'est pas capable de me distinguer du néant ; on ne m'a envoyé que pour faire nombre ; encore n'avait-on que faire de moi, et la pièce n'en aurait pas été moins jouée, quand je serais demeuré derrière le théâtre (…). »
Le 1er point aboutit à l’idée de notre néant, à la fuite du temps, à la brièveté de la vie.
2d point : Preuves de la dignité de l’homme qui se distingue de la création
« Sans doute, il y a au dedans de nous une divine clarté : « un rayon de votre face, ô Seigneur, s'est imprimé en nos âmes : (...). » C'est là que nous découvrons, comme dans un globe de lumière, un agrément immortel dans l'honnêteté et la vertu : c'est la première raison, qui se montre à nous par son image ; c'est la vérité elle-même, qui nous parle et qui doit bien nous faire entendre qu'il y a quelque chose en nous qui ne meurt pas, puisque Dieu nous a fait capables de trouver du bonheur, même dans la mort. Tout cela n'est rien, chrétiens ; et voici le trait le plus admirable de cette divine ressemblance. Dieu se connaît et se contemple ; sa vie, c'est de se connaître : et parce que l'homme est son image, il veut aussi qu'il le connaisse être éternel, immense, infini, exempt de toute matière, libre de toutes limites, dégagé de toute imperfection. Chrétiens, quel est ce miracle ? Nous qui ne sentons rien que de borné, qui ne voyons rien que de muable, où avons-nous pu comprendre cette éternité ? Où avons-nous songé cette infinité ? »
1ère preuve : le génie humain
2e preuve : l’immortalité de l’âme
3e preuve : le sentiment de l’infini « Ô éternité ! Ô infinité ! dit saint Augustin, que nos sens ne soupçonnent pas seulement, par où donc es-tu entrée dans nos âmes ? Mais si nous sommes tout corps et toute matière, comment pouvons-nous concevoir un esprit pur ? Et comment avons-nous pu seulement inventer ce nom ? (…) »
Conclusion : « Comme un vieux bâtiment irrégulier qu'on néglige, afin de le dresser de nouveau dans un plus bel ordre d'architecture ; ainsi cette chair toute déréglée par le péché et la convoitise, Dieu la laisse tomber en ruine, afin de la refaire à sa mode, et selon le premier plan de sa création : elle doit être réduite en poudre, parce qu'elle a servi au péché.
Ne vois-tu pas le divin Jésus qui fait ouvrir le tombeau ? C'est le prince qui fait ouvrir la prison aux misérables captifs. Les corps morts qui sont enfermés dedans entendront un jour sa parole, et ils ressusciteront comme le Lazare ; ils ressusciteront mieux que le Lazare, parce qu'ils ressusciteront pour ne mourir plus, et que la mort, dit le Saint-Esprit, sera noyée dans l'abîme, pour ne paraître jamais : et mors ultra non erit (Et la mort ne sera plus, Apocalypse 21, 4) (...). »
La métaphore filée de l’édifice, inspirée de saint Paul, domine la fin du sermon et met en antithèse le vieux bâtiment irrégulier humain et le bel ordre d’architecture divin. La rigueur du raisonnement de Bossuet fait place dans cette péroraison à l’élan mystique final destiné à toucher les cœurs : la résurrection de Lazare annonce la résurrection universelle à la fin des temps en une gradation saisissante. Les Oraisons funèbres de Bossuet (d’Henriette de France, 1669, de sa fille Henriette d’Angleterre, 1670, du Prince de Condé, 1687) sont aussi, au-delà de l’éloge des défunts célèbres, des formes de "Sermons sur la mort".
— Martine Petrini-Poli
(professeur de lettres en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme de Saône-et-Loire)
Du 15 mars au 13 juillet 2024
Visite libre du mardi au samedi, de 10h à 18h
Entrée libre
Visites guidées organisées chaque semaine dans l'exposition. Renseignements & inscriptions ici (clic)
Pour les visites de groupes, c'est par ici (clic)
Mission 128
128 rue du Bac 75007 Paris
www.missionsetrangeres.com
L'arrivée en 1549 de saint François-Xavier au sud du Japon permet une expansion rapide et efficace du catholicisme. Progressivement, la multiplication de la présence des missionnaires jésuites et la permission d'évangéliser accordée par les autorités locales fait augmenter le nombre de baptisés. Trente ans après, débarque sur les côtes nippones le jésuite italien Alessandro Valignano, visiteur des missions en Inde et Extrême-Orient. Il organise l'envoi de la première ambassade à destination de l'Europe. Composée de quatre jeunes samouraïs chrétiens, l'ambassade Tenshō arrive à Rome et rencontre le pape Grégoire XIII le 23 mars 1585.
Cependant, une première interdiction du christianisme est édictée en 1587 par le shōgun Toyotomi Hideyoshi, ordonnant aux missionnaires de quitter le Japon. Progressivement, à partir de 1614, les shōgun promulguent un ensemble de lois dans le but d'éliminer le catholicisme et d'instaurer un contrôle étroit de la population : chaque famille doit être enregistrée auprès d'un temple bouddhiste, des panneaux sont installés dans les villes pour rappeler l'interdiction du christianisme et encourager la dénonciation des chrétiens. Des martyrs importants auront lieu à Kyōto en 1619, à Nagasaki en 1622 et Edo (Tōkyō) en 1623. La torture systématique apparaît au cours des années 1630 dans le but de favoriser l'apostasie. Au cours de ces grandes persécutions, on estime que 650 000 personnes auraient perdu la vie pour défendre leur foi.
Les Missions Étrangères de Paris (MEP) arrivent au XIXe siècle, avec le soutien du Saint-Siège pour refonder une mission au Japon. Le premier traité franco-japonais est signé en 1858 mais le Japon n'accepte la présence de ministres des cultes que pour les Occidentaux, le christianisme restant interdit aux Japonais. Les missionnaires s'installent donc dans les concessions réservées aux étrangers dans trois ports ouverts au commerce international : Hakodate, Kanagawa (Yokohama) et Nagasaki. Le 17 mars 1785 un groupe de Japonais se présentent au P. Bernard Petitjean : c'est la résurgence du christianisme à Nagasaki. Commencent alors d'intenses échanges entre chrétiens japonais et missionnaires français que relatent les rapports envoyés au séminaire des MEP. Les missionnaires décrivent l'organisation, les rites et les éléments doctrinaux de ces groupes qui se sont transmis secrètement une foi farouchement interdite pendant 250 ans, sans prêtres et avec très peu d'écrits.
Mais à nouveau, avec l'écroulement du régime politique en place et la restauration du régime impérial en 1868, les oligarques de Meiji (classe dirigeante de l'époque) adoptent une ligne très dure et promeuvent une théocratie impériale fondée sur le shinto. Commence alors la persécution la plus longue et la plus éprouvante pour les chrétiens japonais, jusqu'en 1872-73. La détente sera due à l'évolution de certains intellectuels japonais qui demandent la séparation de la religion et de l'État, et à la dénonciation commune de la politique anti-chrétienne de la part des diplomates occidentaux. Les panneaux d'interdiction du christianisme sont enlevés en février 1873 et les chrétiens déportés peuvent rejoindre leurs villages : la liberté religieuse leur est accordée. Malgré l'accalmie de l'élan missionnaire, conséquence de cette dernière vague de persécutions, les missionnaires chrétiens prennent le temps de mettre au point des instruments pour la catéchèse et la préparation aux sacrements à partir du vocabulaire utilisé par les chrétiens japonais pendant le temps de la proscription.
En 1873, l'étau se desserre enfin sous la pression des délégations étrangères : un édit de tolérance autorise la religion chrétienne pour les japonais. Ceux qui avaient été arrêtés et avaient survécu aux conditions de détention sont relâchés. Beaucoup se retrouvent alors dans une grande pauvreté car leurs bien ont été spoliés. Des missions itinérantes s'organisent ; un passeport intérieur, limitant le séjour au même endroit à trois jours, pousse des missionnaires à sillonner le territoire.
En 1889, la première Constitution du Japon accorde la liberté religieuse, bien que strictement encadrée. C'est la consécration en droit de ce que le gouvernement accordait de fait depuis 1873. Cela permet à l'Église de sortir de ses enclaves, de s'implanter en diocèses et de faire appel à des congrégations religieuses pour élargir l'activité missionnaire et créer de nombreux orphelinats, écoles et dispensaires : dominicains, franciscains, jésuites reprennent le chemin du Japon d'où ils avaient été chassés deux siècles et demi plus tôt.
Au début du XXe siècle, le Japon glisse à nouveau vers un régime totalitaire (domination de Taïwan en 1895, succès de l'armée impériale contre les Russes en 1905, annexion de la Corée en 1910, invasion de la Manchourie en 1931). L'Église doit s'adapter sans se compromettre... La hiérarchie se japonise de manière accélérée et un accord se fait autour de la question des rites dus à l'Empereur, ce qui permet de garder une certaine liberté religieuse. Avec la guerre qui s'internationalise dans le Pacifique à partir de 1942, la situtation des étrangers au sein de l'Église du Japon devient de plus en plus difficile. La capitulation du Japon le 15 août 1945 laissera un pays dévasté où tout est à reconstruire. Mais la liberté religieuse devient totale et protégée par la Constitution de 1946, toujours en vigueur aujourd'hui.
Selon les statistiques publiées par la conférence épiscopale du Japon en 2023, 0,34% de la population serait catholique. Cependant, ce chiffre ne tient pas compte des catholiques 'enregistrés', système hérité du temps des persécutions pendant lequel tout habitant devait être 'inscrit' au temple bouddhiste de son quartier. Avec les migrants, en particulier latino-américains, arrivés à partir des années 1990, ou bien ceux issus des Philippines et, plus récemment du Vietnam, on estime la population catholique actuelle au Japon à environ 1%.
Bien que les catholiques ne représentent qu'une petite part de la population japonaise, de nobreuses institutions (hôpitaux, écoles, universités, centres d'aides) confèrent au catholicisme une présence importante dans la société. L'Église consacre beaucoup d'énergie aux œuvres sociales : assistance aux SDF et personnes fragiles ou handicapées, migrants, jeunes, familles en difficultés, prisonniers et bien sûr accompagnement des victimes des phénomènes naturels nombreux au Japon.
Après la seconde Guerre Mondiale, la proclamation de la liberté religieuse dans la Constitution permet la floraison de livres de catéchisme, de prière, d'outils pour étudier la Bible et d'initiatives pour mettre la Parole de Dieu à portée de tous. Comme dans d'autres pays, le champ artistique, notamment par les mangas, mais aussi Internet, participent à la transmission et à la diffusion de la foi catholique.
(source : dossier de presse de l'événement)
Samedi 23 mars
[Conférence] Le catholicisme au Japon : art et histoire du XVIe au XIXe siècle
Mme Sylvie Morishita, commissaire de l'exposition
Jeudi 25 avril
[Concert] Récital de piano donné à la Chapelle de l'Épiphanie
par le maître japonais Jun Kanno
Mercredi 12 juin
[Cinéma] Projections de films sur le Japon
Renseignements & réservations : 01 44 39 91 21 │ www.missionsetrangeres.com/agenda
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L'Ensemble Vedado
Dagmar Šašková, mezzo-soprano
Ronald Martin Alonso, viole de gambe et direction
Damien Pouvreau ou Daniel de Morais, théorbe
Ronan Khalil, orgue et clavecin
présente
Tenebris – Leçons de Ténèbres d'Alexandre de Villeneuve (1677-1756)
vendredi 15 mars à 20h
Tarif : 12€ (réduit : 8€)
Renseignements et réservations : 03 86 94 84 30 │ contact@lacitedelavoix.net
La Cité de la Voix
4 rue de l'hôpital
89450 Vézelay
L’ensemble Vedado est une formation à géométrie variable associant différents instrumentistes et chanteurs selon les besoins du répertoire, sous la direction du violiste Ronald Martin Alonso. L’ensemble se spécialise dans la création de projets musicaux autour de la musique baroque et contemporaine sur instruments baroques. C’est en 2011 que l’ensemble réalise son premier projet autour de l’œuvre du compositeur cubain Esteban Salas, maître de chapelle à la Cathédrale de Santiago de Cuba de 1764 jusqu’à sa mort en 1803. De nombreux projets s’ensuivront, mettant en valeur le répertoire pour viole de gambe. L’ensemble a réalisé deux enregistrements, À la Marésienne (label K617) et Les Folies Humaines tous deux dédiés au compositeur Marin Marais.
En savoir plus (clic)
]]>interpréteront :
samedi 9 mars à 16h
Église Notre-Dame des Blancs-Manteaux
12 rue des Blancs-Manteaux
75004 Paris
M° Hôtel de Ville, Rambuteau
Participation libre
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vitrine de la galerie saint-séverin, Paris,
pour l'exposition un jour nouveau © jean-marc cerino
credit photo : Martine Sautory
Chaque matin les actualités délivrent les nouvelles, répétitives, d’un monde qui charrie son flux de violences et d’injustices. À ce constat, qu’on lit déjà dans l’Ecclésiaste : « Rien de nouveau sous le soleil », Péguy répondait en opposant au ressassement du quotidien le surgissement de l’art ou de la littérature : « Homère est nouveau, ce matin, et rien n'est peut-être aussi vieux que le journal d'aujourd'hui » (1914, Note sur Bergson).
Je pensais à cette force toujours nouvelle de l’invention artistique en découvrant Un nouveau jour, l’exposition de Jean-Marc Cerino dans la singulière Galerie Saint-Séverin, qui accueille pour un an frère Marc Chauveau comme commissaire d’exposition.
Il ne faut assurément pas passer trop vite le long de cette vitrine-galerie, ni regarder l’image rapidement en cherchant un simple choc visuel instantané. Arrête un peu ton pas, promeneur ! Il se trouve ici quelque chose de merveilleux à voir, une réalité extra- – ou infra – ordinaire, une chose qui peut te concerner, te toucher, pourvu que tu stoppes ta marche, un instant, un long instant.
Alors, la photographie trop rapidement aperçue d’une femme devant les ruines de Berlin en 1945, ouvre à une expérience nouvelle. On découvre ce qui est en fait une peinture sur les deux faces d’une plaque de verre, cette matière transparente symbole de la fragilité, puisque le verre est à la fois dur et fragile, prêt à se briser en mille éclats et capable d’affronter le passage du temps, sans même s’altérer. Sur ce verre, support rare en peinture qu'utilisa notamment Marcel Duchamp, Jean-Marc Cerino a soigneusement transcrit trait pour trait une ancienne photographie anonyme, en travaillant avec de l’huile et de la cendre sur une face du verre, et avec de l’huile et de la peinture synthétique de l’autre face. Minutieux travail de reproduction, de répétition du cliché qui nous invite, nous spectateurs de 2024, à regarder autrement cette image passée, ces ruines de 1945, à en faire une (re)création contemporaine.
La violence et les guerres n’ont, hélas, rien de nouveau et sont contemporaines de tous les âges de notre humanité. Et pourtant, en peinture, cette femme qui regarde Berlin en ruine fait aujourd’hui comme un contrepoids au cours tragique du monde. On ne voit pas son visage, mais sa silhouette, droite et élégante, semble remettre d’aplomb une histoire, un siècle, qui s’est déroulé selon un cours inverse à nos rêves ou à nos désirs. En écho à cette composition esseulée derrière la vitrine, on croit même entendre une voix qui rompt avec la sempiternelle reprise des tragédies : « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (Apocalypse 21-5). Plus que d’une simple promesse, il s’agit de l’avènement ici et maintenant d’Un jour nouveau dans les décombres d’un ordre toujours ancien, toujours actuel.
Exposée dans cette vitrine offerte aux passants, cette peinture se révèle plus qu’une illustration de la vertu, théologale, de l’Espérance. Elle nous fait entrer dans un autre ordre, celui de l’expérience chrétienne d’un monde nouveau, entr’aperçu dans cette fragile illumination de Cerino.
Chaque jour, un matin nouveau se lève qui a la force de déchirer et métamorphoser le quotidien, le « quotirien » du train-train des actualités, en faisant, pour nous et avec nous, toutes choses nouvelles.
— Paul-Louis Rinuy
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