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Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

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La cathédrale, présence chrétienne dans la cité

Publié le : 7 Décembre 2009
Présenter la cathédrale dans la cité, c'est projeter une lumière sur les rapports qui se sont, au cours des âges, établis entre l'Église de Dieu et la Cité des Hommes.

Ce qu’est l’Église, ce qu’est la prière d’un peuple, ce qu’est la vie sacramentelle, toute église certes le dit plus ou moins, mais la cathédrale, telle qu’elle a été voulue aux siècles de sa construction, telle qu’elle est aujourd’hui parmi nous en nos cités, l’exprime et le proclame de la façon la plus prestigieuse.

Les cathédrales participent d’une certaine manière à la sacramentalité de l’Église et, par tout le symbolisme qu’elles portent en elles, elles sont un langage vivant.

Qu’en peut saisir la sensibilité de l’homme aujourd’hui ? Chacun peut vibrer au langage que lui tient cet édifice mystérieux dans lequel il ne pénètre pas sans être « impressionné », sans faire instinctivement en lui et autour de lui le silence.

C’est que la cathédrale est un signe, un ensemble de signes. « Sacrement», dans une acception très large, elle est le symbole de réalités mystérieuses et la voie d’accès qui y conduit, en faisant passer du visible, de l’image, du concret, à la réalité de l’invisible, au mystère. Remplie de symboles et de signes sacrés, elle est elle-même, par un certain visage de l’Église qu’elle présente au monde, un signe qui non seulement fait connaître et comprendre ce que sont l’Église locale, les diocèses, la communauté chrétienne et sa vie sacramentelle, le rôle et l’autorité de l’évêque, mais manifeste quelque chose du mystère même de l’Église universelle.

À ce monde « désenchanté » (Max Weber), voire « dédivinisé », elle évoque le mystère du salut de l’humanité, elle va jusqu’à «révéler » une vision du monde et de l’au-delà qui est comme une présentation concrète du message évangélique et du dessein salvifique que Dieu propose à tout homme, quelle que soit sa culture 1. Non, ce monument n’est pas une œuvre morte, ce n’est pas un temple païen vide, ce n’est pas un joyau d’architecture qu’il s’agirait seulement de conserver intact. La cathédrale est vivante !

Beaucoup ne seront intéressés que par sa masse de pierre, par l’œuvre considérable que représentent ses dimensions. Ils évalueront le nombre de mètres cubes de matériau, les problèmes de leur acheminement, de leur élévation dans des voûtes de 30 à 40 mètres de hauteur, dans des flèches de 162 mètres, comme à Strasbourg. On se demandera combien de générations d’architectes, de maçons, de sculpteurs, de marguilliers, se seront succédé dans sa construction, dans le respect d’un programme originel et l’adjonction presque toujours harmonieuse des constructions surajoutées pour répondre à des besoins nouveaux, ou au style des époques successives. On essaiera d’imaginer les concours du peuple qu’il aura fallu pour l’édifier.

ela amène une question qui provoque la réflexion : pour quoi ? Pourquoi avoir planté au milieu de la ville un tel monument ? Les cathédrales sont, parmi les monuments du passé, ceux qui ont traversé les siècles et sont le mieux conservés. Elles nous disent ce que fut la foi chrétienne du Moyen Age. Elles le disent encore pour aujourd’hui, animées par la vie quotidienne des chrétiens, et surtout par les grandes manifestations de la vie diocésaine.

 

Et si, pour les regarder, on se réfère à ce que la théologie a de plus actuel, on est invité à pénétrer au plus profond d’elles-mêmes dans la lumière intérieure du mystère qui est diffus dans leur masse monumentale.

 
Cathédrale Notre-Dame de Sées

 

Ne croyons pas qu’il s’agisse là seulement de ces émotions d’esthètes, sensibles à la beauté naturelle qui se dégage de la pénombre dans laquelle apparaissent l’harmonie des volumes, l’élégance des arcs, la douce lumière du vitrail. Le rôle de l’évêque, dont la cathédrale contient le siège, la cathedra, reste majeur et nous fait saisir qu’à travers la personne de l’évêque entouré de son presbyterium, c’est le Seigneur Jésus Christ lui-même qui est là présent au milieu du peuple.


Mieux que n’importe quel autre terrain de rencontre, la cathédrale est un lieu privilégié pour évaluer les rapports de la foi et de la culture, et pour apprécier l’harmonie qui existe entre culture et christianisme.

Celui-là donc qui ne verrait dans sa cathédrale, que la conservation d’un monument de l’art d’une époque, se rendrait inapte à comprendre ce pour quoi elle existe, inapte à un dialogue indispensable pour décider des problèmes de son entretien et de son adaptation à la vie du peuple de Dieu.

Puisse la connaissance de telles richesses vivantes provoquer un accroissement de l’admiration que portent à la cathédrale ceux qui en sont informés et qui deviennent ainsi capables de les habiter !

+ Mgr Paul Carrière *


* Reprise de son intervention dans les actes du colloque La cathédrale aujourd'hui, tenu à Pont-à-Mousson en 1987. Edité chez Desclée en 1992
________

1) Voir le rapport de Mgr Coffy à Lourdes « Église signe du salut au milieu des hommes », Centurion, 1971.

2) Dans le dialogue à poursuivre entre conservateurs et usagers, entre le ministère de la Culture et les instances ecclésiales diocésaines, il y aurait grand profit à s’inspirer, surtout quand il s’agit de création, du chapitre II de la Constitution Gaudium et spes (nn 52-62) intitulé « l’essor de la culture ».

Article extrait des Chroniques d’art sacré, n° 83, 2005 © SNPLS

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