La chasuble: de Mgr Rodolfi aux ateliers européens - Koinè 2015
Publié le : 11 Mai 2015
Pour cette exposition ont été sélectionnées 27 chasubles ayant un langage innovant, réalisées par des artistes du textile de toute l'Europe. Ils ont réinterprété le thème du vêtement liturgique avec des techniques et des codes linguistiques dérivant du monde de l'art et qui respectent scrupuleusement la liturgie. Dans le parcours du musée, une présentation historique permettait de mesurer l'importance de la personnalité de Mgr Ferdinando Rodolfi, évêque de Vicenza de 1911 à 1943. Celui-ci avait anticipé en Italie le retour à la noble simplicité adoptée par le Concile Vatican II.
En 1923, l’évêque débutait son engagement pour le renouvellement des vêtements sacrés: cette même année, en effet, il rappelait dans le “Bulletin Ecclésiastique” les mesures minimales que les chasubles devaient avoir et rappelait qu'elles devaient être confectionnées avec des matériaux de qualité, comme la soie. L’évêque avait d’ailleurs donné l'exemple en faisant confectionner en 1925 une très belle série de vêtements de différentes couleurs liturgiques, « qui rappelaient les usages du passé, quand l’art était l'ornement incontournable de la religion et que l'esthétique n'avait pas livré à l'industrialisation ses meilleurs éléments ». La “boite à violon” était ainsi remplacée par la chasuble qui se rapprochait, dans la forme, à celle de l'ancienne cape romaine. L’évêque en précisait les mesures car la cape devait être grande. Les nouvelles chasubles étaient tissées avec la soie filée de cocons doubles, très résistante.
Les chasubles contemporaines, créées par les artistes de différents ateliers internationaux et exposées tout au long des salles du Musée, ont offert d’intéressants exemples des possibilités issues de la sensibilité contemporaine en dialogue avec la liturgie. Elles ont également stimulé la réflexion sur le projet des vêtements liturgiques. En effet, comme affirmé par Mgr. Guido Genero, membre du Comité Scientifique de Koinè Recherche, « dessiner, coudre, porter la chasuble induit une conscience théologique et anthropologique, mais donne aussi un avertissement nouveau de type ecclésiastique et de célébration ».
Il ajoute « même la décoration de la chasuble exige une réflexion: tout d'abord il s'agit d'un vêtement et non d'un espace à décorer et encore moins à remplir pour raconter quelque chose. Il peut être des éléments de richesse décorative, même la simple coupe de la veste ou l'étoffe. La sensibilité actuelle suggère même d'élargir la recherche vers des nouveaux matériaux et tissus, d’utiliser le dessin abstrait inspiré des courants d'art contemporain, d’unir dignité et qualité dans les propositions ».
Ce parcours d’exposition a permis une comparaison diachronique sur les formes, les tissus, les décors qui au long des siècles ont rendu les vêtements liturgiques plus précieux. Il démontre qu’aujourd'hui encore, tout en respectant la forme essentielle ample à cape et un registre d'expression équilibré, il est possible d'atteindre des résultats esthétiques originaux en accord avec la liturgie actuelle.
Koinè Recherche 2015.