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Naissance d’un évangéliaire 4/4 : la réalisation éditoriale

Publié le : 30 Septembre 2016
Suite à la nouvelle traduction liturgique de la Bible parue en 2013, la mise à jour des ouvrages à l’usage du culte s’impose. Parmi eux l’évangéliaire, destiné à la proclamation de l’Evangile à la messe, est l’un des plus importants : tel une icône, l’évangéliaire est le signe de la présence, dans l’assemblée, du Christ ressuscité. Fruit d’une étroite collaboration de plusieurs mois entre la Commission Épiscopale Francophone pour les Traductions Liturgiques (CEFTL), les éditions MAME et l’artiste Odile de Rousiers, le nouvel évangéliaire paraît mi-novembre 2016. Retour sur le processus artistique et éditorial d’un ouvrage hors du commun avec ses principaux acteurs.

Elisabeth Hebert, en tant que directrice artistique des éditions MAME, vous avez suivi le processus éditorial du nouvel Évangéliaire.

Volonté de répondre aux nouveaux codes graphiques de l’époque, aux nouveaux « goûts », et faire de cet ouvrage un livre « beau » pour le plus longtemps possible, il ne peut pas « vieillir ». Et enfin la dimension sacrée de l’ouvrage, qui oblige le graphiste à s’effacer derrière le texte, le design, de garder une forme d’humilité.

La réalisation d’un tel ouvrage, hors du commun dans son histoire et dans son usage, était-elle une première pour les éditions MAME ?

Elisabeth Hébert: Les éditions Mame fêteront bientôt leurs 250 ans. Cette maison a donc déjà contribué à la réalisation de ce type d’ouvrage. Cependant, c’est une première pour notre équipe constituée depuis 15 ans. Les éditions Mame, depuis 3 ans déjà, réalisent la refonte éditoriale et graphique d’ouvrages liturgiques, autour du nouveau texte de la Bible. Ce travail conséquent est donc entamé depuis plusieurs années maintenant. Directrice artistique depuis 16 ans chez Mame, c’est donc une première pour moi, même si l’évangéliaire conclut un cycle de création entamé il y a 3 ans.

Comment fait-on apparaître les questions liturgiques et la dimension sacrée d’un tel livre ? (couverture/intérieur) Jusqu’où allait votre liberté artistique et éditoriale ?

E.H: Pour un graphiste, trois aspects cohabitent en permanence dans le processus de création de ce type d’ouvrages, très rare à maquetter. Tout d’abord, le respect des questions liturgiques : qualité de lecture, respect des règles nécessaires à cette lecture, lisibilité et fonctionnalité. Un livre comme l’Évangéliaire doit être le plus lisible possible. Mais aussi la volonté de répondre aux nouveaux codes graphiques de l’époque, aux nouveaux « goûts », et faire de cet ouvrage un livre « beau » pour le plus longtemps possible, il ne peut pas « vieillir ». Et enfin la dimension sacrée de l’ouvrage, qui oblige le graphiste à s’effacer derrière le texte, le design, de garder une forme d’humilité. Ma volonté était de rendre ce livre le plus universel possible, pour le plus longtemps possible.

C’est un travail d’équipe et un travail « au service de… ». Je me suis sentie libre car à l’écoute. La Conférence des évêques de France, les évêques que j’ai rencontrés, Frédéric Bergeret, ainsi que David Gabillet, mon directeur éditorial, étaient confiants, mais sans doute étaient-ils confiants car je me suis mise à leur service : ma volonté était de faire écho aux évangéliaires précédents tout en disant quelque chose de notre époque — le choix d’un papier blanc, de couleurs contemporaines, d’un design signifiant mais simple en interprétant l’œuvre d’Odile de Rosiers — a toujours été écoutée.

Comment gère-t-on le processus créatif d’un tel objet ? Quelles en sont les étapes ? Quel type de contraintes avez-vous rencontré ?

E.H: De nombreuses étapes ponctuent un travail de presque 18 mois. Le mien a commencé très en amont, avec le choix et la rencontre de l’artiste, Odile de Rosiers, qui nous a fait l’honneur de nous confier ses œuvres d’art que nous avons « interprétées ». Ce premier travail graphique a permis de faire les choix techniques et esthétiques sur les questions de fabrication. Cuir, papier, carton, reliure… Il fallait d’abord savoir ce que nous voulions dire avant de commencer. Mon second travail a été la réalisation de l’intérieur de l’ouvrage. Choix des typographies, gestion des blancs, lisibilité, c’est sans doute ce qui doit répondre aux plus fortes contraintes (nombre de pages, poids de l’ouvrage, lisibilité, etc.), et donc ce qui demande le plus d’investissement. Tout cela se fait toujours en concertation, avec de nombreux allers-retours, pour arriver au meilleur résultat possible. C’est un moment où j’écoute beaucoup pour interpréter au mieux le brief.

L’équipe éditoriale prend alors le relais pour le montage rigoureux de l’ouvrage pendant plusieurs semaines d’affilée. J’accompagne l’équipe éditoriale dans ce montage en la conseillant le mieux possible, mais c’est avant tout son travail. Puis je me suis attelée à la réalisation finale de la couverture et de son coffret, qui nécessite beaucoup d’essais (maquettes en blanc) pour que tout soit parfait à la fin. Vient l’attente de l’objet finalisé : c’est toujours un moment un peu long et angoissant…

Que retiendrez-vous de cette expérience ?

E.H: Une grande joie, intellectuelle et humaine. Un grand honneur aussi. J’ai conscience que ce travail est très rare dans la carrière d’un directeur artistique, et que je ne le referai peut-être jamais.

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