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Naissance d’un évangéliaire 3/4 : la commande à l’artiste

Publié le : 16 Septembre 2016
Suite à la nouvelle traduction liturgique de la Bible parue en 2013, la mise à jour des ouvrages à l’usage du culte s’impose. Parmi eux l’évangéliaire, destiné à la proclamation de l’Evangile à la messe, est l’un des plus importants : tel une icône, l’évangéliaire est le signe de la présence, dans l’assemblée, du Christ ressuscité. Fruit d’une étroite collaboration de plusieurs mois entre la Commission Épiscopale Francophone pour les Traductions Liturgiques (CEFTL), les éditions MAME et l’artiste Odile de Rousiers, le nouvel évangéliaire paraît mi-novembre 2016. Retour sur le processus artistique et éditorial d’un ouvrage hors du commun avec ses principaux acteurs.

Rencontre avec Frédéric Bergeret, secrétaire général à l'Association épiscopale liturgique pour les pays francophones (AELF), qui fut le relai entre la maison d’édition MAME et l’artiste Odile de Rousiers :

Pouvez-vous nous décrire comment sera ce nouvel Evangéliaire ?

Frédéric Bergeret : Cet Evangéliaire sera lumineux ! Notre souhait était de donner aux communautés et aux paroisses un ouvrage où la lumière avait la place principale. Que l’ouvrage puisse se voir et habiter l’espace, et cela que l’on parle d’une nef de cathédrale ou d’une église modeste.
Pour cela, des teintes argentées et bleue ont été préférées à d’autres plus sombres, plus classiques. Nous avons fait le choix de ne pas reprendre un traditionnel cuir marron, trop souvent utilisé pour les ouvrages liturgiques, afin de sortir l’Evangéliaire de son unique nature de livre. Il est bien plus que cela.

Pour autant, notre impératif de beauté ne devait pas entraîner que l’Evangéliaire devienne un ouvrage hors de prix ! Les Evêques étaient très sensibles au fait que toutes les communautés, et non pas seulement les plus riches puissent se le procurer. En plus de cela, le poids de l’édition précédente et sa taille représentaient des obstacles supplémentaires. Nous avons donc fait le pari d’un ouvrage plus petit et donc plus léger. Mais on y retrouve les matériaux nobles : le cuir, le fer argentée pour l’impression de la couverture, un papier de grande qualité.

 

 
 
 
 
 
 
Quels étaient les critères artistiques, le cahier des charges reçu par l’artiste ? Comment le choix s’est-il porté sur Odile de Rousiers ?

F.B : Le souhait des Evêques de la CEFTL était que l’ouvrage, en procession, puisse être lisible. Il fallait qu’il puisse être reconnaissable, non pas seulement dans sa fonction dans la liturgie, mais aussi par ce qu’il contient. Le programme iconographique de la couverture reprend donc cette volonté : signifier la Passion du Christ, puis sa Résurrection. Encore une fois, la lumière des matériaux et des couleurs choisis pour cette édition aide à prendre conscience que l’on n’est pas en présence d’un banal recueil de texte.

Pour l’illustration de la couverture et de l’intérieur, nous cherchions un artiste contemporain qui pourrait illustrer le propos de Sacro Sanctum Concilium, la « noble simplicité » de la liturgie.
Les œuvres d’Odile de Rousiers portent en elles un pouvoir d’évocation très fort. Il est facile d’accéder à une perception de son propos artistique à la simple observation de ses tableaux et de leurs motifs puissants. Comment « dire » la Passion, comment représenter la Résurrection ? Malgré l’importance des œuvres illustrant ces scènes, chacun de nous en a une vision personnelle. Les œuvres d’Odile de Rousiers laissent au regard la liberté d’y associer sa propre perception.

L’artiste l’explique d’ailleurs : « Couleurs, lignes de force, directions, vibrations, mythes, symboles, sont un langage universel. Sans avoir recours aux mots, ils pénètrent au cœur des sensations, des émotions et de l’inconscient. Chacun peut ainsi interpréter et réagir de façon unique en fonction de ses expériences ou de son vécu. »

Pour définir la place de la couleur dans ses œuvres, Odile de Rousiers préfère nous confier ces quelques vers, tirés du poème « Correspondances » des Fleurs du Mal de Baudelaire :

Comme de longs échos qui de loin en loin se confondent

Dans une ténébreuse et profonde unité

Vaste comme la nuit et comme la clarté

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent

Pour Odile de Rousiers, « le bleu argent irisé du fond de la couverture de l’évangéliaire, rappelle la couleur juste avant l’aube et annonce l’espoir d’une nouvelle aube de la chrétienté ».

 

 
 
 
 
 
 
Les œuvres sélectionnées étaient-elles préexistantes ?

F.B : En effet, notre calendrier de travail ne nous permettait malheureusement pas de demander à Mme de Rousiers de réaliser plusieurs œuvres originales. Nous avons donc fait avec elle une sélection des œuvres préexistantes dont nous pourrions nous inspirer pour l’Evangéliaire, puis les évêques de la CEFTL ont choisi. Je dois témoigner ici de leur unanimité dans leur décision, et de leur souhait de voir une œuvre contemporaine et lisible de tous orner cette réalisation.

Comment s’est déroulée la collaboration avec l’artiste ?

F.B : A bien y réfléchir, la partie la plus longue et la plus intéressante a été la phase initiale durant laquelle nous avons présenté à Odile de Rousiers le rôle, la présence d’un tel ouvrage. Se sentait-elle de participer à l’édition d’un pareil livre ? Que cela disait-il de son travail, de son rapport à la religion, à la liturgie ? Une fois que la « rencontre » entre Odile et ce livre était faite, la suite du travail a été très simple. 

Ce projet fut un ensemble de rencontres de personnes, d’univers, de foi. C’est en partie pour cela qu’il a beaucoup d’importance à mes yeux.


Ils parlent de l'oeuvre d'Odile de Rousiers...

« Le travail d’Odile de Rousiers aime à se confondre avec une vision poétique du monde. Elle parle volontiers du sens des matériaux qu’elle emploie, de la texture qui résonne avec la couleur, qui elle-même vibre entièrement avec la lumière et les battements de notre âme ». (Claire Génin)

« [Le temps] se glisse dans l’écart entre formes de son apparition, qui peut-être complète ou partielle, distincte ou floue, l’application et l’empreinte, négative ou positive, ce qui crée un espace structurel et événementiel, en suspension ; la couleur ne s’alliant pas aux formes, toujours monochrome, selon les séries, est aérienne, l’élément viral dans lequel surgissent ou disparaissent les formes. Médium diffus, elle marque son décalage avec l’or qui est substance de la forme, passant de l’invisible au visible, de l’intemporel au temporel. Mais l’or est fragile, adhère à peine, s’effeuille tout en tenant vers une densité intense, structuré par pans et parcelles superposés. […] Ces dimensions, lointaines et proches, dans l’unité de la figure, sont peut-être le secret de l’icône ». (Icône de l’espace, extrait de texte d’Helga Muth sur la peinture d’Odile de Rousiers).


Odile de Rousiers, après des études aux Beaux-Arts ainsi que des études de psychologie, vit et travaille en Bourgogne :  www.odilederousiers.fr

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