Séraphine de Senlis, de l’ombre à la lumière

Avant de travailler comme employée de maison pour des familles bourgeoises de Senlis, Séraphine fut domestique de 1881 à 1901 au couvent de la Charité de la Providence de Clermont-de-l’Oise. Elle en conserve une forte empreinte religieuse, de la Vierge surtout, qui lui aurait inspiré sa vocation d’artiste. 
Cette sensibilité guidera l’artiste tout au long de son processus de création.

C’est grâce au collectionneur et marchand d’art allemand Wilhem Uhde (1874-1947), chez qui elle est femme de ménage, que Séraphine est remarquée. Lorsqu’il découvre le travail de cet artiste autodidacte, la Première Guerre mondiale survient et Wilhem Uhde doit quitter la France.  Ce n’est qu’en 1927 lors d’une exposition organisée par la Société des Amis des Arts à Senlis, qu’il retrouve Séraphine : les six toiles de l’artiste, réalisées avec une technique mixte complexe à base de Ripolin, frappent une fois encore le regard de l’esthète. Elles représentent alors des petites natures mortes aux couleurs restreintes, composées de fruits accrochées à un branchage.

L’année suivante, Wilhem Uhde l’associe à d’autres peintres autodidactes (Camille Bombois, André Bauchant, Louis Vivin) qu’il présente sous le nom de Primitifs modernes, refusant le qualificatif impropre de « naïfs ». Il leur consacre une exposition en 1928, « Peintres du Cœur Sacré », et leur consacre un ouvrage, Cinq maîtres primitifs (1947), articulé autour du Douanier Rousseau.
A la pointe de l’avant-garde, Wilhem Uhde prend la défense du « génie du cœur et de l’intuition », éloigné « du talent de la raison et de l’intelligence ». Sa démarche s’inscrit dans l’un des courants forts de l’art depuis la fin du XIXe siècle, qui remise les dogmes de l’art savant au profit de cultures « autres », exotiques ou « populaires ».

Après son succès à l’exposition senlisienne de 1927, Séraphine Louis crée des toiles de grands formats représentant une flore tropicale et paradisiaque, aux couleurs flamboyantes et lumineuses, enrichie de plumes. Sa volonté de représenter fidèlement les motifs diminue et ses compositions, aux thèmes de botaniques diversifiés, se complexifient.

Séraphine ne donnait pas de titre à ses tableaux. L’Arbre de vie, symbole de la vie éternelle planté dans le jardin d’Eden, a été choisi par Wilhem Uhde et sa sœur, soucieux de lui donner une dimension sacrée.

Pour Wilhem Uhde, Séraphine se distingue des autres Primitifs modernes par sa peinture tournée vers l’expression d’un monde intérieur, sortes de « confessions extatiques »  qui résulte également d’une psychologie fragile.
Les œuvres tardives plus tourmentées, à la lisière de l’abstraction, annoncent d’ailleurs le déclin mental qui mettra un terme à sa création picturale. Nombreux sont les symboles recherchés dans sa peinture, aussi bien sur le plan psychanalytique que spirituel.

  Informations pratiques
Séraphine de Senlis, de l’ombre à la lumière, jusqu’au 26 janvier 2015
Musée d’Art et d’Archéologie
Place Notre-Dame
60300 Senlis
Horaires
Lundi-jeudi-vendredi : 10h - 12h et 14h - 18h
Mercredi : 14h - 18h
Samedi-dimanche et jours fériés (sauf les 24-25-31 décembre et 1er janvier) : 11h - 13h et 14h - 18h
Renseignements
03 44 24 86 72
www.musees-senlis.fr
Tarifs : Plein : 4€ / réduit : 2€ - Gratuit pour les moins de18 ans.