Aller au contenu. | Aller à la navigation

Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

Bonjour, notre site va bénéficier d’une refonte dans les prochains mois. L’activité de Narthex est actuellement réduite. Nous vous remercions de votre compréhension.

L'amour, la mort et la vie se cotoient au Monastère royal de Brou

Publié le : 28 Août 2015
Dans la continuité d’une politique dynamique en art contemporain, la Ville de Bourg-en-Bresse et le Centre des monuments nationaux présentent l’exposition À l’ombre d’Éros – l’amour, la mort, la vie ! du 20 juin 2015 au 4 janvier 2016. Cette exposition s’enracine dans l’histoire du monastère royal de Brou, monument funéraire, mais aussi preuve d’un amour qui se voulait éternel, bâti dans la pierre et le marbre au début du XVI par Marguerite d’Autriche en mémoire de son époux Philibert le beau. Ce monument incarne Éros (dieu de l’Amour) et Thanatos (personnification de la Mort), ces deux mouvements essentiels de notre vie et de l’histoire de l’humanité, à la fois opposés et complémentaires. Ces questions universelles, présentes dans toute l’histoire de l’art, sont revisitées à la lumière de notre modernité par 48 artistes contemporains. Par leur intermédiaire, le visiteur est invité à un récit initiatique, le conduisant de la naissance à l’amour, qu’il soit conjugal, amical, filial ou universel, de la maturité à la mort, qu’elle soit due à la vieillesse, la maladie, la guerre, vers l’espoir d’une possible renaissance.

A cette occasion, l’ensemble du monastère royal de Brou est totalement investi. Le dialogue induit entre ce chef d’œuvre du XVIe siècle et des créations des XXe et XXIe, permet sa (re)découverte. Qu’il s’agisse de contraste ou de confrontation, d’association ou de parfaite intégration, le visiteur est invité au gré du parcours à porter un nouveau regard sur le lieu.  L’exposition est aussi une immersion dans toutes les formes de l’art contemporain, avec des œuvres essentiellement figuratives : peinture, sculpture, installation, photographie, vidéo, performance, art textile, art environnemental, à travers une sélection d’artistes plurielle, provenant d’horizons géographiques variés.

L’amour, la mort, la vie, dans l’église

Au-delà de l’Amour, le combat d’Éros, fondamentalement puissance vitale, puissance de création, se poursuit inlassablement contre les forces de la destruction et de la mort. Cette ambivalence commence dès le début du parcours dans le 1er cloître, avec une stèle dédiée à la terre - portant le nombre d’années de l’existence passée et à venir, et l’inscription «TERRA », de Werner Reiterer, placée poétiquement sous le magnolia. À gauche avant d’entrer dans l’église par le portail Sainte-Monique, une Fontaine d’amour de Ghyslain Bertholon, rend hommage au peintre de l’amour frivole, Jean-Honoré Fragonard. Cette sculpture monumentale plaçant un cœur au-dessus de la fontaine, reprend aussi un thème cher au Moyen Âge, celui de la fontaine de jouvence.

Ghyslain BERTHOLON, Fountain of love, White version, 2010-2011 © Courtesy School Gallery

Dans l’église, le spectateur peut admirer le reflet infini des tombeaux dans deux miroirs, création réalisée par Joël Paubel. Dans le 2e cloître, le portrait de Marguerite, tramé et agrandi sur l’un des miroirs, permet le reflet de la stèle de Philibert par Serra.

En montant sur le jubé, le spectateur peut se laisser surprendre par la Meute de loups de poussière de Lionel Sabatté. Ces figures rappellent la vanité de la vie terrestre (poussière, tu redeviendras poussière...). Sur la galerie principale du jubé, en résonance avec les effigies funéraires dans le chœur est exposée une sculpture pleine de réalisme et de sensualité, revisitant le thème du Gisant, de Tarik Essalhi.

JOËL PAUBEL À l’ombre d’Éros et de Psyché, 2014-2015 © Monastère royal de Brou, Ville de Bourg-en-Bresse, cliché Denis Vidalie

De la naissance à une autre vie...

Dans les salles d’exposition temporaire, nous plongeons à présent dans une sorte de récit initiatique. Il nous conduit de la naissance à l’amour, qu’il soit conjugal, amical, filial ou universel, à la maturité puis à la mort et vers l’espoir, enfin, d’une possible renaissance. L’introduction remonte aux sources de l’humanité, qui célèbre la beauté féminine et la fertilité maternelle, à l’origine de toute vie. Un « ventre de maternité » (Gelede), dont l’usage était d’être porté sur le torse par des danseurs lors de mascarades rituelles, est ainsi mis en relation avec son interprétation actuelle par Dimitri Fagbohoun, sous la forme d’une Vierge noire à l’Enfant. La Good Mother dessinée par Louise Bourgeois, montre quant à elle une autre figure de mère hantée. Cette section explore également l’imaginaire de la genèse biblique dont les figures de Gilles Barbier renvoient à Adam et Eve. Vient ensuite la relation entre parents et enfants symbolisés par les œuvres de Nan Goldin et Marina Abramović.

Cet amour universel sous-tend les Welcoming Hands de Louise Bourgeois, déclinant la sculpture monumentale installée en 2000 dans le jardin des Tuileries. Elle magnifie la générosité de deux mains anonymes qui s’ouvrent à une autre, peut-être celles d’un enfant et de ses parents.

Louise BOURGEOIS, The Welcoming Hands, 1996 © Louise Bourgeois Studio, New-York, Courtesy galerie Karsten Greve, Koln, Paris, St Moritz / Adagp, Paris 2015.

Vient ensuite le thème plus sombre de la mort. Johns Coplans pose un regard impitoyable sur son corps vieillissant, tandis qu’Alex van Gelder explore les méandres des mains fripées d’une Louise Bourgeois arrivée au terme de sa vie. Les vues de cimetières prises par Thierry Arensma racontent avec nostalgie les vies fânées de ceux qui nous furent chers. Ce sont, enfin les œuvres uniques et fascinantes, recouvertes d’un givre scintillant, de Laurent Pernot, un bouquet de fleurs et une montre à gousset figées dans le froid, suspendus dans un temps arrêté.

Laurent PERNOT Nature morte, 2015 © Courtesy Laurent Pernot et Galerie Odile Ouizeman/Adagp, Paris 2015

Un thème omniprésent dans toute l’histoire des arts inspirent également les artistes d’aujourd’hui : la Vanité. Parmi les œuvres présentées, nous pouvons évoquer l’œuvre de Jan van Oost : les doigts entrent dans les orifices oculaires d’un crâne en marbre et nous font toucher ce qui nous fait peur. Les frères Dinos et Jake Chapman évoquent par leurs œuvres troublantes les pulsions destructrices et mortifères dont l’homme est capable. 

Jan Van OOST Salomé, 2011 © Jan Van OOST

Par la suite, l’exposition ouvre vers un au-delà inconnu mais sublimé de différentes manières. Devant le retable des Clarisses et à proximité de la Mise au Tombeau se trouve l’installation Rose à l’Enfant de Julie Legrand, constituée de deux sarcophages-miroirs et de fils colorés, hommage à la grand-mère couturière tant aimée de l’artiste.

Julie LEGRAND, Rose à l’Enfant, 2015 © Monastère royal de Brou, Ville de Bourg-en-Bresse, cliché Denis Vidalie

L’apothéose de ce parcours nous menant au rêve d’une autre vie, d’une réincarnation qui se concrétise dans L’Échappée belle de Marie-Hélène Richard : 800 roses réalisées en plastique de récupération sortent de sous le couvercle du sarcophage resté dans la cour du 3e cloître, pour s’envoler dans les airs - et nous élever émerveillés avec elles.

MARIE-HÉLÈNE RICHARD L’ÉCHAPPÉE BELLE, 2015 TECHNIQUES MIXTES, DIMENSIONS VARIABLES © MONASTÈRE ROYAL DE BROU, VILLE DE BOURG-EN-BRESSE, CLICHÉ DENIS VIDALIE

Entre la guerre et l’amour

Dans la dernière section les œuvres exposées évoquent le lien entre la guerre et l’amour. Nous sommes, entre autre, confronté au baiser mythique entre Humphrey Bogart et Ingrid Bergman dans le film Casablanca, où l’amour et le désir physique surpassent la guerre qui fait rage autour.

La bande de velpeau brodée intitulée « L’amour blessé » de Sylvie Kaptur-Gintz reprend les lettres d’un soldat à sa fiancée, déroulant un chemin poétique de mots d’amour. L’appel fameux « faites l’amour, pas la guerre », pourrait de même légender le délicat Flower power de Brigitte Zieger, transformant un prospectus militaire en superbe pivoine. La broderie Judith et Holopherne d’Yveline Tropéa, qui est placée non loin du tableau de Della Vecchia illustrant ce thème, rappelle en revanche que le désir amoureux peut être dangereux et conduire à sa propre perte : c’est  en effet en le séduisant que la belle Judith aura la tête du général Holopherne...

La visite se termine par l’expérience d’un balancement sur L’Escarpolette de Piet.sO. Cet hommage à la peinture libertine de Fragonard tant de fois reprise, se combine à un lustre s’éclairant et s’éteignant au gré des mouvements. Une oeuvre vivante, oscilllant entre ombre et lumière, pour terminer ce riche dialogue entre l’amour et la mort au coeur du cycle de la vie.

Informations pratiques : 

À l’ombre d’Éros. L’amour, la mort, la vie !
Exposition du 20 juin 2015 au 4 janvier 2016

Monastère royal de Brou, 63 boulevard de Brou, 01000 BOURG-EN-BRESSE
Tel : 04 74 22 83 83
Fax : 04 74 24 76 70
brou@bourgenbresse.fr
brou.monuments-nationaux.fr / www.cheminsdelaculture.fr

Horaires
Du 1er avril au 30 juin : 9h-12h30 et 14h-18h
Du 1er juillet au 30 septembre : 9h-18h
Du 1er octobre au 31 mars : 9h-12h et 14h-17h

Tarifs
• plein tarif : 7,5 €
• tarif réduit : 6 €
• gratuit pour les moins de 26 ans, ressortissants de l’Union européenne, les enseignants de
l’Éducation Nationale, les demandeurs d’emploi, les bénéficiaires du RMI-RSA, les personnes
handicapées et leur accompagnateur (sur présentation d’un justificatif en cours de validité de
moins de 6 mois). La liste complète des exonérations et des réductions est disponible à l’accueil du monument.
 

Ces articles peuvent aussi vous intéresser
"In Situ" : quand l'art contemporain dialogue avec le patrimoine
Recherchez sur le site
Inscrivez-vous à la newsletter