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« Open Ended Now » - Melanie Manchot invitée au MAC VAL

Publié le : 29 Novembre 2018
Réelle découverte pour les uns, confirmation d’un univers singulier pour les autres, cette première grande exposition monographique en France de Melanie Manchot porte un regard sur 20 ans de création, à travers une sélection d’œuvres réalisées entre 1998 et 2018, et ouvre son champ grâce à de nouvelles productions. A découvrir jusqu’au 24 février 2019.

Melanie Manchot, Cornered Star, 2018.Installation video,  7’.©  Adagp, Paris 2018.

Un cheval gris pommelé à longue queue presque blanche se tient dans un décor urbain glaçant. Béton, asphalte, verre. Il garde un sabot décollé du sol. Il souffle, tourne la tête, flaire le trottoir, le gratte. Une succession de plans fixes en noir et blanc observe son désœuvrement dans un parking, une place vide et autres non-lieux. Dans la lumière blafarde du petit matin ou sous l’éclairage d’un lampadaire qui rend soudain l’image spectaculaire et parait effectivement faire de l’animal une star. Le contraste entre la brutale froideur de l’environnement désert et la palpitante vie de l’animal dégage autant de poésie que de questions. Cornered Star date de 2018. C’est une vidéo, noir & blanc, bande son stéréo originale de Béatrice Dilon (6'12), la seule à s’intéresser à un animal et la plus récente des œuvres de Mélanie Manchot exposées en ce moment au Mac Val, jusqu’au 24 février 2019. Cette singularité invite à ouvrir l’interprétation éthique univoque qu’aurait facilement suscitée le reste de l’exposition.

  

(à g.) Jeune public devant l'oeuvre 11-18, exposition Open Ended Now, Mac Val © M.B.
(à d.) Melanie Manchot, Extrait de 11/18, 2015. Installation video, 9  écrans, 18’. © Adagp, Paris 2018.

Toutes les autres pièces - une douzaine présentée chacune dans son stand ou avec ses gradins et casques audio - se concentrent sur l’humain urbain, son corps en relations avec la ville et les autres, à l’intime et au public. Dans l’œuvre de Mélanie Manchot, c’est une sélection clairement définie par les commissaires : « des œuvres collaboratives et événementielles » qui ont mis en place un dispositif « sans présager de ce qui se passerait devant la caméra ».

Melanie Manchot, Dance (All  Night, London), 2017.Installation vidéo, 3 écrans, 33’15”. © Adagp, Paris 2018.

On y trouve deux séries de photos de groupes sur une place de Moscou, où il est interdit de se réunir, et dans la bibliothèque de Cambridge, de femmes bengalies. Des vidéos « documentent » l’organisation de nuits dansées à Paris ou à Londres, la récolte de baisers auprès de passants interloqués, ou de rêves auprès de dormeurs d’un parc, la traversée d’une fête de rue, la marche silencieuse de milliers d’enfants à Hambourg, la suite en plans fixes de jeunes « tracers » qui investissent la ville ; en courant littéralement « hors des sentiers battus ». Ils inventent leur propre parcours par-dessus les murs, les toits et les échafaudages. On y trouve enfin la mise à nu, le déshabillage face caméra d’agents de sécurité bodybuildés devant la porte qu’ils sont censés garder et aussi, sur neuf canaux, une collection de plans filmés une heure par mois entre 11 et 18 ans d’une petite fille devenant jeune femme : dans ces deux dernières pièces l’artiste s’est toujours retirée laissant la personne filmée avec la caméra qu’elle a disposée et mise en marche. Le modèle, seul avec soi.

Melanie Manchot, Tracer, 2013. Installation vidéo,3écrans,19'43".© Adagp, Paris 2018.

Découvrir un univers, un monde de sensibilité et d’imaginaire, c’est le premier plaisir que peut offrir une exposition monographique. Surtout quand la scénographie, impeccable, permet de savourer chaque œuvre dans les meilleures conditions. J’habite la Ville avec ses contraintes, sa densité, sa prolifération, ses sollicitations. Qu’elle n’étouffe ni mon goût des autres, ni les dynamiques de transformation dans la mixité des échanges à profusion ; ni le silence palpitant qui m’éprouve vivant, irrigué par le souffle premier.

Là où l’instant présent demeure ouvert aux possibles, à l’esprit, en vérité. Libre, enfin dépouillé des mondanités. Open ended Now. L’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront en esprit et vérité « Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. » (Jn. 4,23-24).

Père Michel Brière

 

Toutes les informations pratiques pour visiter l'exposition en cliquant ici.

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