Aller au contenu. | Aller à la navigation

Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

Bonjour, notre site va bénéficier d’une refonte dans les prochains mois. L’activité de Narthex est actuellement réduite. Nous vous remercions de votre compréhension.

Hommage à Benoît XVI

Publié le : 28 Février 2013
Alors que l’Eglise universelle salue le pape Benoît XVI au jour où il renonce au ministère pétrinien, l’équipe de Narthex veut rendre un hommage reconnaissant au Saint-Père en vous proposant quelques textes dans lesquels il a abordé la question de l’art et de la beauté dans leur relation au sacré

 

 


Le pape Benoît XVI – Place Saint-Pierre, octobre 2012 – © FCL

« L’élimination de l’image, commencée en fait vers 1920, balaya, il est vrai, un monceau de kitsch et de représentations indignes, mais laissa derrière elle un vide artistique que nous ressentons cruellement aujourd’hui.

Que faire dans cette situation ? Nous voilà confrontés non seulement à une crise de l’art sacré, mais à une crise de l’art tout court, et dans des proportion s inconnues jusqu’ici. La crise de l’art n’est d’ailleurs qu’un symptôme de la crise existentielle de l’humanité. La domination du monde matériel a fermé l’homme à toute interrogation sur le sens de la vie, à tout ce qui pourrait le conduire au-delà de la matérialité.

On pourrait presque parler d’une cécité de l’intelligence. Comment devons-nous vivre, comment maîtriser le phénomène de la mort, notre existence a-t-elle une finalité et si oui laquelle ? Toutes ces questions ne trouvent plus aujourd’hui de réponse commune. Au nom de la rigueur scientifique, le positivisme a rétréci notre horizon à ce qui est démontrable, à ce qui peut être prouvé expérimentalement – il nous a rendu le monde opaque. Certes, les mathématiques existent toujours, mais le Logos, qui chez les Anciens présupposait les mathématiques, n’apparaît plus dans leur application. Notre monde figuratif ne va plus au-delà du monde manifeste, et le flot  d’images qui nous envahit marque en fait la fin de l’image. Il n’y a plus rien à voir au-delà de ce qui est susceptible d’être photographié. A ce point, ce n’est pas seulement l’art de l’icône, ni l’art sacré en général, qui devient impossible, mais l’art lui-même qui, après avoir expérimenté, dans l’impressionnisme et l’expressionnisme, les possibilités extrêmes de la vision sensible est devenu, à la lettre, sans objet. L’art est aujourd’hui le terrain d’expérimentation de mondes auto-créés, d’une « créativité » vide qui ne s’ouvre plus au Creator Spiritus – à l’Esprit créateur. L’homme, dans la tentative de se substituer à l’Esprit, ne parvient à créer qu’une réalité arbitraire, dérisoire, où transparaît surtout l’absurdité de sa propre création.

L’arbitraire n’a pas sa place dans l’art sacré. Des formes artistiques qui limitent la représentation de la réalité à ce que peuvent en saisir les sens privés de la lumière du Logos, sont incompatibles avec la fonction de l’image dans l’Église. L’art sacré, sous quelque forme que ce soit, ne peut être le fait d’une subjectivité isolée, d’un être travaillant pour lui seul. Il présuppose au contraire un sujet formé intérieurement par l’Église à la dimension communautaire, universelle, de la foi. C’est ainsi seulement que l’art pourra rendre visible la foi commune et parler à nouveau au cœur du croyant. La liberté artistique qui doit exister dans le domaine spécifique de l’art sacré n’a rien de commun avec l’arbitraire de l’art moderne.../…Sans la foi, en effet, il n’y pas d’art en conformité avec la liturgie. L’art sacré comme la liturgie est soumis à l’impératif défini par saint Paul dans la deuxième épître aux Corinthiens : « Et nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image, toujours plus glorieuse, comme il convient à l’action du Seigneur, qui est Esprit » (3,16). 

A l’évidence, l’art ne peut être « produit » comme on fabrique des équipements techniques. Il reste avant tout un don. L’inspiration ne se commande pas, elle s’accorde. Ni l’argent ni les commissions ne donneront lieu à un renouvellement de l’art sacré. Celui-ci présuppose le don d’une vision intérieure, d’une foi qui « voit » son Seigneur. Si nous retrouvons cette foi et cette vision, l’art naturellement retrouvera son expression juste »

Cardinal Joseph RATZINGER, L’Esprit de la liturgie – Editions Ad Solem – 2001 - pp. 109 et 110.

 

Giovanni BELLINI, La Prédication de saint Marc à Alexandrie - 1504-1507 – Huile sur toile, 347 cm x 770 cm - Pinacoteca di Brera, MILAN

 

« Qu’est-ce qui peut redonner l’enthousiasme et la confiance, qu’est-ce qui peut encourager l’âme humaine à retrouver le chemin, à lever le regard vers l’horizon, à rêver d’une vie digne de sa vocation sinon la beauté ? »

« Le peintre Georges Braque dit ‘L’art est fait pour troubler, alors que la science rassure’. La beauté frappe, mais c’est ainsi qu’elle rappelle l’homme à son destin ultime, qu’elle remet en marche, qu’elle le remplit à nouveau d’espérance, qu’elle lui donne le courage de vivre jusqu’au bout le don unique de l’existence. »

« Je vous encourage à exprimer toujours mieux, à travers la beauté de vos œuvres, le mystère de Dieu et le mystère de l’homme. »

 

Extraits du « Discours aux artistes » de Benoît XVI - 21 novembre 2009

 

 

L’ancien réfectoire du collège des Bernardins – XIIIème siècle - PARIS

 

« Le schéma fondamental de l’annonce chrétienne ad extra - aux hommes qui, par leurs questionnements, sont en recherche – se dessine dans le discours de saint Paul à l’Aréopage. N’oublions pas qu’à cette époque, l’Aréopage n’était pas une sorte d’académie où les esprits les plus savants se rencontraient pour discuter sur les sujets les plus élevés, mais un tribunal qui était compétent en matière de religion et qui devait s’opposer à l’intrusion de religions étrangères. C’est précisément ce dont on accuse Paul : « On dirait un prêcheur de divinités étrangères » (Ac 17, 18). Ce à quoi Paul réplique : « J’ai trouvé chez vous un autel portant cette inscription : "Au dieu inconnu". Or, ce que vous vénérez sans le connaître, je viens vous l’annoncer » (cf. 17, 23). Paul n’annonce pas des dieux inconnus. Il annonce Celui que les hommes ignorent et pourtant connaissent : l’Inconnu-Connu. C’est Celui qu’ils cherchent, et dont, au fond, ils ont connaissance et qui est cependant l’Inconnu et l’Inconnaissable. Au plus profond, la pensée et le sentiment humains savent de quelque manière que Dieu doit exister et qu’à l’origine de toutes choses, il doit y avoir non pas l’irrationalité, mais la Raison créatrice, non pas le hasard aveugle, mais la liberté. Toutefois, bien que tous les hommes le sachent d’une certaine façon – comme Paul le souligne dans la Lettre aux Romains (1, 21) – cette connaissance demeure ambigüe : un Dieu seulement pensé et élaboré par l’esprit humain n’est pas le vrai Dieu. Si Lui ne se montre pas, quoi que nous fassions, nous ne parvenons pas pleinement jusqu’à Lui. La nouveauté de l’annonce chrétienne c’est la possibilité de dire maintenant à tous les peuples : Il s’est montré, Lui personnellement. Et à présent, le chemin qui mène à Lui est ouvert. La nouveauté de l’annonce chrétienne ne réside pas dans une pensée, mais dans un fait : Dieu s’est révélé. Ce n’est pas un fait nu mais un fait qui, lui-même, est Logos – présence de la Raison éternelle dans notre chair. Verbum caro factum est (Jn 1, 14) : il en est vraiment ainsi en réalité, à présent, le Logos est là, le Logos est présent au milieu de nous. C’est un fait rationnel. Cependant, l’humilité de la raison sera toujours nécessaire pour pouvoir l’accueillir. Il faut l’humilité de l’homme pour répondre à l’humilité de Dieu.

Sous de nombreux aspects, la situation actuelle est différente de celle que Paul a rencontrée à Athènes, mais, tout en étant différente, elle est aussi, en de nombreux points, très analogue. Nos villes ne sont plus remplies d’autels et d’images représentant de multiples divinités. Pour beaucoup, Dieu est vraiment devenu le grand Inconnu. Malgré tout, comme jadis où derrière les nombreuses représentations des dieux était cachée et présente la question du Dieu inconnu, de même, aujourd’hui, l’actuelle absence de Dieu est aussi tacitement hantée par la question qui Le concerne. Quaerere Deum – chercher Dieu et se laisser trouver par Lui : cela n’est pas moins nécessaire aujourd’hui que par le passé. Une culture purement positiviste, qui renverrait dans le domaine subjectif, comme non scientifique, la question concernant Dieu, serait la capitulation de la raison, le renoncement à ses possibilités les plus élevées et donc un échec de l’humanisme, dont les conséquences ne pourraient être que graves. Ce qui a fondé la culture de l’Europe, la recherche de Dieu et la disponibilité à L’écouter, demeure aujourd’hui encore le fondement de toute culture véritable. »

Conclusion du Discours du pape Benoît XVI au monde la culture – 12 septembre 2008

 

Gérard de LAIRESSE, L’Institution de l’Eucharistie - 1664-1665 
Huile sur toile, 137 cm x 155 cm - Musée du Louvre, PARIS


« Les Papes Paul VI et Jean-Paul II, à la lumière de la Constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium, ont en particulier voulu réaffirmer l’objectif de la musique sacrée, c’est-à-dire «la gloire de Dieu et la sanctification des fidèles » (n. 112), et les critères fondamentaux de la tradition, que je me limite à rappeler: le sens de la prière, de la dignité et de la beauté; la pleine adhésion aux textes et aux gestes liturgiques; la participation de l’assemblée et, donc, l’adaptation légitime à la culture locale, en conservant dans le même temps l’universalité du langage; la primauté du chant grégorien, comme modèle suprême de musique sacrée, et la sage valorisation des autres formes expressives, qui font partie du patrimoine historique et liturgique de l’Eglise, spécialement, mais pas seulement, la polyphonie; l’importance de la schola cantorum, en particulier dans les églises cathédrales. Il s’agit de critères importants, à prendre attentivement en considération également aujourd’hui. Parfois, en effet, ces éléments qui se retrouvent dans Sacrosanctum Concilium, tels que, précisément, la valeur du grand patrimoine ecclésial de la musique sacrée ou l’universalité qui est caractéristique du chant grégorien, ont été considérés comme l’expression d’une conception correspondant à un passé à dépasser et à ignorer, car limitant la liberté et la créativité de l’individu et des communautés. Mais nous devons toujours nous demander à nouveau: qui est l’authentique sujet de la liturgie? La réponse est simple: l’Eglise. Ce n’est pas l’individu ou le groupe qui célèbre la liturgie, mais celle-ci est tout d’abord une action de Dieu à travers l’Eglise, qui possède son histoire, sa riche tradition et sa créativité. La liturgie, et en conséquence la musique sacrée, «vit d’un rapport correct et constant entre sana traditio et legitima progressio», en ayant toujours bien à l’esprit que ces deux concepts — que les pères conciliaires soulignaient clairement — se complètent réciproquement car « la tradition est une réalité vivante, et inclut donc en elle le principe du développement, du progrès » (Discours à l’Institut pontifical liturgique, 6 mai 2011; cf. ORLF n. 20 du 19 mai 2011).»

Extrait de la Lettre du pape Benoît XVI au grand chancelier de l’institut pontifical de musique sacrée – 13 mai 2011

 

Pierre-Cécile PUVIS DE CHAVANNES, Inspiration chrétienne - 1887-1886 Huile sur papier transposée sur toile, 105 cm x 130 cm - National Museum of American Art, WASHINGTON


« On pourrait dire que le patrimoine artistique de la Cité du Vatican constitue une sorte de grande « parabole », à travers laquelle le Pape parle à des hommes et à des femmes de toutes les parties du monde, et donc issus de multiples appartenances culturelles et religieuses, des personnes qui ne liront peut-être jamais l’un de ses discours ou l’une de ses homélies. On en vient à penser à ce que Jésus disait à ses disciples : à vous les mystères du Royaume de Dieu sont expliqués, alors qu’à ceux « qui sont dehors » tout est annoncé « sous l’énigme de paraboles » (cf. Mc 4, 10-12). Le langage de l’art est un langage en paraboles, doté d’une ouverture universelle particulière : la « via Pulchritudinis » est une voie capable de guider l’esprit et le cœur vers l’Éternel, de les élever jusqu’aux sommets de Dieu.

J’ai beaucoup apprécié le fait que, dans le film, on fasse plusieurs fois référence à l’engagement des Papes romains pour la conservation et la valorisation du patrimoine artistique ; et également, à l’époque contemporaine, pour un dialogue renouvelé de l’Église avec les artistes. La collection d’art religieux moderne des Musées du Vatican est la démonstration vivante de la fécondité de ce dialogue. Mais pas seulement celle-ci. Tout le grand organisme des Musées du Vatican — il s’agit en effet d’une réalité vivante ! — possède également cette dimension que nous pourrions appeler « évangélisante ». Et ce qui apparaît, c’est-à-dire les œuvres exposées, présuppose tout un travail qui n’apparaît pas, mais qui est indispensable, pour leur meilleure conservation et jouissance.

Je suis en particulier heureux de rendre hommage à la grande sensibilité pour le dialogue entre art et foi de mon bien-aimé prédécesseur le bienheureux Jean-Paul II : le rôle que la Pologne occupe dans cette production atteste ses mérites dans ce domaine.

Art et foi : un binôme qui accompagne l’Église et le Saint-Siège depuis deux mille ans,

un binôme qu’aujourd’hui aussi, nous devons valoriser davantage dans l’engagement d’apporter aux hommes et aux femmes de notre temps l’annonce de l’Évangile, du Dieu qui est Beauté et Amour infini. Je remercie à nouveau tous ceux qui, de diverses manières, ont collaboré à la réalisation de ce film-documentaire, et je souhaite qu’il suscite chez de nombreuses personnes le désir de mieux connaître cette foi qui sait inspirer de telles et nombreuses œuvres d’art. »

Extrait du discours du pape Benoît XVI à la suite de la projection du film « Art et Foi » - 25 octobre 2012

 

Bernardo CAVALLINO, L’Extase de sainte Cécile – 1645 – Huile sur toile 
Museo Nazionale di Capodimonte, NAPLES

 

« Votre congrès se déroule intentionnellement à l’occasion du 50e anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II. C’est avec plaisir que j’ai constaté que l’Association Sainte-Cécile a ainsi voulu reproposé à votre attention l’enseignement de la Constitution conciliaire sur la liturgie, en particulier là où — dans le sixième chapitre — elle traite de la musique sacrée. En cet anniversaire, comme vous le savez bien, j’ai voulu pour toute l’Église une Année de la foi spéciale, dans le but de promouvoir l’approfondissement de la foi chez tous les baptisés et l’engagement commun pour la nouvelle évangélisation. C’est pourquoi, en vous rencontrant, je voudrais souligner brièvement que la musique sacrée peut, en premier lieu, favoriser la foi et, en outre, coopérer à la nouvelle évangélisation.

À propos de la foi, on en vient spontanément à penser à l’histoire personnelle de saint Augustin — l’un des grands Pères de l’Église, qui vécut entre le IVe et le Ve siècle après Jésus Christ — à la conversion duquel contribua assurément, et de manière notable, l’écoute du chant des psaumes et des hymnes, dans les liturgies présidées par saint Ambroise. En effet, si la foi naît toujours de la parole de Dieu — une écoute qui, naturellement, n’est pas seulement des sens, mais qui, des sens, passe à l’esprit et au cœur — il n’y a pas de doute que la musique, et surtout le chant, peuvent conférer à la récitation des psaumes et des cantiques bibliques une plus grande force de communication. Parmi les charismes de saint Ambroise se trouvait précisément celui d’une grande sensibilité et capacité musicale, et, une fois ordonné évêque de Milan, il mit ce don au service de la foi et de l’évangélisation. Le témoignage d’Augustin, qui à cette époque était professeur à Milan et cherchait Dieu, cherchait la foi, est très significatif à cet égard. Dans le dixième livre des Confessions, de son autobiographie, il écrit : « Et cependant quand je me rappelle ces larmes que les chants de votre Eglise me firent répandre aux premiers jours où je recouvrai la foi, et qu’aujourd’hui même je me sens encore ému, non de ces accents, mais des paroles modulées avec leur expression juste par une voix pure et limpide, je reconnais de nouveau la grande utilité de cette institution » (33, 50).

L’expérience des hymnes ambrosiens fut tellement forte, qu’Augustin les garda imprimés dans sa mémoire et les cita souvent dans ses œuvres; il écrivit même une apologie sur la musique, le De Musica. Il affirma ne pas approuver, au cours des liturgies chantées, la recherche du pur plaisir sensible, mais il reconnaît que la musique et le chant bien exécutés peuvent aider à accueillir la Parole de Dieu et à éprouver une émotion salutaire. Ce témoignage de saint Augustin nous aide à comprendre le fait que la Constitution Sacrosanctum Concilium, dans le sillage de la tradition de l’Église, enseigne que « le chant sacré, uni aux paroles, est une partie nécessaire et intégrante de la liturgie solennelle » (n. 112). Pourquoi « nécessaire et intégrante » ? Certainement pas pour des motifs purement esthétiques, dans un sens superficiel, mais parce qu’il coopère, précisément en raison de sa beauté, à nourrir et exprimer la foi, et donc à la gloire de Dieu et à la sainteté des fidèles, qui sont l’objectif de la musique sacrée (ibid.). C’est précisément pour cela que je voudrais vous remercier pour le précieux service que vous prêtez: la musique que vous exécutez n’est pas un accessoire ou seulement un ornement extérieur de la liturgie, mais elle est elle-même liturgie. Vous aidez toute l’assemblée à louer Dieu, à faire descendre au plus profond du cœur sa Parole : avec le chant vous priez et vous faites prier, et vous participez au chant et à la prière de la liturgie qui embrasse toute la création en glorifiant le Créateur.

Le deuxième aspect que je propose à votre réflexion est la relation entre le chant sacré et la nouvelle évangélisation. La Constitution conciliaire sur la liturgie rappelle l’importance de la musique sacrée dans la mission ad gentes et exhorte à valoriser les traditions musicales des peuples (cf. n. 119). Mais précisément aussi dans des pays d’ancienne évangélisation, comme l’Italie, la musique sacrée — avec sa grande tradition qui lui est propre, qui constitue notre culture, la culture occidentale — peut avoir et, de fait, a une tâche importante, pour favoriser la redécouverte de Dieu, une approche renouvelée du message chrétien et des mystères de la foi. Pensons aux célèbres expériences de Paul Claudel, poète français, qui se convertit en écoutant le chant du Magnificat au cours des Vêpres de Noël dans la cathédrale Notre-Dame de Paris : « Et c'est alors que se produisit l’événement qui domine toute ma vie. En un instant, mon cœur fut touché et je crus. Je crus, d’une telle force d'adhésion, d’un tel soulèvement de tout mon être, d’une conviction si puissante, d’une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute que, depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d'une vie agitée, n’ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher ».

Mais, sans rappeler des personnages illustres, pensons à combien de personnes ont été touchées au plus profond de leur âme en écoutant la musique sacrée; et encore davantage à ceux qui se sont sentis à nouveau attirés vers Dieu en raison de la beauté de la musique liturgique, comme Claudel. Et là, chers amis, vous avez un rôle important: engagez-vous à améliorer la qualité du chant liturgique, sans avoir crainte de retrouver et de valoriser la grande tradition musicale de l’Église, qui dans le chant grégorien et dans la polyphonie possède deux expressions très élevées, comme l’affirme le Concile Vatican II lui-même (cf. Sacrosanctum concilium, n. 116). Et je voudrais souligner que la participation active de tout le Peuple de Dieu à la liturgie ne consiste pas seulement à parler, mais également à écouter, à accueillir avec les sens et avec l’esprit la Parole, et cela vaut également pour la musique sacrée. Vous qui avez le don du chant, vous pouvez faire chanter le cœur de tant de personnes lors de célébrations liturgiques. »

Extrait du discours du pape Benoît XVI aux participants de la rencontre organisée par l’association Sainte-Cécile – 10 novembre 2012

 

Vous pouvez retrouver les principaux textes du pape Benoît XVI sur l’art grâce aux liens suivants

- http://liturgiecatholique.fr/-Benoit-XVI-.html

http://www.narthex.fr/blogs/itineraires-italiens-du-sacre/lannee-de-la-foi

- http://www.narthex.fr/blogs/itineraires-italiens-du-sacre/aaa-1

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2009/november/documents/hf_ben-xvi_spe_20091121_artisti_fr.html

Recherchez sur le site
Inscrivez-vous à la newsletter