Lucas Cranach et son temps, exposition inaugurale du Musée du Luxembourg (Paris)

Nous avions traité il y a quelques mois l’exposition « Le monde de Lucas Cranach » au musée des Beaux-arts de Bruxelles (BOZAR). Cette exposition, aujourd’hui présentée au Musée du Luxembourg, nous donne l’occasion d’approfondir deux aspects de la carrière artistique de Cranach l’Ancien : ses talents de graveur et son rôle de témoin par les images qu’il peint de la Réforme protestante.

Lucas Cranach L’Ancien, La Vierge allaitant l’enfant, vers 1515 huile sur panneau tilleul, 81,6 x 54 cm, Budapest, église réformée, collection Ràday
© Budapest, église réformée, collection Ràday

Cranach l’Ancien naît en 1472 à Kronach en Bavière et commence sa formation de peintre dans l’atelier de son père. Ses premières années artistiques sont sans doute influencées par les gravures d’Albrecht Dürer qui jouit à l’époque d’une grande notoriété. Après quelques années d’apprentissage à Vienne, Cranach l’Ancien est engagé en 1505 comme peintre officiel à la cour du prince électeur de Saxe, Frédéric Le Sage, à Wittenberg. Toute sa vie, Cranach va être au service de la cour des princes électeurs, exécutant pour eux des portraits, des gravures, des tableaux religieux….En remerciement de ses loyaux services, Luca Cranach se voit remettre dès 1508 des armoiries, un serpent ailé tenant une bague dans sa gueule qui lui servira désormais de signature.

« Frédéric le Sage cultive une piété flamboyante, fondée sur l’accumulation des mérites et des gestes votifs. […] Cranach reçoit alors la commande de nombreux retables dédiés à la Vierge, mais aussi aux saintes les plus vénérées : parmi elles, sainte Catherine, la patronne des savoirs, plusieurs fois honorée, notamment en 1506 d’un retable réalisé à l’occasion de la fondation de l’université de Wittenberg. Catherine est l’une des quatre « vierges capitales » (avec les saintes Barbe, Marguerite et Dorothée) dont le culte est particulièrement répandu et sollicité dans l’empire, depuis la fin du Moyen Âge, pour sa puissance collective d’intercession. On les retrouve par exemple dans un retable où elles entourent la Vierge à l’Enfant. » Naïma Ghermani, extraits de l’Album de l’exposition

Lucas Cranach L’Ancien, Le martyre de sainte Catherine, Circa 1508-09, huile sur panneau de bois, 112 x 95 cm, Budapest, Ráday Library of the Hungarian, Reformed church © Budapest, église réformée, collection Ráday

L’exposition du Musée du Luxembourg propose plus de 70 œuvres, dont beaucoup d’inédites par rapport à l’exposition de Bruxelles. Par la présentation de nombreuses gravures, elle offre la possibilité d’apprécier la grande qualité de graveur de Lucas Cranach et la circulation des œuvres gravées en Europe qui permet une diffusion des modèles allemands en Italie, en France et aux Pays-Bas notamment. La Capture du Christ issue du cycle de la Passion, est un bel exemple des talents de graveurs de Cranach. Cette gravure sur bois, date des premières années de la carrière de l’artiste. D’autres thèmes sont présentés en plusieurs exemplaires comme Le Repos pendant la fuite en Egypte, ce qui amène le visiteur à comparer ces gravures jusque dans les moindres détails. A partir de 1520, la gravure devient un des supports de prédilection de Cranach pour mettre en image les principes de la doctrine protestante.

Un des autres aspects majeurs ressortant de la visite de l’exposition parisienne est le foisonnement de portraits, ceux de têtes couronnées comme Frédéric le Sage ou Marguerite d’Autriche, mais aussi certains portraits de Martin Luther, ami de l’artiste et un autoportrait remarquable et unique. Par la représentation de nombreuses personnalités, Lucas Cranach témoignent des bouleversements politiques et religieux de son époque.

Lucas Cranach L’Ancien, Autoportrait, 1531, huile sur panneau de hêtre, Burgen, Schlösser Altertümer © GDKE Rheinland-Pfalz

« Si Cranach doit bien sûr l’essentiel de son succès à la grande qualité et à la limpidité de ses tableaux et estampes, l’énorme productivité de son atelier a aussi joué un rôle non négligeable en lui permettant d’accepter des commandes d’une ampleur alors unique en Europe. Il y a quelques années seulement, la recherche a commencé à s’intéresser davantage à l’existence d’un «Cranach catholique» à côté du «protestant». Le peintre, qui a littéralement donné un visage à la Réforme par ses portraits de Luther et établi une iconographie protestante, a en même temps, dans une large mesure, servi des commanditaires catholiques. Des adversaires résolus de Luther comme le duc Georges de Saxe, dit le Barbu (1471–1539) et le cardinal Albert de Brandebourg lui ont commandé non seulement des portraits mais aussi des œuvres religieuses. Pour l’église fondée à Halle par le cardinal, son atelier a peint entre 1519 et 1525 plusieurs tableaux et retables, 142 œuvres en tout ». Guido Messling, extraits du catalogue de l’exposition

Lucas Cranach L’Ancien, Deux volets avec des scènes de la vie de la Vierge Marie :
La Sainte Famille entourée par des anges (verso: armoiries du duché de Saxe) ; L’Éducation de la Vierge Marie (verso: armoiries des électeurs de Saxe), vers 1510-1512, technique mixte sur bois, Dessau, Anhaltische Gemäldegalerie 
© Dessau, Anhaltische Gemäldegalerie

Comme l’explique Guido Messling, commissaire de l’exposition, Lucas Cranach l’Ancien participe à la diffusion des doctrines protestantes tout en réalisant des commandes pour des personnalités catholiques. Sa notoriété importante de peintre, sa personnalité reconnue par les puissants et les milieux intellectuels ainsi que sa longévité à la cour des princes électeurs de Saxe, font de lui une des personnalités les plus originales et les plus étonnantes du XVIe siècle européen.

Lucas Cranach L’Ancien, Crucifixion, vers 1500, huile sur panneau de tilleul, Vienne, Kunsthistorisches Museum © Vienne, Kunsthistorisches Museum

Commissariat : Guido Messling, docteur en histoire de l’art
Scénographie : office Kersten Geers David Van Severen

Autour de l’exposition

- La visite guidée : L’univers de Lucas Cranach

Visite générale de l’exposition, en salle, 1h, pour les adultes (à partir de 13 ans).
A partir du 14 février : du lundi au vendredi à 15h, le samedi à 15h et 18h30, le dimanche à 12h30.

A partir du 1er mars : uniquement le samedi à 15h et 18h30, le dimanche à 12h30.
Forfait visite guidée + droit d’entrée : PT 18 €, TR 14,50 €.

Les visiteurs découvriront l'authenticité et l'originalité de Lucas Cranach, à travers ses peintures, dessins et gravures, son travail d'atelier mais aussi les liens étroits qui l'unissaient à ses contemporains européens, d'Allemagne, d'Italie et des Pays-Bas.

- Les visites « un jour, un thème »

A partir du 1er mars, le musée programme cinq visites thématiques. L’œuvre de Lucas Cranach peut être en effet abordée de mille façons et à travers des problématiques historiques ou sociétales qui sont autant de clefs d’entrée et de compréhension de sa peinture.
Forfait visite guidée + droit d’entrée : PT 18 €, TR 14,50 €.

Lucas Cranach : porte parole de l’humanisme
La peinture, expression d’une pensée politique et humaniste le lundi à 15h

Lucas Cranach et la Réforme
Lucas Cranach, peintre d’une nouvelle religion le mardi à 15h

Décrypter l’univers de Lucas Cranach
La symbolique des oeuvres de Lucas Cranach le mercredi à 15h

- La visite littéraire 

Cette visite est ponctuée de lectures de textes qui offrent une découverte sensible de l’œuvre et de l’univers de Lucas Cranach. le jeudi à 15h

Destins et figures de femmes dans l’œuvre de Lucas Cranach
L’image de la femme dans la peinture le vendredi à 15h

- Les activités « jeune public »

- les ateliers (8-12 ans)
À partir du 9 avril, 1h30 (visite de l’exposition : 40 min et atelier : 50 min)
Le mercredi et le samedi à 14h30. Pendant les vacances de printemps, le lundi, mardi, jeudi, vendredi à 11h. (Seuls les enfants participent). TU : 8,50 €. Trois ateliers sont proposés en alternance :

Des histoires fantastiques ? (arts plastiques)
Lucas Cranach invite bien des personnages dans ses tableaux : Hercule, Antée ou Omphale, Adam et Eve… Derrière les images se cachent des histoires, des récits fantastiques. Comme dans un décor de théâtre, Cranach met en scène ses tableaux et invente un langage symbolique pour raconter une histoire. Mais sans dire un mot ! A leur tour, nos jeunes artistes créeront un univers dans lequel les objets parlent. Pendant les vacances scolaires, à 11h les 12, 15,19 et 22 avril à 14h30, les 30 avril et 11 mai

Regards en coin (mime et photographie)
Statique le portrait ? Pas du tout ! Un sourire en coin, une main posée sur l’autre : rien n’est laissé au hasard ! Un portrait nous dit beaucoup de choses d’une personne. Ici, on aurait presque l’impression de pouvoir la toucher. Derrière l’image, c’est l’entourage et l’univers quotidien de Cranach qui se dessinent. Dans la peau du peintre ou du modèle, appareil photo en main, on tente de retrouver les étapes de la composition d’un portrait. Pendant les vacances scolaires, à 11h les 11, 14, 18, 21 avril à 14h30, les 27 avril ; 7 et 18 mai

L’œuvre en noir et blanc (arts plastiques)
Dans les œuvres de Lucas Cranach, on trouve côte à côte des peintures et des gravures. En couleurs ou en noir et blanc, les images racontent la même histoire mais pas de la même façon ! Que se passe-t-il dans l’atelier du peintre selon la technique qu’il choisit ? A y regarder de plus près, rien n’ai jamais laissé au hasard. Quels seront les choix des artistes conviés à l’atelier du musée ? Pendant les vacances scolaires, à 14h30 les 9, 13, 16, 20 et 23 avril à 14h30, les 4 et 14 mai

- La visite guidée en famille 

« Les histoires incroyables de Lucas Cranach » en salle 1h, pour les familles, à partir de 7 ans.
Lucas Cranach met en scène dans ses œuvres des personnages historiques et des héros de la mythologie ou des personnages religieux : autant d’histoires fantastiques qui se cachent derrière chaque tableau et nous dévoilent l’univers du peintre. Tous les samedis et dimanches à 11h (à partir du 19 février 2011, sauf jours fériés et le dernier week-end d’exposition). Visites supplémentaires à 14h30 les mercredis 23, 30 mars et 6 avril. Forfait visite guidée + droit d’entrée : PT 18€, TR 14.50 € (13-25 ans, demandeurs d’emploi, Fan), 6,50€ pour les 8-12 ans. Gratuité pour les moins de 7 ans.

Programme des activités pour les groupes scolaires sur www.museeduluxembourg.fr

Informations pratiques

Cranach et son temps
9 février – 23 mai 2011

Musée du Luxembourg
19 Rue de Vaugirard
75006 Paris

Cette exposition est organisée par la Rmn-Grand Palais, en collaboration avec Bozar qui a conçu et présenté sa première étape au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles à l’automne 2010. www.museeduluxembourg.fr

Ouverture
Tous les jours de 10h00 à 20h00, nocturnes le vendredi et le samedi jusqu’à 22h.
Fermeture exceptionnelle le 1er mai.

Tarifs
11 €, TR 7,50 € (13-25 ans, familles nombreuses, demandeurs d'emploi, conférenciers et guides interprètes nationaux et internationaux, professeurs d’art, artistes professionnels).

Gratuité pour les moins de 13 ans, les bénéficiaires du RSA et de l’ASS et du minimum vieillesse, pour les personnes handicapées civiles et les mutilés de guerre, pour les groupes scolaires jusqu’à la fin des études secondaires, pour les groupes d’enseignants en activité, pour les membres de l'ICOM, pour les guides, conférenciers ou enseignants munis d'une réservation pour un groupe, pour les journalistes.

Billet spécial famille : 29,50 €, 2 adultes/2 jeunes : gratuité pour le 2eme jeune de 13 à
25 ans.

Les visites-guidées :
En salle, 1h, pour les adultes (à partir de 13 ans). Du lundi au vendredi à 15h, le samedi à 15h et 18h30, le dimanche à 12h30. PT : 18 €, TR : 14,50 €, public exonéré du droit d’entrée : 8,50 €.

L’audioguide adultes :
À partir de 13 ans, disponible en français, anglais, espagnol et allemand.
PT : 4 €, TR : 2 € (pour tout bénéficiaire de TR ou de la gratuité du droit d’entrée et pour les détenteurs du « billet famille »). Une sélection de 19 chefs-d’œuvre vous permet de découvrir la variété de la production de Lucas Cranach et l’originalité de son univers pictural.

L’audioguide enfants (7 à 12 ans) :
Disponible en français, TU : 2 € Cet audioguide propose un parcours onirique : imaginaire, peinture et histoire dialoguent ensemble pour faire de la visite du musée une expérience esthétique et ludique. On se croirait au théâtre ! Lucas Cranach et son serpent ailé chuchotent à nos oreilles et donnent vie à des histoires fantastiques. Parcours en 11 étapes à travers l’exposition. Le contenu des audioguides adultes et enfants est téléchargeables au format mp3 pour tous les Smartphones sur www.museeduluxembourg.fr. TU : 2 €

Les ateliers pour enfants (8-12 ans)
À partir du 9 avril, 1h30 (visite de l’exposition : 40 min et atelier : 50 min).
Le mercredi et le samedi à 14h30. Pendant les vacances de printemps : lundi, mardi, jeudi, vendredi à 11h. (Seuls les enfants participent)
Trois ateliers sont proposés en alternance TU : 8,50 €.

La visite guidée en famille, « Les histoires incroyables »,
En salle 1h, pour les familles, à partir de 7 ans. à partir du 19 février 2011, sauf jours fériés et le dernier week-end d’exposition. Tous les samedis et dimanches à 11h. Visites supplémentaires à 14h30 les mercredis 23, 30 mars et 6 avril. PT : 18€, TR : 14.50 € (13-25 ans, demandeurs d’emploi, Fan), 6,50€ pour les 8-12 ans. Public exonéré du droit d’entrée : 8,50€. Gratuité pour les moins de 7 ans.

Renseignements : 01 40 13 62 00 (serveur vocal)

Accès :
M° ligne 4 : station St Sulpice
Rer B : arrêt à Luxembourg
Bus : lignes 84, 58, 89
www.museeduluxembourg.fr

Illustration des Unes de l'article : Lucas Cranach L’Ancien, Deux volets avec des scènes de la vie de la Vierge Marie : La Sainte Famille entourée par des anges (verso: armoiries du duché de Saxe) ; L’Éducation de la Vierge Marie (verso: armoiries des électeurs de Saxe), vers 1510-1512, technique mixte sur bois, Dessau, Anhaltische Gemäldegalerie © Dessau, Anhaltische Gemäldegalerie