Les fascinantes « Utopies partagées » de Georges Rousse

Le matériau premier de Georges Rousse est l’Espace. Il introduit une perspective et une action picturale à l’intérieur d’un espace qu’est la photographie. Ainsi, assurément photographe, Georges Rousse l’est autant que peintre, sculpteur et architecte. Car l’artiste joue avec les limites de notre perception : les formes colorées qui se détachent sur ses photographies ne sont pas le résultat de trucages numériques mais bien la reproduction de la vérité ! Il investit les lieux choisis en espace pictural : ces figures éclatées peintes in situ n’apparaissent que d’un point de vue unique, celui-là même où il place son appareil photo.

Marqué par le Land Art et par le Carré noir sur fond blanc de Malevitch, Georges Rousse nous invite à déconstruire ce que l’on a sous les yeux. A cheminer devant l’image : « on suit une ligne, on voit qu’elle part du sol, passe sur le mur, se glisse dans un coin, revient devant, va jusqu’au plafond pour redescendre, etc. ll y a anamorphose mais statique, immobile. L’objet est dans la photo mais il ne peut être capté ».

En effet, je réorganise le monde visible en un espace inédit et imprévu, mais le projet de l’artiste n’est-il pas de montrer le monde de façon imprévue ? » (Georges Rousse)

La quarantaine de tirages en grand format exposée à Lyon permet de retracer toutes les grandes étapes du parcours de cet artiste singulier. De la première œuvre figurative réalisée à Villeurbanne en 1982, à la plus récente anamorphose qu’il vient de créer en janvier 2014 dans un bidonville de Bombay. Mettre à la disposition des spectateurs le processus d’élaboration de ses images photographiques (esquisses, dessins préparatoires, carnets de voyages, vidéos), lui permet de leur partager sa rencontre avec ces lieux souvent promis à la démolition et l’expérience qu’il y vit.

Convaincu que l’art est un puissant outil pédagogique, il associe à ses chantiers artistiques depuis 1997 des jeunes en difficulté, et déclenche chez eux l’envie de se dépasser, de sortir du fatalisme pour réécrire leur histoire. « Mon travail s’organise généralement en fonction du pays, de la ville et du lieu précis que je vais trouver et transformer. Les photos réalisées sont différentes d’un pays à l’autre, elles se nourrissent d’un quotidien que je côtoie et observe, mais aussi des échanges humains dans l’accomplissement du travail avec les personnes qui partagent avec moi cette expérience ».

Un des espaces de l’exposition du Plateau est entièrement dédié à l’œuvre inédite réalisée à Bombay. L’œuvre éphémère réalisée avec la complicité de cinq jeunes Rhônalpins et Indiens y est reproduite grandeur nature. Une installation qui rend palpable cette incroyable rencontre, par l’art, des différents intervenants : « être tous rassemblés dans un même mouvement plastique et créatif, estompant les différences de culture et les barrières du langage ». 

Les frontières, Georges Rousse les abat également entre le réel et l’imaginaire, l’intérieur et l’extérieur, le premier plan et l’arrière-plan.

Associés à la fabrication de ses œuvres, les jeunes éprouvent que l’art est autant un patient et rigoureux chantier – avec des murs à percer, des angles à calculer, des formes à peindre – qu’un insondable mystère.

Découvrez en vidéo le travail de l'artiste, en Inde et ailleurs:

Georges Rousse - Utopies partagées par Rhone-Alpes

Informations pratiques

Georges Rousse – « Utopie partagées » jusqu’au 26 juillet 2014
Le Plateau, Espace d’exposition à Lyon,

1, esplanade François Mitterrand – Lyon 2e.
du lundi au vendredi de 10h à 18h et le samedi de 10h à 19h. 

04 26 73 40 00 - www.lyon.fr