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« Les Estivants » de Maxime Gorki, une tragédie optimiste

Publié le : 10 Mars 2015
C’est à l’instigation de Tchekhov que Maxime Gorki commence à écrire pour le théâtre entre 1902 et 1905. La plupart de ses pièces dénoncent la déchéance de la bourgeoisie, la faiblesse des intellectuels, appellent au respect de l’homme et montrent des ouvriers comme force de l’avenir.
La Comédie-Française fait entrer « Les Estivants » à son répertoire en 1983, mais le texte est présenté jusqu'au 25 mai 2015 dans une adaptation due à Peter Stein et Botho Strauss.

Moins connue que « Les Bas-Fonds », « Les Estivants », pièce née en 1904, aborde le thème de la villégiature dans un drame en quatre actes. Gorki y dépeint le quotidien d’une intelligentsia issue du peuple qui s’est coupée des réalités d’une société malmenée par l’histoire.

C’est à travers les paroles des femmes qu’on comprend mieux ce qu’est le monde qu'il nous décrit ! Ce sont elles qui, dans la pièce, font des choix. Elles ont leur vérité. Ce mot, et celui de fidélité, sont très importants pour Gorki. Vérité de ce que l’on est à un moment donné, de ce que l’on a traversé, de ce que l’on a vécu ; la vérité donne la force de pouvoir reconnaître là où l’on en est, de savoir pourquoi on en est là, indépendamment des aléas de la vie. » Gérard Desarthes, metteur en scène et Jean Badin, dramaturge

Comme chaque été, Bassov et sa femme Warwara retrouvent leurs amis dans une datcha en bord de mer. En retrait du monde, se réunissent ainsi une quinzaine d’individus oisifs qui emploient leurs journées à échanger sur l’amour, la mort, l’art ou la révolution. Mais deux nouveaux personnages, une intellectuelle engagée, Maria Lwovna, et un poète en panne d’inspiration, Chalimov, vont bousculer l’équilibre des vacanciers, obligeant les une et les autres à prendre position. Loin de la ville et de ses faux-semblants, les langues se délient, les rancœurs affleurent et les conflits sous jacents se font jour. Fils d’un monde crépusculaire, au seuil d’une ère à venir, ces estivants révèlent leur vérité nue dans la tension d’une existence en devenir. L’orage est dans l’air.

La belle mise en scène de Gérard Desarthe situe la pièce dans son époque. Les décors et les costumes constituent des tableaux superbes : une forêt dont les bouleaux sont constitués de visages superposés (le peuple qui observe ces petits bourgeois?), un samovar où le thé chaud est servi en permanence, quelques meubles de jardin, une guirlande de lampions... Il faudrait citer tous les comédiens tant ils sont remarquables. Une mention spéciale pour les femmes qui détiennent les rôles principaux, seuls leurs personnages décident de ne plus subir et de faire avancer les choses, seules elles ont compris qu’il n’y avait plus rien à espérer de ce monde-là.
« Les Estivants » est une tragédie optimiste.

Père Philippe Desgens
Aumônier des artistes du spectacle

Informations pratiques

Les Estivants d’après Maxime Gorki
Comédie Française, Salle Richelieu - jusqu'au 25 mai 2015
Maxime Gorki version scénique de Peter Stein et Botho Strauss version française de Michel Dubois et Claude Yersin mise en scène Gérard Desarthe
Représentations en matinées à 14h, soirées à 20h30. Prix des places de 5 € à 41 €. Renseignements et réservation : tous les jours de 11h à 18h aux guichets du théâtre et par téléphone au 0825 10 16 80, sur le site Internet www.comedie-francaise.fr

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