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« Les Damnés » d’après Luchino Visconti à la Comédie Française

Publié le : 30 Septembre 2016
Personne n’a oublié le film de Luchino Visconti,« Caduta degli dei » (La chute des dieux,) traduit en français par « Les Damnés » (1969). Ivo van Hove, figure importante de la scène théâtrale hollandaise, a adapté et mis en scène le film de Visconti pour la troupe de la Comédie-Française qui l’a présenté en juillet dernier au Festival d’Avignon, où elle n’avait plus joué depuis 23 ans. La voici désormais reprise à Paris, salle Richelieu à la Comédie française jusqu’au 13 janvier 2017. On ne sort pas indemne de cette tragédie, laquelle s’achève dans le silence sidéré des spectateurs avant que retentissent des applaudissements nourris et mérités.

Damnés : condamnés aux peines de l’enfer, nous dit le dictionnaire.

C’est bien un enfer sur terre que s’est fabriqué la famille von Essenbeck, capitaine de l’industrie allemande en 1933, propriétaire des aciéries dans la Ruhr.
Ayant assisté à la projection du film à Rome, Jean Vilar écrit à Visconti : « Oui, c’est un sujet disons énorme que vous avez traité là, et où l’auteur, n’est-ce pas, risquait de se perdre. Les passions mêlées, tous ces corps, ce mélange de choses de l’histoire contemporaine, de l’argent, de la propriété, de solitude, de la politique, de l’ambition, m’ont rappelé quelques-unes des grandes œuvres que j’ai lues et, parfois, travaillées ». Nul doute que Vilar pense alors à la famille des Atrides, de Thyeste ou de Médée.

Voici l’histoire : pour protéger leurs intérêts, ces maîtres de la sidérurgie ne voient d'autre alternative que de s'allier au nouveau régime nazi et assassinent leur patriarche, le vieux baron Joachim, que cette idée répugne. D'intrigues en manipulations, de trahisons en meurtres, la désignation du nouveau patron des aciéries va générer un véritable rituel de célébration du Mal, rituel où la perversion des rapports entre les individus fait écho à la cruauté et la brutalité du contexte politique.

Dans cette lutte pour la survie, contre toute attente, Martin – le fils pédophile et incestueux de la puissante baronne Sophie – parviendra à éliminer tous ses adversaires, devenant un serviteur zélé du régime prêt à régner sur l'empire hérité. Pour cela, il accepte de payer le prix fort : la froideur d'une vie d'où l'amour, la bonté et la beauté ont irrémédiablement disparu. Il se déshabille alors entièrement avant de se couvrir de cendres, tel le Job de la Bible… s’empare d’une mitraillette et fusille soudain le public glacé d’effroi.

La scénographie est stupéfiante d’inventions, les comédiens semblent habités par une histoire qui les dépasse alors qu’ils croient la maîtriser… ils sont tous excellents : Denis Podalydès, Guillaume Gallienne, Elsa Lepoivre, Loïc Corbery, Didier Sandre… avec une mention spéciale pour un jeune pensionnaire récemment arrivé dans la Maison, Christophe Montenez qui incarne Martin von Essenbeck, le monstre accompli.

Père Philippe Desgens, aumônier des artistes du spectacle vivant


Les Damnés, de Luchino Visconti, Nicola Badalucco et Enrico Medioli (adaptation)
Mise en scène Ivo van Hove

Jusqu’au 13 janvier 2017 à la Comédie Française
Toutes les informations : www.comedie-francaise.fr

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