La peinture religieuse de Jean-Jacques Henner à la recherche de l'absolu, au musée Henner à Paris

Une carrière officielle

Jean-Jacques Henner est né en mars 1829 à Bernwiller, village du sud de l'Alsace. Il est rapidement inspiré par les œuvres des primitifs allemands telles que Le Christ mort d'Holbein du musée de Bâle et le retable d’Issenheim de Grünewald qu’il admire régulièrement à Colmar. Après avoir étudié dans des ateliers strasbourgeois, Henner s’installe à Paris et suit les cours de la prestigieuse Ecole des beaux-arts.

L’exposition « Sensualité et spiritualité. A la recherche de l’absolu », présente le premier tableau à caractère religieux de Henner. Il s’agit de l’ Ecce Homo de 1849. Après deux échecs, il remporte le Prix de Rome en 1958 avec Adam et Ève découvrant le corps d'Abel. Il part à Rome durant 5 ans, à la Villa Médicis, où il côtoie d’autres artistes sculpteurs, compositeurs, peintres et découvre les grands maîtres de la Renaissance italienne qui vont influencer son œuvre.

Jean-Jacques Henner (1829-1905), Adam et Eve trouvant le corps d'Abel, 1858 Huile sur toile Paris, Ecole nationale supérieure des beaux-arts © Ecole nationale supérieure des beaux-arts, Paris / Photo : Jean-Michel Lapelerie

De retour en France, ce séjour italien lui ouvre les portes d’une carrière officielle. C’est avec son tableau énigmatique l’Alsace (1870) qu’il se fait connaître auprès du public et devient célèbre. A sa mort en 1905, Henner est un artiste reconnu dont l’œuvre est largement diffusée par la gravure et la photographie.

Une quête de l’Absolu

Jean-Jacques Henner construit tout au long de sa carrière une œuvre empreinte d’une religiosité personnelle. En effet, il va chercher à représenter « l’âme » dans la figure du Christ mourant. Cette iconographie du corps souffrant ou mourant est omniprésente dans l’œuvre de Henner et largement mise en lumière dans l’exposition. Cette « obsession » d’Henner pour les épisodes douloureux de la vie de Jésus, n’est pas sans lien avec l’histoire personnelle du peintre et la mort de ses sœurs, Madeleine en 1852 puis Marie-Anne en 1893, et la maladie de son frère Séraphin.

Jean-Jacques Henner (1829-1905), Christ mort avec Madeleine éplorée, vers 1896, Crayon Conté, sanguine, rehauts de craie blanche sur papier vergé crème Paris, musée national Jean-Jacques Henner © RMN-Grand Palais / Thierry Ollivier

« C'est moins la méditation sur la mort qui retient l'attention du peintre dans ses œuvres que l'intérêt pour la figuration de l'esprit : peindre le corps et rendre l'âme. »

Les préoccupations artistiques et esthétiques d’Henner font écho à plusieurs philosophe spiritualiste tel que Félix Ravaisson (1813-1900), dont il fit le portrait en 1886, et de Gabriel Séailles (1852-1922). Pour Ravaisson, en effet, « l'art écarte les obstacles pour faire voir à l'état de pureté la tendance, la volonté de la nature, c'est-à-dire au lieu de la réalité avec ses imperfections inévitables, l'idéale et absolue vérité ».

Plusieurs tableaux de l’exposition « Sensualité et spiritualité. A la recherche de l’absolu » peuvent être lus à la lumière de cette approche spiritualiste. C’est le cas des Marie-Madeleine, figure récurrente dans la peinture d’Henner. Ainsi, si sa Madeleine pénitente peinte en 1860 comme celle de Paul Baudry, présentée au Salon la même année, évoquent de belles « pécheresses », la sensualité et la beauté du corps renvoient à une recherche spiritualiste d'absolu.

Jean-Jacques Henner (1829-1905), Madeleine pénitente, 1878, Huile sur toile, Mulhouse, Musée des Beaux-Arts © Musée des Beaux-Arts de Mulhouse / Christian Kempf

Henner s’inscrit, par cette recherche d’absolu, dans un mouvement où se retrouvent plusieurs de ses contemporains comme Gustave Moreau, Eugène Carrière ou encore Puvis de Chavannes.

La dernière partie de l’exposition, confronte la peinture religieuse d’Henner à celle de ses contemporains. Le public prend alors la mesure d’une recherche commune entre ses peintres « amis » traitant du religieux.

Eugène Carrière (1849-1906) Christ en croix,1897 Huile sur toile Paris, musée d'Orsay, © RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

Henner par sa recherche picturale se penche sur l’humanité du Christ qui s’est fait homme, parmi les hommes. C’est le fruit de cette quête de l’absolu que les visiteurs sont invités à découvrir jusqu’en juin 2013.

Le musée Henner a bénéficié d’une importante campagne de travaux qui se poursuit en 2013, pour rendre ses lettres de noblesse à cet hôtel particulier abritant le musée. Le public redécouvrira prochainement la restauration complète du jardin d’hiver ainsi que de nouveaux espaces d’exposition.

Publication

Un catalogue de l'exposition Sensualité et spiritualité. À la recherche de l'absolu est publié aux Éditions Gourcuff. Il regroupe des contributions de Marie-Hélène Lavallée, commissaire de l'exposition et directrice du musée national Jean-Jacques Henner, d'Emmanuelle Amiot-Saulnier, historienne d'art, spécialiste de la peinture religieuse au XIXème siècle et de Jean Colrat, historien d'art et agrégé de philosophie, spécialiste du mouvement spiritualiste.

Informations pratiques :

Musée Jean-Jacques Henner
43 avenue de Villiers
75017 Paris
01 47 63 42 73
publics@musee-henner.fr
www.musee-henner.fr - www.henner-intime.fr (blog)

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Accès
Métro : Malesherbes (ligne 3), Monceau (ligne 2)
Bus : 30, 31, 94

Horaires
11h-18h, tous les jours sauf le mardi et certains jours fériés
Nocturne jusqu’à 21h le premier jeudi du mois

Tarifs
Plein tarif : 5 €, 7 € (exposition + activités culturelles)
Tarif réduit : 3 €, 5 € (exposition + activités culturelles)
Gratuité : conditions applicables dans les musées nationaux
Parcours-atelier de dessin pour les enfants : 6,50 € (tarif unique)
Réservation : publics@musee-henner.fr

Partenariats tarifaires
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Groupes
Horaires et tarifs : contacter la RMN
(réservation indispensable : reservation.publics@rmn.fr ou fax : 01 40 13 46 74)