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Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

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La nouvelle présentation des icônes des chrétiens d’Orient au Petit Palais

Publié le : 23 Novembre 2017
Le Petit Palais à Paris possède le plus important fonds public français d’icônes chrétiennes grecques et russes. La mise en valeur de celui-ci méritait donc bien la création d’une nouvelle salle, offrant une présentation repensée, sous l’égide de Raphaëlle Ziadé, responsable de la collection byzantine du Petit Palais. Immersion dans cette collection fascinante.

« En toi se réjouit », Franghias Kavertzas, Crète © Petit Palais

Il y a près de vingt ans, Roger Cabal, grand collectionneur d’art orthodoxe, fait une importante donation d’icônes et d’objets des chrétiens d’orient au Petit Palais, permettant à ce musée de constituer l’un des fonds d’icônes les plus importants en France avec pas moins de soixante-seize pièces en tout. Ce don est venu s’ajouter aux objets d’art byzantins entrés au musée en 1902 grâce au legs des frères Dutuit. Précédemment exposées partiellement au sein des collections permanentes du Petit Palais, ces œuvres sont désormais présentées dans un seul espace, créé pour l’occasion dans une salle qui tenait précédemment lieu de réserve.

Les icônes présentées dans ce nouvel écrin sont issues de différentes écoles de peintures présentes dans le monde chrétien orthodoxe du XVe au XIXe siècle. Les vitrines, évoquant par leur disposition les iconostases (dans le rite chrétien byzantin, cloison qui sépare les fidèles de l’espace sacré dans l’église sur laquelle des icônes étaient vénérées), présentent un parcours géographico-stylistique : on y trouve ainsi des œuvres emblématiques des écoles russe, crétoise et grecque. Par ailleurs, une vitrine quatrième aborde les aspects thématiques de cet art de l’icône, dont la technique a très peu changé depuis des siècles.

« Saint Martin », Ecole créto-vénitienne, vers 1500 © Petit Palais

Ce nouvel aménagement met en valeur les véritables chefs d’œuvres des collections du Petit Palais, à l’image de l’icône de saint Martin. Elle a été réalisée en Crète, qui dépendait de Venise à l’époque de sa réalisation vers 1500, et la peinture d’icônes témoigne de ces influences italiennes dans le traitement des figures. Saint Martin, figure éminente du christianisme occidental, ne bénéficie pas de la même célébrité en Orient, à tel point que cette icône est la seule connue le représentant, dans toute cette zone géographique à la même époque. La posture dynamique du saint à cheval tranchant une partie de son manteau, dénote dans un art de l’icône traditionnellement hiératique et frontal plus que narratif, témoignant des influences vénitiennes de la région crétoise.

La Nativité, Ecole créto-vénitienne, 1480-1500 © Petit Palais

D’autres œuvres de la vitrine attestent de la cohabitation des styles italien et byzantin, parfois au sein d’une même œuvre comme dans la sublime Nativité.

Saint Georges, Ecole de Novgorod, Russie, XVIe siècle © Petit Palais

Du côté de l’école russe, le Petit Palais possède un autre saint à cheval, saint Georges cette fois, dans une icône magistrale reprenant des épisodes de la vie légendaire du saint. Ce jeu de concordances entre deux saints à cheval, dans des postures similaires, permet au visiteur de comparer deux approches stylistiques différentes en se déplaçant d’une vitrine à l’autre.

Un ensemble de quatre icônes est particulièrement remarquable en ce qu’il illustre une pratique typique des églises de rite byzantin : il s’agit en effet de ménologes, icônes « calendriers » qui figurent les fêtes des saints et martyrs. Chacune de ces quatre icônes représente ainsi un mois, comme ici le mois d’août où l’on reconnaît au deuxième registre à gauche la Dormition de la Vierge, célébrée le 15 août selon le rite byzantin. La rareté de ces ménologes tient aussi du fait qu’en plus des fêtes et solennités religieuses, ils représentent également les dates anniversaires des conciles importants de la vie de l’Eglise.

Ménologe du mois d’août, Novgorod, Russie, seconde moitié du XVI I Ie siècle © Petit Palais
« Le Prophète Elie », Bulgarie, vers 1700 © Petit Palais

 

Quant à la région de la Grèce et des Balkans, passée sous domination ottomane depuis la chute de Constantinople et de l’Empire byzantin en 1453, elle demeure un foyer de création d’icônes bien que la Russie devienne nouvelle garante de l’héritage orthodoxe. De très belles icônes issues de cette école gréco-balkanique sont ici exposées, comme l’icône représentant les scènes de la vie d’Elie. L’influence italienne demeure, comme en témoigne le traitement des paysages et des architectures dans les épisodes de la vie du prophète. La scène finale de la montée au ciel d’Elie sur un char flamboie littéralement !

Cette nouvelle présentation des icônes des chrétiens d’Orient est un apport incontestable à la mise en valeur de ce patrimoine oriental au sein des collections françaises. Elle participe au rayonnement de la collection du Petit Palais, avec un parcours clair, didactique et pédagogique, en faveur d’une meilleure compréhension de ces arts des chrétiens d’orient pour le grand public.

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