La Chronique de Noël (4/7) : « Réveillons-nous » : Il vient, notre Dieu, Jésus, Emmanuel »

Trois personnages occupent cette composition « Joseph, endormi, reçoit la visite d’un ange qui lui révèle le saint mystère de l’incarnation du verbe éternel » comme le stipule les registres capitulaires de l’église du couvent des Minimes pour laquelle ce tableau d’autel fut réalisé.

L'ange est lumineux car il est le messager de Dieu. Il se détache de la grande tenture verte qui donne un air de majesté au modeste intérieur en cet instant solennel. Tête baignée de lumière scintillante, ses vêtements flottent comme irréels, comme encadré d’un voile transparent qui descend du ciel jusqu’à Joseph qui dort.

Il s'adresse à lui, une main désignant Marie et l'autre dirigée vers le ciel, indiquant la volonté de Dieu : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l'enfant qui est engendré en elle vient de l'Esprit Saint ; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c'est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 18, 20-21).

Joseph est endormi, sa tête reposant sur un épais coussin dont le génie de l’artiste rend le soyeux et le satiné, dans un fauteuil massif que vient caresser les reflets de lumière. Il est auréolé, vêtu d'une belle tunique jaune et d’une chemise à la délicate couleur lilas, ses longs cheveux ondulant encadrant un visage d’homme dans la force de l’âge. Autour de lui sont posés ses sandales et ses outils de charpentier. Sa posture est naturelle, abandonnée à son sommeil.

Il ne réagit pas car il dort profondément. Cela souligne sa parfaite docilité de « juste », qui reçoit pour mission de prendre Marie chez lui, de nommer l'enfant et ainsi de l'insérer dans la lignée davidique. L'Esprit fait son œuvre… Dans quelques instants, quand Joseph se réveillera, il fera ce que l'ange du Seigneur lui a prescrit (Mt 18, 24).

En retrait, Marie porte une tunique de ce bleu brillant caractéristique de Champaigne, elle est en prière devant le livre de l'Écriture et les bras croisés sur la poitrine, dans la posture souvent prise lors des représentations de l'annonciation. Elle regarde l’ange avec une expression sereine, presque détachée, comme on le ferait avec une vieille connaissance.

Nous assistons à la rencontre de l’humain et du divin. Le monde des vivants, avec Joseph et Marie, acquiert une densité extraordinaire sous le pinceau de Champaigne tandis que l’ange de l’apparition baigne dans une lumière éthérée, à l’image de la présence divine qu’il incarne. Comme l’a écrit un historien de l’art, « on ne pouvait mieux faire pour donner à voir le mystère de l’Incarnation ».

Joseph, un homme juste, ne fait rien d’autre que croire ce que lui révèle Dieu : « Marie, ton épouse, mettra au monde un fils auquel tu donneras le nom de Jésus », c’est à dire Dieu en personne, qui sauve son peuple. Joseph obéit dans la foi à la parole du Seigneur et accueille en silence son action toute puissante.