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Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

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L’œuvre sensorielle de Serge Poliakoff

Publié le : 12 Novembre 2013
« Alors que la question des origines de Poliakoff surgit une fois de plus, sa connaissance intime de l’art des icônes fournit une des clés du mystère de cette peinture qui réclame une relation physique et spirituelle avec le regardeur » commente Dominique Gagneux, commissaire de l’exposition « Poliakoff, Le rêve des formes » présentée jusqu’au 23 février 2014 au musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.

Organique, vibrante, intérieure. L’œuvre  de Serge Poliakoff résonne, mobilise les sens. Cette « interactivité » instaurée entre sa peinture et celui qui la regarde correspond à la préoccupation des artistes de l’abstraction intégrale.

Mauve violet et rose, 1954 ©Courtesy Galerie Applicat-Prazan, Paris. Photo Art Digital Studio, ©Adagp, Paris 2013

Digne représentant de la « Nouvelle Ecole de Paris » des années d’après-guerre, Poliakoff s’est forgé un art singulier entre contemporanéité et intemporalité. Son enfance russe est marquée par ces icônes longuement contemplées dans les églises. Pour Dominique Gagneux, l’héritage de cette tradition byzantine est évident dans l’art de Poliakoff : « l’icône, qui a une fonction liturgique, n’est pas seulement une image : à la fois fastueuse et ascétique, […] elle est avant tout une présence. L’œuvre sensorielle de Poliakoff tient indiscutablement de ces qualités propres à l’icône, faite pour que l’âme entende, voit, respire et goûte ».


D’abord par la forme. Les compositions, qui semblent se répéter inlassablement, invitent à l’intériorité. Les éléments s’imbriquent et rayonnent autour d’une forme centrale, sorte de « clé de voûte »,  et permettent une lecture intimiste. « Quand un tableau est silencieux, cela signifie qu’il est réussi. Certains de mes tableaux commencent dans le tumulte. Ils sont  explosifs. Mais je ne suis satisfait que lorsqu’ils deviennent silencieux. Une forme doit s’écouter et non pas se voir. », S.Poliakoff, 1956, dans Ragon.

[jaune et noir], 1952 ©Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / DR, ©Adagp, Paris 2013

Ensuite par la matière. La technique de Poliakoff est celle du peintre d’icône. Superposant les couches de pigments purs jusqu’à trouver le ton juste, il obtient une surface éclatante, animée d’une lumière intérieure. Sa qualité organique rend la peinture presque mobile, le jeu des textures crée un contact physique avec le spectateur. « L’affirmation de la matière permet de nier sa propre matérialité et de lui substituer une réalité transcendante, une dimension mystique […] » (D.Gagneux).


Enfin par la couleur. Les associations inhabituelles des rouges et orangés énergiques, des bleus et des verts mystérieux, des jaunes éclatants, achèvent  de stimuler nos sens. Plus les années passent et plus ses toiles tendent vers la monochromie. Ce minimalisme est la traduction d’une spiritualité grandissante qu’il exprime en 1965 dans son recueil « Enluminures »:

« Voici que de nouveau c’est en vers que j’écris sans nul recours à la présence corporelle. Tout ce que je veux peindre est image divine et je dois être en elle, auprès d’elle et en elle. Vers elle me haussant pour devenir en elle. »

Cette rétrospective est conçue comme un cheminement s’organisant en plusieurs séquences autour d’œuvres-clés. Les 70 peintures et les nombreuses œuvres sur papier réalisées entre 1936 et 1969 sont complétées par des projets de tissus, de vitrail et de céramiques qui permettent de découvrir les liens que Poliakoff entretenait avec les arts décoratifs.
Laissez-vous emporter par ce « rêve des formes » de l’abstrait proposé par une œuvre profondément spirituelle.

 

Info pratiques :

Horaires
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h

Billetterie
Plein tarif : 9 €
Tarif réduit : 7 € (plus de 60 ans, enseignants, chômeurs, famille nombreuse)
Demi tarif : 4,50 € (jeunes 14-26 ans + RSA)
Gratuit pour les moins de 14 ans

www.mam.paris.fr/fr/expositions/serge-poliakoff


Autour de l'exposition:

action culturelle : http://www.mam.paris.fr/fr/service-culturel

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