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Koinè Recherche et les vêtements liturgiques, le cas italien : La chasuble

Publié le : 7 Février 2013
Dans le cadre des initiatives organisées par Koinè, la biennale italienne consacrée au monde de l'aménagement liturgique, des objets et de l'architecture des espaces sacrés, le thème des vêtements liturgiques a souvent été traité dans des expositions et des conférences ; en particulier celui de l'ornement réservé aux évêques et aux prêtres pour la célébration de la messe : la chasuble

Les vêtements liturgiques après Le Concile Vatican II

En ce qui concerne les vêtements liturgiques, on peut noter chez le clergé italien une nouvelle attitude par rapport aux années précédant le Concile qui détermine de manière informelle, dès 1965, un certain changement des types et des modèles des ornements sacerdotaux. Pendant la période immédiatement postconciliaire, y compris les années 1970, on remarquait un certain malaise à l’égard des vêtements traditionnels et anciens de manière générale, arrivant ainsi à une sécularisation parfois radicale.

Toutefois la majorité du clergé interpréta la Réforme liturgique préférant simplement les ornements plus pratiques : légèreté, matériaux synthétiques, lignes simplifiées, décorations réduites. De plus, on a assisté à une prise de distance et à l’abandon des vêtements anciens, qui par la profusion de leur décorations représentaient le témoignage d’une liturgie fastueuse dépassée.

Koinè 1990. Chasubles de créateurs textiles (c) Conference Service Srl

Pendant cette période, on remarque aussi la tombée en désuétude du manipule et l’affirmation de la chasuble moderne parallèlement à la disparition de la forme ancienne de la chasuble (« pianeta » en italien, « boîte à violon » en français) rigide et échancrée à demi sur les côtés, vêtement dont regorgeaient les sacristies italiennes.

A partir des années 1980, le moment initial de la réalisation de la Réforme liturgique franchi, on a assisté à un choix définitif de la chasuble moderne et dans le même temps à un nouvel intérêt pour le patrimoine historique des ornements et à l’élaboration de nouvelles propositions qui tendaient à une simplification extrême des vêtements.

 

Agnese Pecorari  (c) Conference Service Srl 

On assiste aussi, toujours à cette période, à un renouveau d’attention et de faveur à l’égard des vêtements de qualité, y compris la décoration interprétée dans un sens symbolique.

La plupart des prêtres avait compris, même confusément, que dans le monde complexe des célébrations liturgiques renouvelées par le Concile, les vêtements pouvaient jouer un rôle positif ou négatif sans toutefois trouver la manière de s’exprimer sinon sous des formes inachevées.

Le monde de la production

A la première édition de Koinè (1989), on pouvait constater en Italie une substantielle stagnation dans le renouvellement de la production des ornements textiles pour la liturgie dit aussi paramentique.

Avant le Concile, certaines congrégations religieuses avaient tenté des renouvellements, liturgiquement cohérents et d’un certain niveau, dont toutefois la principale carence était due à la difficulté de prendre contact avec le monde des artistes textiles et des créateurs de mode italiens, qui vraisemblablement auraient pu donner lieu à de belles collaborations.

 

Nanni Strada. Chasubles colorées (c) Conference Service Srl

Quelques rares cas d’ornements de haut niveau élaborés dans le milieu des ordres et congrégations religieuses en France, Suisse et Allemagne étaient arrivés en Italie sans pourtant influencer sensiblement la production qui généralement était restée ancrée dans les modèles traditionnels revisités superficiellement. Privé depuis toujours de références dans le domaine de la liturgie et de rapports d’échanges avec les innovateurs et les créateurs textiles, le monde de la production était habitué à lancer sur le marché des modèles et des styles aux variations minimes et aux évolutions imperceptibles, se limitant à remarquer le changement proposé par le Concile sans s’interroger sur sa signification et sur ses profondes motivations.

Seule la collaboration et l’échange avec les artistes du textiles et de la mode, soutenue par la compétence des liturgistes, pouvait favoriser l’élan décisif pour le renouvellement de la production italienne. A partir de ces considérations, naquit la première initiative sur la chasuble à l’occasion de Koinè 1990.

Luciana Costa Gianello (c) Conference Service Srl

Koinè recherche et la Chasuble

En 1990 Koinè Recherche, l’organe scientifique de Koinè, organisa une exposition-concours en impliquant les artistes et les écoles de stylisme et design textile, dans le but déclaré de stimuler le monde de la production des vêtements liturgiques avec des suggestions artistiques et des techniques innovatrices.

En particulier, pour obtenir des résultats significatifs et stimulants pour la production même sans la possibilité d’une commercialisation immédiate, le concours ne cherchait pas l’exploration de nouveaux modèles de chasubles, mais l’interprétation des modèles existants, y compris notamment les moins connus. En même temps, pour obtenir des projets réalistes et pour éviter des propositions arbitraires et expérimentales, le concours prévoyait obligatoirement les références aux couleurs canoniques.

 

Chasubles de Laura Biagiotti, Sorelle Fontana, Fendi
(c) Conference Service Srl

Le règlement du concours, élaboré par le Comité Scientifique de Koinè Recherche - aujourd’hui encore disponible dans l’archive Koinè Recherche sur le site internet de Koinè - fournissait aux concurrents des informations complètes au sujet des modèles, des couleurs et des décorations.

On fit appel aussi à des personnalités du monde de la haute couture comme Laura Biagiotti, Fendi et les Sorelle Fontana. On voulu faire connaître au public de Koinè le cas « Henri Matisse », en abritant, lors de 4 jours du salon, les chasubles qu’il avait dessinées pour la Chapelle de Saint-Marie du Rosaire à Vence.

          

Nanni Strada. croquis pour chasuble (c) Conference Service Srl & Giulia Rizzo. Détail d'ornements.(c) Conference Service Srl

Les résultats de ce concours permirent de montrer aux créateurs la possibilité d’élaborer des vêtements plus proches au monde contemporain dans le respect des exigences liturgiques.

Le thème de la chasuble a été repris dans deux autres éditions de Koinè. En 2005, quinze ans après, fut réalisé une nouvelle exposition-concours ayant pour objectif de présenter les dernières recherches dans le domaine de l’art textile et d’explorer les possibles échanges avec le design industriel, grâce à un projet spécial de recherche offert par le designer Nanni Strada. Les orientations fournies aux artistes du textile et aux écoles servirent de critères de sélection pour les ornements proposés par certains ateliers, principalement italiens.

 

Vittorio Buset (c) Conference Service Srl 

En 2011, la recherche s’est focalisée sur la production actuelle, pour vérifier dans un « scénario » européen et à 50 ans du Concile, la manière dont les ateliers avaient interprété les propositions provenant de l’art textile contemporain pour lancer sur le marché des chasubles originales et liturgiquement adéquates.

Arch. Lea Di Muzio
Coordinatrice du Comité Scientifique Koinè Recherche dès 1988

 

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