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« Images sur les murs » à Epinal, chroniques de papier et de couleurs

Publié le : 4 Mars 2019
Que ce soit pour protéger, éduquer ou rappeler des souvenirs, les images « à un sou » étaient, au moins jusqu’au 19e siècle, accrochées aux murs des maisons des villages et campagnes. Ces images populaires sont le cœur des collections du Musée de l’Image d’Epinal. Clou et prétexte à cette nouvelle exposition « Images sur les murs » : soixante images du 17e au 19e siècle retrouvées sur une cloison d’une maison à Bessans en Savoie, le musée inaugure une exposition consacrée à l’affichage des images, ses buts et ses modalités. A découvrir jusqu’au 29 septembre 2019.

Pierre-Edouard Frère, Les images, lithographie extraite du recueil Les expositions de Paris. Salon de 1857, Coll. Musée départemental d’Art ancien et contemporain, Épinal. © Musée de l’Image –Ville d’Épinal / cliché H. Rouyer

Pendant longtemps, les images populaires, ces images en feuille coloriées de couleurs vives, racontaient les saints, montraient des régiments de soldats, faisaient les portraits des rois et reines, racontaient les histoires immortelles de Geneviève de Brabant, du Juif errant ou de Napoléon, décrivait les merveilles du Pays de Cocagne… On a peu à peu oublié combien ces images, jugées archaïques et naïves dès le milieu du 19e siècle, ont été importantes pour ceux qui attendaient avec ferveur la visite du colporteur ou un déplacement en ville pour les acheter.

Choisies avec soin, répondant à un besoin ou un plaisir, elles étaient alors affichées dans les maisons, le plus souvent dans les cuisines, près des cheminées ou bien dans les chambres. L’exposition retrace aussi bien le rôle attribué à l’image selon son sujet, les typologies différentes, mais aussi les foyers de production tout au long de la période étudiée.

Cloison de la Maison Tracq (à g.) et détail (à d.) Saint Jean-Baptiste, Coll. Musée savoisien, Chambéry © Musée de l’Image –Ville d’Épinal / cliché H. Rouyer

La maison Tracq de Bessans, un témoignage important

Le prêt exceptionnel par le musée Savoisien de Chambéry d’une cloison découverte dans une maison à Bessans (Haute-Maurienne, Savoie) est à la fois le clou et le prétexte à cette exposition dédiée aux images affichées. Cette cloison est en effet recouverte d’une soixantaine d’images datées pour certaines du début du XVIIe siècle.

En 1976, Guy-Pierre Tracq souhaite transformer profondément une maison qu’il possède à Bessans en Haute-Maurienne. Dans le cadre de leurs recherches sur le patrimoine savoyard, l’enquête menée alors par Ivan Cadenne et Louis-Jean Gachet, conservateurs ethnologues du Musée Savoisien à Chambéry, permet de découvrir à l’étage des chambres de nombreuses estampes encore collées sur leurs supports, certaines datant du tout début du 17e siècle. La découverte est exceptionnelle. Jamais des estampes de cette époque n’ont pu être retrouvées en place et dans un état satisfaisant.

Les soixante images collées dans deux chambres, du début du 17e siècle – donc sous Louis XIII et Anne d’Autriche ! – jusqu’au 19e siècle, ont été conservées sans trop de dommage jusqu’à aujourd’hui. Un coffret à estampe du 15e siècle, deux portes d’armoire du 18e siècle venues du Perche ou une malle de soldat du 19e sont d’autres rares témoignages existant encore de l’usage des images.

(à g.) GUÉRARD Amédée, L’enfant malade, 1870 - Coll. Musée départemental breton, Quimper © Musée départemental breton, Quimper. Cliché Musée / Serge Goarin
(à d .) Vieux souvenirs, 1893, photogravure d'après Jean P. Haag (XIXe siècle) - Coll. Musée Goupil, Bordeaux © Mairie de Bordeaux, photo Anaïs Sibelait

Images sur les murs : dévotion, mémoire, modèles

GALERIE RELIGIEUSE. SAINTE EUGÉNIE, Pellerin, Épinal, vers 1850, gravure sur bois coloriée au pochoir - Coll. Musée de l’Image, Épinal dépôt MDAAC. © Musée de l’Image –Ville d’Épinal / cliché E. Erfani

C’est peut-être l’usage qui vient le plus facilement à l’esprit : celui des images pieuses. Estampes de saints et scènes religieuses disposées dans la maison remplissent leur rôle apotropaïque : ainsi, le Christ en croix ou la Sainte Famille protègent la famille terrestre, saint Roch de la peste, sainte Lucie des maux des yeux, saint Donat prémunit de la foudre…  Les scènes d’intérieur croquées par les peintres du XIXe siècle attestent de la longévité de cette pratique – les malades dans leurs lits y sont entourés d’images de saints protecteurs.

Objets de souvenir et de collection, l’image est fièrement accumulée et arborée sur les murs aux côtés d’autres objets significatifs (comme sur cette gravure d’après Haag intitulée « Vieux souvenirs » où le féru de Napoléon affiche fièrement des images bien connues de l’empereur, aux côtés de médailles de la Légion d’honneur). Les jeunes rêveurs ne sont pas en reste non plus, tels que les dépeint Pierre-Edouard Frère. L’enfant en blouse, chapeau de paille sur la tête, est en admiration devant une collection d’images de petits soldats accrochée aux murs : sera-t-il tambour, soldat ou maréchal quand il sera grand ?

CALENDRIER DE L’EMPIRE, Gangel, Metz, 1858, gravure sur bois coloriée au pochoir, Musée de l’Image, Épinal, avec l’aide du FRAM et du Fonds du Patrimoine. © Musée de l’Image –Ville d’Épinal / cliché H. Rouyer

L’image peut aussi être le vecteur d’une quasi-hagiographie politique, comme l’usage qu’en fit Napoléon III tout au long de sa carrière politique. Comme son illustre oncle, il lui semble essentiel que la « communication » organisée sur ses faits et gestes, sa famille, participe au gain d’amour et de respect des Français à son égard. C’est pourquoi dès son accession au pouvoir, il commande des portraits officiels, ses actes sont racontés dans les journaux, mais pour atteindre le « peuple », la participation de l’imagerie qui atteint les foyers les plus humbles, est essentielle. On se passionne pour sa prise de pouvoir, son mariage avec une comtesse espagnole, on attend l’enfant tant espéré, on ressent sa naissance et son baptême, sa première communion.

Encore aujourd’hui, la curiosité pour les grands de ce monde, les « stars », la mise en scène de notre propre histoire n’ont pas fini de générer des images à accrocher aux murs des maisons… et à regarder sur les écrans et internet.

 

Toutes les informations pratiques pour visiter l'exposition en cliquant ici.

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