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Eduardo Chillida, la spiritualité de la matière

Publié le : 16 Mai 2018
Rassemblant plus de 60 oeuvres de tout support (sculptures, découpages, dessins, gravures, livres, etc.), l’exposition "Eduardo Chillida. La gravedad insistente", présentée du 5 avril au 26 août 2018 aux Abattoirs à Toulouse, s’organise thématiquement afin de mettre l’accent sur le rapport du sculpteur à l’espace et à la gravité de la matière. Le père Michel Brière y a été saisi par la spiritualité dégagée par l'austérité des formes et le rapport à la matière.

Eduardo Chillida, Homenaje a la mar III, 1974, Coll. Famille Chillida-Belzunce © Zabalaga – Leku, Adagp, Paris, 2018 ; photo Archives Eduardo Chillida

Ça ne s’explique pas, ça s’implique. Ça se goûte. Nul ne peut s’en faire une idée s’il n’a pas expérimenté d’y plonger son regard. Avec Hommage à la mer III, devant moi, je découvre la lumière de la pierre, en l’occurrence, de l’albâtre qui a si longtemps occupé la place de nos vitraux dans l’architecture médiévale, particulièrement au nord de l’Italie. Un bloc brut creusé « à cœur » irradie : la texture rude et translucide, tendre et dense, noie les formes circulaires si caractéristiques du sculpteur Eduardo Chilida (1924-2002).

EDUARDO CHILLIDA, Toki Egin, vers 1989-90 - Musée national Reina Sofia, Madrid

L’albâtre est certainement le matériau le plus tendre - avec le papier - qu’ait travaillé cet amoureux de la matière dure. J’ai découvert son travail dans les années 90 par un imposant hommage à Jean de la Croix, en acier, présenté au Musée national Reina Sofia à Madrid. Toki Egin, « faire place ou laisser passer » en basque, m’apparaissait comme un embrassement de deux croix d’acier. De cet embrassement conjuguant puissance et délicatesse, je ne suis pas encore remis. Son souvenir m’évoque tout un itinéraire spirituel exigeant qui ne se contente pas de « porter sa croix » à la suite du Christ, mais de la désirer comme un Arbre de Vie auquel se laisser greffer. Elle m’appelle aussi à mieux connaître son auteur.

En ce moment, et jusqu’au 26 août 2018, aux Abattoirs à Toulouse, on peut approcher l’œuvre essentielle de ce sculpteur contemporain décédé en 2002. On aborde l’exposition La gravedad insistente, avec Beaulieu (1991), une sorte de colonne en acier. Suspendue, elle donne d’éprouver le volume qui l’accueille en même temps que sa masse imposante paraît légère. Et le parcours permet ainsi de se confronter aux diverses matières explorées par le sculpteur, ainsi qu’à la variété des volumes, du monumental au quasi bibelot. Grâce à la simplicité d’une scénographie limpide et à la discrétion des commentaires on peut pleinement éprouver, « corps à corps », le génie austère d’un inventeur de formes. « La gravité insistante » s’y révèle habitée d’un souffle. Elle désigne autant l’austérité des formes, parfois musicale, que la pesanteur animée par la grâce.

 

P. Michel Brière, au service du Monde de l’art, Paris et aumônier des Beaux-arts.

 


Propos de l'exposition

L'exposition La gravedad insistente proposée aux Abattoirs aborde l’oeuvre d’Eduardo Chillida de manière thématique, notamment les quatre éléments (eau, feu, air, terre). À côté des sculptures de fer et de métal, elle réunit notamment un ensemble d'oeuvres blanches de Chillida (albâtre, gravitations), ainsi que des oeuvres marquées par la préoccupation d'Eduardo Chillida pour les notions de gravité, de vide et de plein. Plus qu'une de volumes qui sont autant de lieux physiques, spirituels et humanistes. 

Portant sur des thématiques propres à l’artiste, telles que les limites de l’espace et de la matière ou encore l’implication de l’art dans l’espace public et la nature, l’exposition met en rapport les sculptures avec une sélection d’oeuvres graphiques, parmi lesquelles des découpages et des collages qui poursuivent l’expérience de l’espace et de la matière. Une sélection d’affiches consacrées aux droits de l’homme souligne l’engagement de l’artiste. Elle est également complétée par une documentation inédite de films et de photographies, ainsi que des études qui permettent de comprendre différents projets publics de l’artiste, qu’il concevait comme des aventures humaines avec la nature, à l’instar de son projet de creuser une sculpture dans une montagne. La disposition de certaines sculptures, notamment suspendues, tente un dialogue direct entre l’oeuvre de Chillida et la singularité architecturale du bâtiment des Abattoirs, proposant un véritable défi à la gravité.

 

Toutes les informations pratiques pour visiter l'exposition en cliquant ici.

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