Les chrétiens d’Orient à l’honneur à l’Institut du monde arabe

Du 26 septembre 2017 au 14 janvier 2018, l’Institut du monde arabe (Ima) fête ses 30 ans, avec l’exposition : « Chrétiens d’Orient, 2000 ans d’histoire ». Entretien avec Charles Personnaz, historien, haut fonctionnaire, et chargé de mission patrimoine pour L’Œuvre d’Orient, association d’aide et de soutien aux chrétiens d’orient.

Charles-PersonnazLes chrétiens d’Orient sont à l’honneur dans une exposition à l’Institut du monde arabe. Comment est né ce projet ?

L’Institut du monde arabe (Ima) qui traite les questions du monde arabe d’un point de vue culturel a souhaité depuis quelques années parler de la question religieuse. L’idée d’une exposition sur les chrétiens d’Orient est née de la volonté de mieux faire connaitre le patrimoine des chrétiens d’Orient et de montrer le Proche-Orient dans toute sa diversité de communautés chrétiennes orientales. Nous avions réalisé depuis deux ans dans le cadre des « Jeudi de l’Ima » plusieurs soirées et conférences sur la valorisation et la protection du patrimoine matériel et immatériel des chrétiens d’orient. Ces soirées ont permis à l’Institut du monde arabe de continuer à explorer le champ du religieux dans le sillage de l’exposition : « Hajj, le pèlerinage à la Mecque », en 2014.

Quels sont les enjeux d’une telle exposition ?

L’exposition a pour ambition de présenter, à travers une approche chronologique, la diversité des églises orientales : copte, grecque, assyro-chaldéenne, syriaque, arménienne, maronite, latine et protestante), chacune avec ses rites, ses langues liturgiques réparties sur six territoires : l’Irak, la Syrie, l’Égypte, le Liban, la Jordanie et la Palestine. C’est la première fois en Europe qu’il y a une grande exposition sur les chrétiens d’Orient !

Quel a été votre rôle au cours des deux dernières années ?

J’étais chargé de faire le lien entre le musée et les communautés chrétiennes orientales. Ce travail a été réalisé en partenariat étroit avec les commissaires de l’exposition, Elodie Bouffard, chargée de collections et d’expositions à l’Ima et Raphaëlle Ziadé, commissaire scientifique de l’exposition et responsable du département byzantin du Musée du Petit Palais. Je les ai accompagnés et sensibilisés à un certain nombre de sujets, en veillant à ce que tous les aspects les plus importants de ces communautés chrétiennes soient pris en compte.

Vous appartenez au comité scientifique avec Bernard Heyberger, Françoise Briquel-Chatonnet, Alain Desreumaux et Marie-Hélène Rutschowscaya. Quelles étaient leurs actions ?

Le comité scientifique valide les grandes orientations et les grandes thématiques d’une exposition. Les membres du comité ont approuvé avec les commissaires le parcours général de l’exposition et accompagné les commissaires dans leur contact avec les prêteurs d’œuvres.

Quels ont été les difficultés rencontrées ?

L’histoire d’une exposition comme celle-ci rejoint les problèmes diplomatiques dont les objets exposés sont issus. Il y a eu certes des difficultés mais de beaux prêts ont été consentis par les musées occidentaux. Sont exposées des œuvres patrimoniales majeures issues du Metropolitan de New York, des Musée du Vatican ou de l’Université de Yale (États-Unis) qui prête pour la première fois les fresques exceptionnelles de la Maison d’église de Doura Europos en Syrie (232). Mais il y a d’autres objets importants comme la relique : l’icône de la Dormition de la Vierge. D’autre part, certains objets ont été prêtés par les communautés chrétiennes.

L’association l’Œuvre d’Orient a servi d’intermédiaire pour les prêts d’objets. Pouvez-vous nous citer un exemple de prêts ?

20170926_202953Quatre ouvrages ont été notamment restaurés grâce au Centre de restauration des manuscrits de Charfet au Liban. L’Œuvre d’Orient a porté le projet avec le patriarcat de l’Église syriaque catholique, le Sénat et la Bibliothèque nationale de France (BnF).

Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe, a voyagé en 2015 et 2016 dans les communautés chrétiennes du Proche-Orient. En quoi ses déplacements ont-ils permis de faire avancer le projet ?   

Il s’est impliqué personnellement pour à la fois convaincre de l’importance de cette exposition, faire connaitre la vie et l’histoire des chrétiens d’Orient dans la région et aussi susciter des mécènes. Il s’est ainsi rendu en Égypte et au Liban pour rencontrer les communautés et certains de leurs représentants, comme le patriarche des maronites du Liban, Sa Béatitude Bechara Rai et la patriarche copte-orthodoxe d’Alexandrie, Tawadros II.

L’Institut du monde arabe poursuit son objectif de soutenir la décentralisation de la Culture en installant dès janvier 2018 l’exposition à l’IMA Tourcoing ce qui permet de sensibiliser un autre public…

Depuis plusieurs années, l’Institut du monde arabe décentralise ses expositions pour mener des actions culturelles dans le Nord de la France. L’exposition sera présente au Musée des Beaux-Arts de Tourcoing, à partir de janvier 2018. C’est une chance car cela permet de doubler le temps de l’exposition et aussi de permettre au public du Nord de la France et de Belgique de la découvrir.

Cette exposition se décline également sous la forme de cycles de conférences, tables-rondes, concerts et projections cinématographiques…

L’Œuvre et l’Institut du monde arabe organisent : « La saison culturelle des chrétiens d’Orient », un cycle de conférences, de tables-rondes à l’Institut du monde arabe, au Collège des Bernardins, à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) ou au Musée du Petit Palais. Cette saison culturelle sera également marquée dès le 18 novembre par l’ouverture au Petit Palais des nouvelles salles consacrées à Byzance et au christianisme oriental.

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