Jour 10 : L’esprit de la fête et ses origines dans « L’Etrange Noël de M. Jack » de Tim Burton
Publié le : 10 Décembre 2018Nous vous recommandons d'afficher la vidéo en plein écran pour une meilleure expérience.
« Vous êtes-vous demandé d’où provenaient les fêtes ? Non ? alors suivez-moi voici l’entrée secrète » nous dit la voix off qui ouvre le film en désignant l’arbre aux fêtes.
Avec son étrange Noël, Tim Burton part en explorateur des origines de la fête populaire païenne à travers un film original, fourmillant de détails et un scénario à l’écriture foisonnante et riche. Burton, réalisateur à l’imaginaire extraordinaire, construit un univers personnel où se mêlent ses thèmes favoris comme le mélange de l’horreur et de la beauté, le baroque et le roman…Jack « le roi des citrouilles » est le grand ordonnateur des festivités d’Halloween. Lassé, il décide de partir et découvre par hasard la ville de Noël qui rayonne de joie et de liesse. Il rentre alors avec la ferme intention de contrôler la fête de Noël et kidnappe le Père Noël. Toute la ville d’Halloween se met alors au travail pour fabriquer des cadeaux horribles pour les enfants. La nuit Jack part offrir aux enfants ses macabres présents. Noël devient un cauchemar qui sème la panique.
Au départ nettement séparés, les deux mondes de Noël et d’Halloween progressivement se côtoient et finissent par se mélanger. Cette association donne alors au film une tournure baroque, « étrange » comme le dit son titre : nous plongeons dans un univers beaucoup plus subtil et nuancé pour découvrir un monde non plus en noir et blanc ou en couleur mais « en palette » (les couleurs de Noël s’immiscent progressivement dans l’univers d’Halloween). Burton s’interroge sur la fête en général, dépassant l’opposition de départ évoquée dans le conflit entre bien et mal, tradition et modernité. L’homme exprime dans la fête qu’il n’est pas cet être fait d’un seul bloc, sans nuances, mais au contraire une personne complexe, avec des ambivalences : la fête dans laquelle il n’y a plus de règles, permet d’exprimer et d’exorciser tout ce qui touche profondément l’humain (l’amour, la vie, la mort, la souffrance, la beauté, le mal, etc.). L’inversion des deux univers transporte le film dans une dimension spirituelle. Bien sûr le questionnement du cinéaste n’est pas directement religieux mais le film laisse entrevoir une exploration de l’universel qui s’exprime dans la quête du bonheur.
Pierre Vaccaro