Jour 6 : Le doute de Joseph, détail d'une icône créto-byzantine du XVe siècle
Publié le : 6 Décembre 2017
Présentation :
Avant de regarder la scène dans son ensemble, attardons-nous sur la figure touchante de Joseph représentée ici dans un style byzantin pratiqué dans l'école crétoise au XVe siècle, dans une icône visible dans la nouvelle présentation des collections orientales du Petit Palais. Le doute de Joseph n'est pas un épisode très développé dans la Bible, cependant l'artiste s'en saisit ici avec une touche émotionelle forte.
Dans cette icône, Joseph est assis sur un rocher, prostré, la tête en appui sur sa main. Les traits de son visage sont affaissés, il ferme les yeux dans une mine défaite, figurée avec un grand réalisme par le peintre. Il semble ne pas voir les deux hommes, peut-être des bergers, penchés sur lui. Ces deux personnages apportent un renfort symbolique à la scène, en venant renforcer le doute auquel Joseph est en proie. A travers eux, Joseph se projette le jugement de ses pairs s'ils venaient à apprendre ce qu'il prend pour une trahison de sa future épouse Marie.
L'icône dans sa globalité a pour sujet principal la Nativité ; on pourrait croire que le peintre a commis une erreur chronologique en superposant les deux scènes. Cependant, il faut avoir de l'icône une lecture narrative, où plusieurs scènes du cycle de la Nativité se superposent : outre le doute de Joseph et la Nativité au centre, on peut y voir le premier bain de Jésus (raconté dans le protoévangile de Jacques), ainsi qu'au second plan l'Annonce aux Bergers (au centre) et le voyage des Rois Mages (à gauche). C'est un usage très courant dans les icônes orientales.
Ce chef-d'oeuvre, où se superposent les styles italien et byzantin, est un véritable manifeste des influences croisées qui baignent l'école crétoise à cette époque. Il apporte un témoignage précieux de l'art chrétien en Orient, et la préoccupation certaine pour la figure de Joseph, premier homme à qui il a été donné de questionner la divinité de Jésus.
Extrait de la Bible
Or, voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret.
Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète :
Voici que la Vierge concevra,
et elle enfantera un fils ;
on lui donnera le nom d’Emmanuel,
qui se traduit : « Dieu-avec-nous »
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse, mais il ne s’unit pas à elle, jusqu’à ce qu’elle enfante un fils, auquel il donna le nom de Jésus.
(Matthieu 1, 18-25).