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De van Eyck à Dürer, une exposition sur les liens entre les Primitifs flamands et l'Europe centrale au XVe siècle à Bruges (Belgique)

Publié le : 3 Novembre 2010
Le Musée Groeninge présente actuellement une grande exposition sur les échanges et les influences entre les Primitifs flamands et l'Europe centrale autour du XVe et du XVIe siècle en mettant à l'honneur deux figures majeures de la période étudiée : Jan van Eyck et Albrecht Dürer. L'exposition est à découvrir à Bruges (Belgique) jusqu'au 30 janvier 2011.

En 2002, le Musée Groeninge organisait une exposition « Jan van Eyck, les Primitifs flamands et le Sud » qui démontrait comment les Primitifs flamands ont conquis l’Europe du Sud. Aujourd’hui, Bruges se tourne vers l’Est : l’exposition « Van Eyck à Dürer » illustre pour la première fois quelle révolution artistique les Primitifs flamands ont opéré dans l’Europe centrale de leur époque.

L’exposition a pour ambition de montrer comment les innovations artistiques et techniques de peintres talentueux tels que Jan van Eyck se sont propagées très rapidement dans cette région de l’Europe et ont inspiré les artistes locaux ainsi que le jeune Albrecht Dürer.

Jan van Eyck et atelier, La Vierge à l’enfant, avec sainte Barbe, sainte Élisabeth de Hongrie et l’abbé Jan de Vos ca. 1442 (c) Frick Collection, New York

Van Eyck et Dürer sont des maîtres absolus de la période 1420-1530, le musée Groeninge les réunit dans une prestigieuse exposition avec des pièces maîtresses provenant de grandes collections d’Europe et des Etats-Unis. Avec des chefs-d’œuvre de grands noms tels que Bouts, Campin, Lochner, Memling, Schongauer, van der Goes et van der Weyden et des œuvres majeures de maîtres moins connus mais non moins importants d’Europe centrale.

Les visiteurs peuvent admirer des peintures mais aussi des esquisses, miniatures, gravures et sculptures qui démontrent les échanges entre les Primitifs flamands et l’art d’Europe centrale.

Otto von Passau, Miniature du 7e Ancien, ca. 1450, Nürnberg Germanisches Nationalmuseum, Graphische Sammlung
Photo : Germanisches Nationalmuseum, Nurenberg

Les influences flamandes sont diverses, tant en matière de caractère et d’intensité que d’un point de vue géographique et historique. Les innovations des Primitifs flamands atteignent les artistes d’Allemagne, d’Autriche, de Hongrie et d’autres pays d’Europe… Les modèles flamands deviennent une source d’inspiration continue. La peinture n’est pas le seul domaine d’influence : les esquisses, les gravures et les sculptures jouent également un rôle majeur dans la diffusion des créations flamandes. Les échanges géographiques, économiques et dynastiques entre la Flandre et les régions à l’Est facilitent naturellement les échanges culturels. De grandes parties des Pays-Bas - à l’exception notoire de la Flandre et de l’Artois - font partie du Saint Empire romain germanique. Dans le domaine religieux, la majorité des évêchés des Pays-Bas - y compris ceux d’Utrecht et de Liège - sont formellement attachés aux Evêchés impériaux de Cologne et de Trèves.

Avant même la fondation de l’empire de Bourgogne-Habsbourg, il existe de multiples liens politiques, économiques et culturels entre les Pays-Bas et les régions à l’Est. Des liens commerciaux se sont noués entre les centres économiques (et culturels) des Pays-Bas et des villes comme Cologne, Dortmund, Hambourg, Lübeck, les villes baltes et les grands centres commerciaux d’Allemagne du Sud comme Ulm, Augsbourg, Nuremberg, Munich.

Robert CAMPIN, Sainte Barbara, 1438 © Museo Nacional del Prado, Madrid

Ces relations se nouent dès la fin du treizième siècle et s’intensifient avec les échanges culturels au quinzième siècle. Ces liens culturels étroits jouent un rôle vital dans la diffusion des conceptions de l’ars nova des Primitifs flamands dans les centres urbains du Haut-Rhin, Strasbourg et Bâle. Comme Constance, Bâle accueille des conciles, qui constituent eux aussi un vecteur important d’échanges de conceptions artistiques.

« Les grands conciles de Constance (1414-18) et de Bâle (1431-49) ont catapulté les villes qui les ont accueillis dans les premiers rangs politiques et culturels avec une intensité quasi sans pareil au sud-ouest du monde germanophone. En tant que forums de pensée, elles agissaient comme des aimants sur une multitude d’artistes et d’artisans. Ce sont ces synodes qui, après l’extinction du langage des formes européen dudit style international (également connu en Allemagne sous le nom de Weicher Stil), ont apporté quelque chose de tout à fait nouveau dans l’art. » Anna Mourat-Fromm , extrait du catalogue de l’exposition.

Joachim Patinir, Le Baptême du Christ, ca. 1515 - 1524
(c) Kunsthistorisches Museum, Vienne

L’art des Flandres jouit d’une renommée internationale au XVème siècle, à la fois auprès des commanditaires comme des artistes. Les innovations et les avancées techniques sont reprises à une vitesse incroyable par les artistes de l’Est comme Hans Multscher (1400-1467), Stephan Lochner (1404/15-1452), ou encore Konrad Witz (1400/10-1444/6). Il est aussi très intéressant de noter que ces artistes sont formés par des maîtres locaux, après quoi ils se rendent dans les centres artistiques de Bourgogne pour y travailler un temps, comme Martin Schongauer (1430/50-1491) ou Hans Pleydenwurff (1451-1472) par exemple. Hans Memling (1423/1443-1494) est un des rares artistes à s’établir en Flandre de manière permanente. La plupart des artistes sont itinérants. Les artistes formés au Pays-Bas sont des maillons très importants de la diffusion de l’art des Primitifs flamands dans toute l’Europe.

Le parcours de l’exposition se termine au début du XVIème siècle avec la figure d’Albrecht Dürer qui est à l’époque un des artistes les plus influents du Nord de l’Europe. L’influence hollandaise est très nette dans ses premières œuvres, comme les magnifiques paysages de ses gravures. Cet aspect est étudié sur fond de sa formation à Nuremberg et ses expériences artistiques dans la région du Haut-Rhin. L’exposition s’achève une décennie après le voyage de Dürer aux Pays-Bas (1521), avec une comparaison avec l’évolution parallèle d’artistes de la Renaissance qui se font alors un nom dans le Nord.

Albrecht DÜRER, Portrait d’un homme non identifié, 1521
© Museo Nacional del Prado, Madrid

Commissariat de l’exposition : Till-Holger Borchert, conservateur du musée Groeninge

Autour de l’exposition :

Conférences :

- ALBRECHT DÜRER ET LA GRAVURE
31 OCTOBRE / 10.30 HEURES

Albrecht Dürer n’était pas seulement un peintre inégalable, il a également joui d’une grande notoriété en tant que graveur. Cette conférence expose le développement de la technique de la gravure et l’utilisation par Dürer, avec virtuosité, de toutes les possibilités de ce médium. Des informations sur l’iconographie d’un certain nombre de ses gravures les plus importantes sont également fournies. En outre, la conférence expose l’importance qu’a eu l’héritage de la peinture des Primitifs flamands et d’autres traditions septentrionales pour Dürer en tant que graveur et ce, à la fois pour sa technique et pour son iconographie.
Orateur : Prof. Dr. Jeroen Stumpel, professeur au Département Histoire et Histoire de l’art de l’Université d’Utrecht.
Lieu : Vriendenzaal Musea Brugge, Dijver 12, 8000 Brugge
Prix : gratuit pour les Amis des Musées de Bruges (Vrienden Musea Brugge). € 2 pour les non-membres.

- JAN VAN EYCK ET LE RÉALISME DANS LA PEINTURE EUROPEENE
21 NOVEMBRE, 10.30 HEURES

L’orateur – qui est également le curateur de cette exposition - se concentre sur le réalisme innovateur dans les œuvres de Jan van Eyck et de ses contemporains flamands. Il commence sa conférence avec les prédécesseurs de van Eyck dans l’art de la cour franco-flamand et dans le style international, vers 1400. Il examine également dans quelle mesure de quelconques tendances réalistes font leur apparition dans l’art de la cour européen au cours de cette période, et comment l’ars nova se répand en Europe centrale jusqu’aux années 1450.
Orateur : Till-Holger Borchert, conservateur du musée Groeninge et commissaire de l’exposition « Van Eyck à Dürer ».
Lieu : Vriendenzaal Musea Brugge, Dijver 12, 8000 Brugge
Prix : gratuit pour les Amis des Musées de Bruges (Vrienden Musea Brugge). € 2 pour les non-membres.

- ROGIER VAN DER WEYDEN, LE RETABLE DE SAINTE COLOMBE ET SON IMPACT SUR LES ARTISTES ALEMANDS
5 DÉCEMBRE, 10.30 HEURES

Dans les années 1450, un retable important sorti de l’atelier du peintre bruxellois Rogier van der Weyden, a été érigé dans l’église Sainte Colombe de Cologne, détruite au cours de la deuxième guerre mondiale. Le retable de Sainte Colombe, aujourd’hui l’une des œuvres maîtresses de l’Alte Pinakothek de Munich, a immédiatement eu un grand retentissement auprès des peintres allemands et flamands, et a laissé jusqu’au 16e siècle une forte impression auprès des artistes de tout le Saint Empire romain. Avec cette œuvre d’art en tant qu’exemple, la conférence se penche plus en détail sur les mécanismes des échanges artistiques.
Orateur : Dr. Antje-Fee Köllerman, co-commissaire de l’exposition « Van Eyck à Dürer ».
Attention : cette conférence est donnée en anglais.
Lieu : Vriendenzaal Musea Brugge, Dijver 12, 8000 Brugge
Prix : gratuit pour les Amis des Musées de Bruges (Vrienden Musea Brugge). € 2 pour les non-membres.

- LUCAS CRANACH ET LES PAYS -BAS
16 JANVIER, 10. 30 HEURES

Cette conférence met en lumière la relation entre Cranach et les Pays-Bas. En 1508, l’artiste allemand a voyagé vers Anvers et Malines. L’orateur aborde les motifs qui sont à la base de ce voyage, mais examine surtout l’influence réciproque entre Cranach et les artistes flamands. La réception ultérieure de son art par les collectionneurs et musées est également abordée au cours de la conférence.
Orateur : Dr. Guido Messling, curateur de l’exposition ‘The world of Lucas Cranach’ qui a lieu à BOZAR (Bruxelles) du 20 octobre 2010 au 23 janvier 2011.
Attention : cette conférence est donnée en anglais.
Lieu : Vriendenzaal Musea Brugge, Dijver 12, 8000 Brugge
Prix : gratuit pour les Amis des Musées de Bruges (Vrienden Musea Brugge). € 2 pour les non-membres.

A noter : L’exposition s’inscrit dans le cadre du projet Bruges Central, qui présente, dans le droit fil de Bruges 2002 et de Corpus 05, une large gamme d’activités artistiques et culturelles à Bruges. Le programme s’articule autour des échanges culturels d’hier et d’aujourd’hui entre l’Europe occidentale et l’Europe de l’Est. Luc Tuymans est le commissaire du volet contemporain et montrera, entre autres, une exposition sur les croisements artistiques à notre époque. La même thématique se retrouve dans la musique (l’Estonie au Concertgebouw, Jazz Brugge), la danse (December Dance) et le théâtre (De Werf). L’exposition « Van Eyck à Dürer » traite naturellement du volet historique.


Informations pratiques :

Entrée
Groeningemuseum, Dijver 12, 8000 Brugge

Ouvert
09:30 > 18:00

Fermé
Lundi | 25.12.2010 | 01.01.2011

Le musée est accessible aux personnes en chaise roulante.

Billets
www.brugescentral.be
+32 (0)50 44 46 60 (lundi > vendredi: 10:00 > 17:00)
Groeningemuseum: achat de billets pour le jour même uniquement (> 17:00)

Tarifs
€ 11: visiteurs individuels
€ 9: visiteurs de plus de 65 ans | groupes de 15 personnes minimum | bénéficiaires d’une réduction
€ 1: jeunes de moins de 26 ans
Gratuit: enfants de moins de 6 ans | détenteurs d’une Brugge City Card

Guide audio NL | FR | DE | EN | ES | IT
€ 4
Il n’est pas possible de réserver un guide audio.

Visites guidées NL | FR | DE | EN | ES | IT
€ 90/guide (max. de 20 personnes)

La réservation est obligatoire, 4 semaines à l’avance au moins:
www.brugescentral.be ou +32 (0)50 44 46 60.

Il n’y a pas de visite guidée le dimanche.

Catalogue NL | FR | DE | EN
Edition brochée: € 39 | Edition reliée: € 49
En vente via www.brugescentral.be ou à la boutique du musée.

Illustration des Unes de l'article : Détail, Jan van Eyck et atelier, La Vierge à l’enfant, avec sainte Barbe, sainte Élisabeth de Hongrie et l’abbé Jan de Vos ca. 1442 (c) Frick Collection, New York
 

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