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Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

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Réflexions devant le Christ Diorite de Denis Monfleur.

Publié le : 17 Mars 2017
Le père Michel Brière a croisé au détour d'une galerie l'oeuvre de l'artiste Denis Monfleur intitulé le Christ Diorite. Il nous en livre ici son ressenti face à cette sculpture imposante. L'exposition Denis Monfleur s'est déroulée en 2017 à la galerie Claude Bernard, dans le 6e arrondissement de Paris.

Vue de l'exposition Denis Monfleur - galerie Claude Bernard © Michel Brière

Deuxième semaine de Carême. Je découvre à la galerie Claude Bernard un Christ sculpté par Denis Monfleur. L’artiste est coutumier du fait. Et Paul-Louis Rinuy a déjà présenté son travail en 2010. Mais là, la force de l’œuvre dépasse, à mes yeux plus que d’habitude, l’émotion d’un chrétien devant l’image de son Dieu crucifié. A l’opposé de la catégorie « images pieuses à usage interne, » l’œuvre, comme son modèle, dérange, intrigue, inquiète nos certitudes toujours un peu pharisiennes. Elle invite à la conversion de mon regard trop facilement satisfait. Si rapidement idolâtre.

Christ Diorite, Denis Monfleur - Galerie Claude Bernard © MICHEL BRIÈRE

Encore une fois, un artiste ose confronter son travail à cette figure bimillénaire et fondatrice dans la culture occidentale. Sans répéter. Denis Monfleur cogne dur. Au sens littéral, puisqu’il sculpte en taille directe des pierres réputées inaccessibles. Il en émane une violence dérangeante, brutale, primitive, que la surface luisante du basalte vient parfois adoucir. La lave ici travaillée garde trace de cette puissance originaire des entrailles de la terre. Mais tempérée par la composition. Le corps taillé, entaillé, par la force contrôlée de l’artiste, croise une étrange barre émaillée rouge minium. La solidification des couleurs fondues qui caractérise l’émaillage évoque la fusion et la liquéfaction d’un processus, somme toute, bien proche de celui qui a produit la lave. Mais sur un autre temps, un autre rythme : celui des hommes et de l’art. Le fond d’acier découpé me fait face et suggère un vis-à-vis. Derrière c’est le mur de la galerie ; derrière c’est la rue, la ville, le monde… Ces superpositions de formes, de matières, de textures, de couleurs et de temps donnent d’éprouver une impressionnante profusion de sens. Elles peuvent orienter une méditation patiente, plus loin que le visible.

La barre ensanglantée m’évoque d’abord « le linteau des maisons où on mange l’agneau avec des pains sans levain et des herbes amères. » (Cf. Ex.12,7s.) Le signe du passage de Dieu qui épargne. Ce signe devient le patibulum de la Croix, émaillé, lumineux. Précieux. Déjà, le corps du Sauveur s’en détache. A la dimension du monde crucifiant.

L’artiste m’a fait remarquer l’ombre discrète d’un buste sur l’acier, diaphane évocation du Père auquel s’abandonne le Fils qui se priait abandonné.

On aimerait poursuivre le Carême accompagnés d’œuvres contemporaines aussi fortes.

- Michel Brière

 

Le tireur de bloc, DENIS MONFLEUR - GALERIE CLAUDE BERNARD © MICHEL BRIÈRE
 

Informations Pratiques

Exposition Denis Monfleur, Émaillées… - jusqu’au 15 avril 2017.

Galerie Claude Bernard / 5-7, rue des Beaux-Arts 75006 Paris
Tel. 01 43 26 97 07

Du mardi au samedi de 9h30 à 12h30 et de 14h30 à 18h30
Plus d'infos : http://www.claude-bernard.com/expo

Pierre PAJOT
Pierre PAJOT a écrit :
05/04/2017 08:31

Le travail de Denis Monfleur est très intéressant.
Mais ce qui me choque en tant que chrétien c'est qu'on "utilise" le Christ en croix comme sujet artistique intéressant à représenter.
Un tel Christ dans une église oui, mais pas au milieu d'une une exposition.
Après tout, le Christ n'est-il pas mort sur la croix entouré du regard indifférent d'une foule anonyme ?

Bethmont Sylvie
Bethmont Sylvie a écrit :
17/05/2018 11:43

Devant le mur d'une galerie contemporaine, une image taillée, sculptée, du Christ nous le montre s'élevant, libre au-dessus de cette rouge barre émaillée... Les forces terrestres ou chtoniennes du supplice ne peuvent retenir ce corps glorieux infiniment libre.
Lorsque l'on suit, en pèlerins, la via crucis à Jérusalem, c'est bien pire comme expérience que la visite d'une galerie. Autre aussi est cette expérience que celle du recueillement dans une église. Songez plutôt : essayez de prier au milieu du dédale étroit du souk : les marchands qui vous interceptent voire vous houspillent, les femmes voilées ou non, aux regards furtifs et parfois peu amènes, qui se pressent, gênées dans leurs courses quotidiennes par ces foules tout aussi quotidiennes de touristes-pèlerins... Et même certains se bouchent les oreilles lorsque le prêtre qui conduit la prière parle, ou encore lorsque les pèlerins chantent. Non le Christ n'a pas été crucifié dans une église, mais il a été conduit au supplice comme tous les condamnés à mort, par un long chemin dans la ville, au milieu des marchands, des badauds goguenards, et de ceux qui lançaient des lazzis alors que la semaine précédente ils entonnaient leur "Hosanna au fils de David ! "
C'est toujours la même dérision au cours des siècles s'attachant à la peine de mort, lorsque l'on traînait ne France et lorsque l’on traîne encore ailleurs aujourd’hui les condamnés à mort dans les villes, sur une charrette, en chemise et sous les crachats de la foule au spectacle.
Non le Christ n'est pas mort dans une église mais il est mort, il s’est fait péché pour nous, il est sorti glorieux du tombeau afin que nous fassions Eglise en son Nom. Merci père Brière. Sylvie Bethmont.

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