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L'incrédulité de saint Thomas

Publié le : 11 Avril 2024
Giorgio Vasari, en plus d’être un des peintres majeurs de son temps, fut aussi l’un des fondateurs de la discipline qu’est l'Histoire de l'Art. Dans ses "Vite", le florentin retrace la vie et l'oeuvre des plus grands artistes de son temps ainsi que de ceux qui le précédèrent. Fervent défenseur de la peinture maniériste, il composa de nombreuses œuvres pour les plus grands mécènes de son époque. En grand érudit, Vasari propose pour chacune de ses compositions une lecture savante à plusieurs niveaux. C’est le cas de cette Incrédulité de saint Thomas dans laquelle il offre une interprétation riche et unique du thème.

[Republication - article initialement publié le 6/04/2018]

Giorgio Vasari, l'Incrédulité de saint Thomas, 1572

Présentation

La toile fut peinte pour la basilique florentine Santa Croce en 1572, soit une dizaine d’années après la fin du concile de Trente, dont l’objectif était de répondre à la Réforme protestante par un approfondissement de la réflexion théologique. Dans leur lutte contre l’Eglise catholique, les réformés condamnèrent le pape, mais aussi le clergé de manière générale, réprouvant le rôle que ces derniers jouaient dans la vie dévotionnelle des fidèles. A travers l’image, l’Eglise défendra sa position et le thème de l’Incrédulité de saint Thomas se verra particulièrement propice à l’insertion d’un discours écclésiologique que Vasari introduit pour la première fois dans cette oeuvre.

Au centre, on peut voir le disciple Thomas approchant son doigt du flanc du Christ, tandis que les autres apôtres encadrent l’apparition miraculeuse. La structure architecturale monumentale qui surplombe la scène est une allégorie de l’Eglise. Les disciples ne sont pas seulement les témoins de la scène ; ils encadrent la scène principale, dans le prolongement des lignes de fuite de part et d'autre de l'escalier central. Ainsi, les dix apôtres sont comme les « pierres vivantes », fondement de la « maison spirituelle » (1 Pr. 2, 5), c’est à dire l’Eglise. Ils figurent ainsi plastiquement l’allégorie architecturale qu’emploie saint Pierre dans son première épître. Héritiers spirituels des apôtres, ce sont ici les évêques que l’artiste met à l’honneur. Eux aussi accomplissent leur mission apostolique : ils propagent la foi juste, la foi catholique, et mettent en oeuvre leur mission pastorale, d’autant plus importante que nous sommes dans une période de troubles religieux.

Dans l’angle inférieur droit se détache saint Pierre, reconnaissable aux « clés du royaume des Cieux » qu’il tient dans la main (Mt. 16, 19). Le saint homme n'est pas placé là par hasard par l’artiste italien qui, de nouveau, reproduit par l’image les propos bibliques : Jésus déclara à Pierre « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Eglise » (Mt. 16, 19), tandis que saint Paul parle du Christ comme de la « pierre angulaire » de laquelle s’élève « tout l’édifice », à comprendre comme l’Eglise (Eph. 2, 20-21). En tant que Vicaire du Christ sur terre, Pierre, hérite de son rôle de « pierre angulaire », raison pour laquelle c’est dans l’angle de la toile que le place Vasari. Pierre, mais aussi le pape, son héritier, est ainsi présenté à la fois comme le pilier de « l’édifice » spirituel que nous présente saint Paul mais aussi pictural que nous montre Vasari.

Au-dessus, deux figures féminines surplombent la scène. Il faut reconnaître en elles l’allégorie de la foi selon la définition qu’en fait saint Paul dans son épitre au Hébreux : la foi est « le fondement des choses que l’on doit espérer et une pleine conviction de ce qu’on ne voit point » (Heb. 10, 1). Ainsi donc, la figure de droite incarne « ce que l’on doit espérer », c’est à dire le salut, puisqu’elle se détourne de la pomme qu’elle tient dans la main gauche, fruit du péché originel. Celle de gauche quant à elle symbolise « ce qu’on ne voit point », que Vasari matérialise par ce léger voile transparent à peine perceptible derrière elle. Avec cette allégorie de la foi, Vasari répond au doute de Thomas qui eut besoin de voir puis de toucher pour croire en la Résurrection du Christ. Il encourage de cette manière les fidèles à placer leur confiance dans le clergé.

D’ailleurs, au centre de la composition, au sommet des escaliers, cet espace plongé dans l’obscurité n’est autre que la matérialisation de la foi aveugle. Devant, un moine en bure, et ce qui semble être un évêque, sont là comme les guides spirituels, ici pour accompagner le fidèle dans sa foi.

Clara Zajdela, étudiante en histoire de l'art

Source 

C.Zajdela, L’Incrédulité de saint Thomas dans la peinture italienne de Cima da Conegliano à Domenico Cresti, mémoire de Master 2, 2015-2016, sous la direction de Monsieur Philippe Morel, p. 58-64.

Extrait de la Bible

Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »  Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

Jean 20, 19-29

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