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Le souper à Emmaüs

Publié le : 5 Avril 2018
Caravage peignit deux versions du Souper à Emmaüs. L’une d’elle, conservée à la National Gallery de Londres fut peinte en 1601 tandis que la seconde, peinte quatre ans après, se trouve dans les collections de la Pinacothèque de Brera, en Italie. Artiste célèbre pour la puissance de son clair-obscur, le peintre créa une manière nouvelle qui connut un succès retentissant et influença de nombreux artistes après lui. Ici, c’est à la première version que nous nous intéresserons.

 Caravage, Repas à Emmaus, 1601-1602, Huile sur toile, 139 x 195, Londres, National Gallery

Présentation

Que ce soit pour la version de 1601 ou bien celle de 1606, les deux toiles du Caravage eurent un impact considérable sur le mode de représentation de ce sujet. A sa suite, de nombreux artistes s’inspireront de sa composition pour leurs propres interprétations du thème.

Caravage représente la scène dans un cadre sombre et dépouillé. Assis autour d’une table, le Christ, Cléophas et son comparse ainsi qu'un serviteur, assistent au miracle. Si saint Luc tait le nom du second disciple dans son Evangile, il s’agirait pour saint Grégoire de saint Luc lui-même tandis que pour saint Ambroise, ce serait Amaon, fils de Rufus. Cependant, son identité a peu d’importance pour comprendre la signification de cette apparition.

Comme nous l’explique l’Evangile, le Seigneur apparut à ces pèlerins alors qu’ils se trouvaient en chemin pour rejoindre Emmaüs. Pourtant, ces derniers ne le reconnurent pas. Il faut comprendre que, le pensant mort, la raison et le doute rendaient aveugle leurs yeux qui ne voyaient en cet inconnu qu’un simple homme et non le Fils de Dieu. Invité à partager leur table par ses deux disciples, Jésus se révèlent à eux lors de la fraction du pain.

C’est ce moment précis que choisit de représenter Caravage. En effet, sur la table, le pain est fractionné et les disciples reconnaissent enfin leur Seigneur. Cette révélation entraîne alors chez eux une réaction de stupeur intense que vient souligner leurs gestes. Celui de droite, hébété, écarte les bras tandis que le second, agrippe les accoudoirs de son siège, oscillant entre la peur, traduite par un mouvement de recul, et l’émerveillement face au spectacle qu’offre le miracle.

A gauche du Seigneur, en revanche, le serviteur ne montre aucune réaction. Il regarde le disciple de droite et ne semble pas comprendre l’origine d’un tel ébahissement. Si ce personnage peut sembler anecdotique il est toutefois essentiel à la lecture du sujet.

Pourtant ouverts, ses yeux ne voient pas, ou plutôt ne voient que ce qui est visible, incapables d’appréhender la divinité. Son esprit ne s’élève pas puisqu’il choisit de ne se fier qu’à que ses sens. Il symbolise, ici, ceux qui n’ont pas la foi, car pour voir avec les yeux du corps, il faut croire avec son coeur. A droite, l’homme, dont le mouvement des bras trahit l’étonnement, ressent très clairement le poids de cette révélation. Pourtant, ses yeux ne regardent pas le Christ. Le peintre choisit d’ailleurs de les voiler d’obscurité.

Ce n'est pas à travers les sens que s’acquiert la connaissance de Dieu mais bien par la foi. Le second disciple regarde quant à lui le Seigneur et le voit, non plus comme un simple mortel, mais bien comme le Fils de Dieu, revenu d’entre les morts.

Clara Zajdela, étudiante en histoire de l'art

 

Caravage, Souper a Emmaus, 1606, Huile sur toile, 141x175 cm, Milan, Académioe ds beaux Art de Brera

Extrait de la Bible

Le même jour, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé. Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. 

Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. » Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »

Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »

Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.

Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »

(Luc 24, 13-32)

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