La pêche miraculeuse - l'apparition au bord de la mer de Tibériade

Présentation

Le passage de la seconde pêche miraculeuse est relaté par saint Jean dans le dernier chapitre de son Evangile. Très long, il est composé de nombreux évènement distincts, chacun emprunts d’une symbolique spécifique qui rendent l’analyse de cet épisode complexe. On retrouve cette complexité dans la peinture : chaque artiste concentre l’attention sur un moment précis du récit évangélique ou, au contraire, choisit d’en représenter plusieurs.

Giovan Francesco Gessi adopte pour sa Pêche miraculeuse un mode que l’on pourrait qualifier de narratif. Il ne se concentre pas uniquement sur un moment particulier mais déroule le récit sur sa toile.

C’est ainsi que l’on reconnait sur la droite, à l’arrière plan, le moment où Pierre, reconnaissant le Christ, plonge dans l’eau avec hâte pour le rejoindre sur la berge, tandis que les autres disciples vont à sa rencontre en bateau. Le peintre choisit d’occulter le moment où le filet des apôtres fut miraculeusement rempli de poissons pour nous présenter, au premier plan, le repas qui suivit le miracle.

C’est l’ultime repas que prend le Christ avec ses apôtres et il entre ainsi en écho avec la dernière Cène. C'est durant celui-ci que Jésus avait établi le rituel eucharistique en sanctifiant son sang dans le vin, et son corps dans le pain. Cette forte prégnance eucharistique, naturellement présente dans les représentations de la Cène, l’est aussi ici : au centre de la pierre qui leur sert de table, on reconnait le pain, symbole eucharistique par excellence, ainsi que le poisson, associé au Christ. La juxtaposition de ces deux éléments viennent appuyer le dogme de la présence réelle du Christ dans l’hostie.

En effet, lorsque Giovan Francesco Gessi peint cette toile pour l’ordre des Chartreux, le poids de la condamnation de ce dogme par les protestants se fait encore sentir. Après que le concile de Trente eut entériné le précepte de la transsubstantiation, on retrouve dans la peinture de nombreuses références à celui-ci, l’image devenant naturellement le moyen de diffusion des idées de l’Eglise catholique.

Enfin, il faut remarquer, dans l’angle inférieur droit, Pierre désignant de sa main droite un poisson en train de griller. Il s’agit d’une référence aux tourments qu’il subira lors de sa mort prochaine que lui annonce justement le Christ. Ici, Pierre accepte son destin de martyr car la souffrance est le prix à payer pour répandre sur terre la parole de Dieu.

Clara Zajdela, étudiante en histoire de l'art

Extrait de la Bible

Après cela, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment.

Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples.  Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.

 Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui. Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? » Ils lui répondirent : « Non. » Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons.

Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau. Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres. Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. »  Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.

Jésus leur dit alors : « Venez manger. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson. C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.

Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. » Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. » Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis. Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. » Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. »

Jean 21, 1-19

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