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Beauté divine ! Les plus beaux tableaux des églises ornaises réunis à Sées

Publié le : 28 Juillet 2015
Beauté divine ! Telle une exclamation devant le nombre des tableaux conservés dans les églises bas-normandes, près de trois mille. 2015 est l’année de la peinture religieuse. En complément de la grande exposition présentée au printemps au musée de Normandie à Caen, et dans le même esprit, ce sont d’autres tableaux provenant d’églises ornaises qui sont révélés cet été au public au musée départemental d’art religieux à Sées. Oeuvres originales ou copies de grands maîtres, tous témoignent de la richesse patrimoniale de l’Orne. L’exposition sera visible jusqu’au 30 septembre 2015.

L’exposition Beauté divine, Tableaux des églises ornaises présente une quinzaine d’œuvres remarquables, la plupart classées au titre des monuments historiques, issues des églises ornaises. Ce coup de projecteur est l’occasion de se plonger dans l’histoire de ces tableaux (les commandes, les dons), d’en étudier les courants, les influences, les techniques, et plus largement de découvrir tout le contexte de l’embellissement des églises ornaises qui remonte au deuxième quart du XVIIe siècle.

Assomption, d'après Rubens, 1668, église Saint-Pierre d'Irai © Région Basse-Normandie Inventaire général Patrick Merret

Tableaux d’églises : quelle histoire ?

La peinture des églises appartient d’abord à l’art de la Contre-réforme tel qu’il a été encouragé par le concile de Trente (1545- 1563) relayé par le concile régional de Rouen en 1581. L’embellissement des lieux de culte est devenu une exigence mais les premiers tableaux attestés comme ayant été exécutés pour des paroisses ornaises remontent plutôt au deuxième quart du XVIIe siècle. Dans les décennies suivantes, sous l’impulsion des ordres religieux et des confréries, grâce aux moyens financiers du clergé, des familles seigneuriales et des fabriques, les tableaux gagnent les retables des autels. Les œuvres sont confiées à des peintres locaux, rares étant les commanditaires à pouvoir, comme les communautés religieuses, faire appel à des artistes plus prestigieux. L’évolution du goût et les mauvaises conditions de conservation conduisent à renouveler les images jusqu’à la fin de l’Ancien Régime ; les échanges artistiques se font alors plus intenses avec Paris et les régions limitrophes.

Adoration des bergersn Côme Duhey, 1629, église Saint-Martin à Longny-au-Perche © Région Basse-Normandie Inventaire général Patrick Merret

L’évolution des commandes : XVIe-XVIIIe siècles

Marqué par la naissance et l’essor du protestantisme, le XVIe siècle s’achève sur une vigoureuse réaction de l’Église, qui met en œuvre les décisions prises au concile de Trente : « Le Saint Concile défend que l’on place dans les églises aucune image qui s’inspire d’un dogme erroné et qui puisse égarer les simples ».
Tous les corps de la société ont alors à cœur de participer à cette reconquête en contribuant, chacun selon son rôle, au renouvellement du décor de l’église. Le patron présentateur de l’église a ainsi à sa charge l’entretien du chœur tandis que la nef et les chapelles secondaires sont à la charge des fidèles, représentés par la fabrique, organisme chargé d’administrer les finances de la paroisse.
Les commanditaires peuvent ainsi être des religieux, curés ou chanoines qui ont coutume de se faire représenter en donateurs au XVIIe siècle, des laïcs comme les seigneurs apposant leurs armes sur les tableaux, des confréries de dévotion dont celles dédiées au Rosaire ou encore des fabriques administrant les paroisses. Les commandes les plus prestigieuses émanent toutefois des grands ordres religieux, qu’elles soient passées pour leurs abbayes ou pour les paroisses qui en dépendent.

Donation du rosaire, 2e quart du XVIIe siècle, église Saint-Pierre à La Chapelle-Souef © Région Basse-Normandie Inventaire général Patrick Merret

Les peintres d’ici et d’ailleurs

Les églises se parent de retables, véritables théâtres d’images dont les tableaux sont le plus souvent confiés au pinceau de peintres locaux. Quelques foyers de création ont été identifiés : Falaise, le Perche et Argentan au XVIIe siècle ; Bayeux et toujours Argentan au XVIIIe siècle. Dans une région n’ayant connu ni confrérie ou corporation de peintres, ni école dédiée à la peinture, la formation familiale s’est révélée prépondérante, facilitant l’affirmation de dynasties. Celle des Restout, éclose à Caen avec Marc (Annonciation des Yveteaux) a étendu son influence à Rouen avec Jean (Naissance de saint Jean Baptiste de Loucé) puis à Paris avec son fils Jean II. Les peintres locaux ne doivent pas être mésestimés, trop rapidement ravalés au rang de copistes : Louis Lecharpentier, maître-peintre d’Argentan en 1672, est reçu à l’Académie de Saint Luc à Paris en 1680.

Jésus marchant sur les eaux, Eugène Isabey, 3e quart du XIXe siècle, église Saint-Sauveur à Bellême © Région Basse-Normandie Inventaire général Patrick Merret

Copies fidèles, modèles interprétés

Parmi les nombreux peintres intervenus dans les églises, les bas-normands sont très majoritaires. Au XVIIe siècle, le recours à des artistes d’envergure nationale a principalement été l’apanage des ordres religieux, des membres du hautclergé et de quelques grandes familles possédant des biens à Paris.
Une tradition que perpétue l’évêque de Sées, Jean-Baptiste du Plessis d’Argentré, quand il fait appel en 1785 au peintre Joseph Benoît Suvée (1743-1807), Grand Prix de Rome en 1771, pour concevoir le Baptême du Christ ornant la chapelle du palais épiscopal. Au XVIIIe siècle, les échanges avec la capitale et les régions limitrophes se font plus intenses, et parmi la population fort nombreuse des peintres parisiens, beaucoup recherchent des débouchés dans les provinces françaises. Au XIXe siècle, la multiplication des dons de tableaux ouvre les églises à des artistes français contemporains renommés ou à des maîtres anciens de l’école italienne, comme Luca Giordano dont le Serpent d’airain orne l’église de Gacé.

Résurrection de la fille de Jaïre, Alfred Dehodencq, 1876, église Saint-Martin à Mâle © Région Basse-Normandie Inventaire général Patrick Merret

L’étude a mis en lumière, comme dans d’autres régions, la part prépondérante de la copie dans la production picturale des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Même les peintres locaux les mieux formés n’ont pas échappé à cette pratique où la force de l’image et du message prime sur l’originalité. Rares sont les copies exécutées d’après l’oeuvre originale, la plupart l’ont été d’après des gravures. La circulation des estampes a favorisé la diffusion d’oeuvres célèbres devenues autant de modèles possibles pour les peintres et les commanditaires. Les livres liturgiques comme les missels disposaient également d’images susceptibles d’influencer le choix des curés.

L’artiste le plus copié dans la région a certainement été Pierre-Paul Rubens (1577-1640). Le peintre d’Argentan, Marc Jullien, sieur de la Boulangerie, a pu utiliser l’une de ces gravures pour composer le tableau d’Irai daté de 1668. À Pervenchères, l’auteur de l’Assomption s’en est inspiré pour le registre supérieur de la Vierge dans la nuée, tout en puisant à d’autres sources le groupe des apôtres, au milieu duquel se tiennent trois enfants agenouillés, le crâne rasé, dont la signification est incertaine.

A savoir...

Visites commentées (inscription obligatoire) : vendredi 7 août 2015 à 17h00, samedi 5 septembre 2015 à 15h30. Elles seront assurées par Servanne Desmoulins-Hémery, comissaire de l'exposition. Groupe limité à 20 personnes. Tel : 02 33 28 59 73. Tarifs compris avec le billet d'entrée. 

Informations pratiques :
Beauté divine ! Tableaux des églises ornaises 

Du 8 juillet au 30 septembre 2015

Musée départemental d’art religieux de Sées
Place du Général de Gaulle
61500 SÉES

Tous les jours de 12h à 18h sauf  le mardi (jour de fermeture).

Tarifs :
L’accueil des groupes est possible toute l’année sur rendez-vous.
Adultes : 2 €
De 12 à 18 ans : 1,50 €
Moins de 12 ans : gratuit
Groupes (10 personnes et plus) : 1,50 €
gratuité lors des Journées européennes du patrimoine, mi septembre

Contact :
Téléphone: 02 33 28 59 73
www.ville-sees.fr

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