Au Grand Palais, la biennale Révélations : la créativité sous toutes ses formes
Publié le : 23 Mai 2019
En pénétrant sous la verrière du Grand Palais inondée de lumière, on perçoit immédiatement une discrète et agréable odeur de bois brut fraîchement coupé… Nous voici immergés dans l’atmosphère du salon Révélations, fondé et organisé par les Ateliers d’Art de France, dont la quatrième édition réunit un panel de 500 créateurs de 33 pays différents.
Comme toujours, le salon est aéré et à taille humaine - en dépit du nombre important de pièces présentées. Révélations propose une grande diversité d’approches, à l’image des disciplines très variées qui sont au cœur des métiers d’art et de ses matériaux de prédilections : bois, cuir, textile… ainsi que les arts du feu : verre, céramique, métal … Mais ce qui frappe de prime abord, ce sont les scénographies des stands de design, avec des pièces d’ébénisterie très actuelles et innovantes. Et aussi les créations qui s’apparentent de si près à des œuvres d’art contemporain, en alternance avec des démonstrations et réalisations de savoir-faire dans les domaines les plus variés des métiers d’art.
Car la ligne de frontière est fluctuante et parfois trompeuse, entre art et artisanat, œuvre d’artiste et ouvrage d’artisan. On sent d’ailleurs pointer chez beaucoup de praticiens des métiers d’art la tentation de se positionner comme « artiste ». D'autres se disent à la fois « artiste et designer » Comment placer le curseur, ce n’est pas toujours aisé, lorsque l’on a parfois la démonstration troublante sur certains stands de la capillarité entre les catégories voire d’une approche volontairement transversale…
Au-delà de la séduction immédiate de cette diversité, aussi plaisante et stimulante qu’elle soit, une autre question se pose, plus fondamentale, lorsque l’on arpente les allées. Celle de la sélection, vraiment inégale, qui porte ombrage aux pièces les plus intéressantes, avec de véritables dissonances - ce qui interroge de nouveau sur le positionnement que Révélations a dû mal à trouver. Son format de « Biennale » devrait pourtant accorder le temps nécessaire du « passage au tamis » pour une harmonisation de la qualité de ce qui est présenté, quitte à opter pour une offre moins large.
Heureusement, la visite apporte son lot de bonnes surprises. D’abord du côté des réalisations des artisans d’art et même des démonstrations d’ateliers de travail du cuir ou du bois, qui permettent de voir le geste, les outils, le ciseau, la gouge, la colle, les copeaux sur les établis. On est frappé par l’amour des matériaux, le respect de leur noblesse et de leur authenticité, l’exigence et le savoir-faire, la virtuosité extrême du travail de la main.
Particulièrement bien placé, le stand coréen d’Artmining, offre un ensemble d’œuvres de qualité (majoritairement d’artistes à vrai dire), qui pourrait trouver sa place sur une foire d’art, avec beaucoup de céramiques et de porcelaines, ainsi que des sculptures. On se laisse ensuite séduire par les Encres & minéraux de Caroline Besse, et aussi par les charmantes fleurs du Cabinet de Porcelaine, évocation contemporaine des compositions décoratives florales du XVIIIe siècle, ou encore de belles réalisations d’ébénisterie.
Coup de cœur absolu, le berceau Argo est une véritable révélation. Il séduit tout d’abord le regard par la justesse et la beauté de ses lignes, à la fois modernes et intemporelles, et par le raffinement de sa réalisation, alliance (et même osmose) du cuivre et du bois de noyer. Conçu en collaboration entre les ébénistes de l’atelier Ludwig & Dominique, et le studio de design Noir Vif, ce berceau est un « objet manifeste » pour une « Nouvelle Naissance ». Car au-delà de ses qualité esthétiques, il procure une isolation électromagnétique, grâce à la résille de cuivre et au bois. Il se veut « écrin protecteur » et « refuge rassurant », à l’image du vaisseau mythologique de Jason et des argonautes. Alliant démarche innovante et ouvrage d’excellence, ce lit de naissance est exemplaire et témoigne de la vivacité de la créativité actuelle.
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