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Les pleurants du tombeau de Jean sans Peur sont au musée de Cluny pour l'exposition : "les larmes d'albâtre"

Publié le : 2 Mai 2013
Du 27 février au 30 juin 2013, le musée de Cluny accueille les pleurants du tombeau de Jean sans Peur, duc de Bourgogne. 39 figures du cortège du prince défunt sont présentées dans une scénographie mettant en valeur l'intensité dramatique mais aussi la délicatesse de chacune des sculptures.

Les pleurants du tombeau de Jean sans Peur comptent parmi les chefs-d’oeuvre de la sculpture bourguignonne du XVe siècle. Ils proviennent du monument funéraire du duc de Bourgogne et de son épouse Marguerite de Bavière, commandé par leur fils Philippe le Bon en 1443.


Le sculpteur Jean de La Huerta se consacre au tombeau jusqu’en 1456. Il réalise la galerie finement ciselée, les pleurants, les anges de la dalle et le heaume. Son successeur Antoine Le Moiturier sculpte les gisants de 1466 à 1469, achève les pleurants et les arcatures. Selon le contrat, les artistes devaient s’inspirer au plus près du tombeau de Philippe le Hardi, père de Jean sans Peur : il est ainsi difficile d’attribuer les pleurants à l’un ou l’autre sculpteur.

 

Tombeau de Jean sans Peur et Marguerite de Bavière, Jean de La Huerta, Antoine Le Moiturier - Vue latérale dextre - Bourgogne, 1443-1470 - Dijon, Musée des beaux-arts © Musée des beaux-arts / François Jay /service presse
 

Dans la scénographie imaginée pour leur présentation au musée de Cluny, les pleurants, religieux ou laïcs, certains revêtus du long manteau de deuil à capuche, forment un cortège à l’image de la procession réelle. Affranchis de l’écrin d’arcatures qui les abrite autour du tombeau à Dijon, ils se succèdent dans une mise en scène qui permet au public de les contempler plus librement et met leur très grande qualité en valeur. Les attitudes et expressions variées de chaque membre de l'église, traduisent l’intensité des émotions face à la mort. La lumière venant du dessus accentue cette intensité, ainsi que l'impression de crescendo qui s'en ressort avec la procession montante.

La salle qui acceuille les pleurants n'impose pas de sens de visite au public, laissant ainsi ce dernier aller et venir selon ses envies et son attachement à tel ou tel pleurant.

Les pleurants sont mis en avant comme des objets d'art et non des artefacts. Cela explique le peu d'informations données par le musée sur les pleurants. Chaque personne est libre de se faire sa propre intérprétation.

 

Pleurant n° 53 du tombeau de Jean sans Peur et Marguerite de Bavière Jean de La Huerta, Antoine Le Moiturier Bourgogne, 1443-1470 Albâtre Dijon, Musée des beaux-arts © Musée des beaux-arts / François Jay /
service presse

En tentant de re-contextualiser les pleurants, notre sensibilité capte les émotions dont ils sont toujours porteurs : suivre le cortège, pleurer, prier, chanter, se recueillir, se laisser envahir par le chagrin, consoler son voisin : le deuil est une expérience collective, commune à tous les hommes et à tous les temps.

 

Description :
Les pleurants sont sculptés dans l’albâtre et mesurent de 38, 5 à 42 centimètres ; les enfants de choeur mesurent de 24,5 à 25 centimètres. La plupart des pleurants n’ont jamais quitté Dijon, mais dans le chaos suivant le démantèlement des tombeaux en 1793, trois d’entre eux disparurent, tandis que huit autres aboutirent dans des mains privées. Parmi ceux-ci, trois retournèrent plus tard à Dijon grâce à des dépôts de musées nationaux, quatre appartiennent au musée de Cleveland, et le dernier se trouve encore dans une collection particulière.

 

Pleurant n° 80 du Tombeau de Jean sans Peur et Marguerite de Bavière - Jean de La Huerta, Antoine Le Moiturier - Bourgogne, 1443-1470 - Albâtre - Dijon, Musée des beaux-arts © Musée des beaux-arts / François Jay / service presse
 

Il faut insister sur la cohérence du message de foi que ces tombeaux portent dans leur ensemble. Les gisants, grandeur nature, avec leurs visages ressemblants, leurs costumes très exactement représentés, semblent appartenir à notre monde. Cependant, leurs yeux ouverts par la résurrection, les anges qui les assistent dans leur réveil, des créatures célestes mais représentées de façon aussi convaincante que s’ils appartenaient au nôtre, les donnent à voir tels qu’ils seront à la fin des temps, lorsque les corps ressusciteront dans leur gloire et que les âmes rejoindront leur Créateur.

Le motif des pleurants sur les tombeaux des ducs de Bourgogne n’est pas nouveau. Formellement, il remonte aux sarcophages antiques, qui présentaient volontiers des suites de personnages ou des scènes sous des arcatures. Ce n’est qu’au tournant des XIe et XIIe siècles que s’affirment des monuments funéraires placés hors sol à l’intérieur d’une église pour des personnages décédés depuis longtemps et que l’on cherche à honorer. Souverains et princes tendent à constituer des nécropoles familiales et en viennent ainsi à placer au-dessus de leur propre sépulture des monuments destinés à perpétuer leur souvenir. Habitude qui se diffusera largement dans la noblesse et dans le haut clergé.

Pleurant n° 55 du tombeau de Jean sans Peur et Marguerite de Bavière- Jean de La Huerta, Antoine Le Moiturier - Bourgogne, 1443-1470 - Albâtre - Dijon, Musée des beaux-arts © Musée des beaux-arts / François Jay /service presse
 

Il semble que ce soit au milieu du XIIIe siècle, dans l’entourage de saint Louis, qu’apparut l’idée de représenter le cortège des funérailles dans toutes ses composantes et dans toute son émotion. Les premiers tombeaux de ce type que nous ayons conservés sont ceux de Philippe-Dagobert, frère de saint Louis (†1234) et de Louis, son fils aîné (†1260), qui étaient enterrés à l’abbaye cistercienne de Royaumont.
Parmi tous ces monuments funéraires, les tombeaux des ducs de Bourgogne se distinguent toutefois objectivement dans un état d’intégrité permettant de les étudier et de les admirer, et pas seulement parce que ce sont les seuls tombeaux princiers des XIVe et XVe siècles, sinon intégralement conservés, du moins, grâce aux reconstitutions et aux restaurations du XIXe siècle.

Toute monotonie est évitée par la variété des figures et par le rythme que leur donne l’alternance des dais simples triangulaires, surmontant un seul personnage, et les dais doubles rectangulaires, en surmontant deux, des dais plus complexes surmontant trois figures se trouvant aux angles.
Ensuite, bien sûr, le caractère très vivant et immédiatement touchant de cette société de clercs et de laïcs, l’élégance générale des figures revêtues de leurs manteaux, le soin donné au rendu des détails de costumes et d’accessoires, qui apportent de la diversité sans nuire à l’effet d’ensemble et la variété de leurs attitudes et leur expressivité, qui attire et retient l’attention du spectateur fasciné. Il faut insister sur cet aspect si admirable, dans les figures des pleurants, que sont les drapés : majestueux, souvent généreux, parfois très simples et toujours éloquents.

Dans l’admirable production sculptée qui s’est développée en France, c’est précisément la qualité des drapés qui caractérise la Bourgogne. Il s’agit incontestablement d’une recherche artistique qui fut menée dans l’atelier ducal de sculpture, par Claus Sluter, Claus de Werve, Jean de La Huerta, Antoine Le Moiturier et leurs collaborateurs. leur qualité véritablement exceptionnelle n’était guère imitable et ils ne furent jamais exactement copiés, même dans les tombeaux de la famille de Bourgogne hors de Champmol.

 

Pleurant n° 79 du tombeau de Jean sans Peur et Marguerite de Bavière - Jean de La Huerta, Antoine Le Moiturier - Bourgogne, 1443-1470 - Albâtre - Dijon, Musée des beaux-arts © Musée des beaux-arts / François Jay /service presse

 

Le cérémonial des funérailles :
Le thème des pleurants est à mettre en rapport avec le cérémonial même des funérailles. L’apparat qui entourait les obsèques des souverains et des princes a connu un développement considérable à la fin du Moyen Âge : ce sont des cérémonies qui durent plusieurs jours, voire des mois si, comme ce fut le cas pour les trois premiers ducs de Bourgogne qui moururent loin de Dijon, il faut ramener leur corps jusqu’à leur  lieu de sépulture. Elles comportent des cortèges, plusieurs célébrations liturgiques, et mettent en jeu de nombreux participants, dont des pauvres qui jouent un rôle important. Leur faste est impressionnant : tentures noires, dais, catafalques, drap d’or couvrant le cercueil, armoiries, présentation des pièces d’honneur (drapeaux, armes et chevaux dudéfunt) ; insignes du pouvoir du prince, abondance de cierges et de musique. Parfois, elles s’achèvent avec un banquet funèbre.

 

Les pleurants des tombeaux sont bien conformes au spectacle que devaient donner les funérailles ducales. Après cette présentation, ils retrouveront leur place dans les salles rénovées du musée des beaux-arts de Dijon.

 

Informations pratiques

Musée de Cluny

Musée national du Moyen-âge

6, place Paul Painlevé - 75005 - Paris

Tél : 01 53 73 78 16

www.musee-moyenage.fr

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