L'oeuvre peinte de Gustave Doré révélée au monastère royal de Brou (Bourg-en-Bresse)

Gustave Doré (1832-1883) confessait en 1873 : « J'illustre aujourd'hui pour payer mes couleurs et mes pinceaux. Mon cœur a toujours été à la peinture. J'ai le sentiment d'être né peintre ». Cette confession semble être le départ de la nouvelle exposition du monastère royal de Brou « Gustave Doré, un peintre né ». En effet, l’œuvre peinte de Gustave Doré est peu connue par rapport à son activité d’illustrateur alors qu’elle est prolifique : plus de 200 peintures sont recensées dont cinq sont conservées dans les collections du musée.

Gustave Doré est natif de Strasbourg mais fait une partie de sa scolarité au collège de Bourg-en-Bresse, il y restera jusqu’en 1847 date à laquelle il quitte la province pour Paris et commence sa carrière d’illustrateur. Mais il publie ses premières lithographies dès 1845 chez un imprimeur de Bourg. C’est donc assez naturellement que la ville de Bourg-en-Bresse par l’intermédiaire du monastère royal de Brou souhaitait rendre hommage à cet artiste majeur du XIXe siècle.

Gustave Doré, caricature, Bourg-en-Bresse, musée du monastère royal de Brou © Arkhënum

Gustave Doré rencontre le succès rapidement avec l’illustration de plusieurs ouvrages, les Œuvres de Rabelais en 1854, Don Quichotte de Cervantès en 1863, La Sainte Bible en 1866 et La Divine Comédie de Dante Alighieri (1861-1868). Ces ouvrages largement diffusés dans toute l’Europe ont contribué à sa notoriété d’illustrateur. Cependant, le goût de peindre ne l’a jamais quitté et dès 1850 il présente une toile au Salon à Paris Pins Sauvages. Cette toile ne sera pas remarquée positivement par les critiques, mais cela ne découragera pas Gustave Doré qui présentera des peintures au Salon jusqu’en 1882.

Si en France, son talent de peintre n’est pas reconnu c’est outre-manche que Gustave Doré rencontre le succès. En 1868, il ouvre à Londres la Doré Gallery qui sera très fréquentée et appréciée des londoniens.

Le style de Doré en peinture est difficilement classable, on peut essayer de le qualifier de « romantique réaliste » ou « réaliste visionnaire » mais sa peinture transcende l’ensemble des courants du XIXe siècle. Ses sujets de prédilection sont de trois ordres la littérature et la mythologie, la nature et le christianisme.

Le Calvaire, dit Le Crucifixion, 1876-77, huile sur toile, 110 x 170,2 cm, Strasbourg, ©Musée d'Art Moderne

L’exposition « Gustave Doré, un peintre né » guide le visiteur à travers la vie et l’œuvre de l’artiste. La première séquence est biographique, le visiteur découvre Gustave Doré touche-à-tout, véritable autodidacte en peinture, dessin, sculpture et musique. Le visiteur est invité dans le salon de Gustave Doré où de nombreuses personnalités du monde artistique et littéraire se croisaient lors de soirées mondaines : Théophile Gautier, Rossini, Nadar, Charles Gounod ainsi qu’Edmond Goncourt ou Sarah Bernhardt.

Une section sur les paysages marque les débuts de Doré en tant que peintre. Ces paysages sont solitaires, propices à la rêverie, sombres et romantiques. Puis le visteur parcours une thématique chère à l’artiste : la peinture religieuse.

Le Christ mort, huile sur toile, Paris, Collection particulière © Gabriel Coutagne

Profondément croyant, Gustave Doré s'est fait sien le verset 11 du chapitre 13 de la seconde Lettre de saint Paul aux Corinthiens : « Au reste mes frères, soyez joyeux, perfectionnez-vous, consolez-vous, ayez un même sentiment, vivez en paix et le Dieu d'amour et de paix sera avec vous. » La Sainte Bible qu’il illustre en 1866 lui inspire de nombreuses images, dont beaucoup sur le Christ. Il entreprend notamment de peindre les différents épisodes de la vie de Jésus.

« Dans le tableau ci-dessous Jésus préchant sur la montagne se retrouvent la plupart des aspects du génie de Doré : force de la composition des groupes, puissance de la scène d'apparition et de l'évocation de l'autre monde, science du clair-obscur et de la distribution des lumières et des ombres. Cette œuvre atteste aussi de la connaissance intime que Doré avait des textes sacrés. »

Jésus prêchant sur la montagne, huile sur toile, 1,3 x 1,95 m, 1865-1868, Paris, Collection particulière © Photo Alberto Ricci / Boquet et Marty de Cambiaire Fine Art.

Engagé dans les grandes causes sociales aux côtés de figures importantes telles que Victor Hugo, c’est par le réalisme social de ses toiles que Gustave Doré fait réagir ses contemporains. Une section de l’exposition « Gustave Doré un peinte né » revient sur sa sensibilités aux plus démunis avec de nombreuses peintures.

 Caritas (Jeune femme et mendiant aveugle), 1860-70, huile sur toile, 116 x 89, Londres,
The Schorr Collection (dépôt au Bowes Museum)

Enfin le parcours se termine avec une série de peintures évoquant l’imaginaire romantique de Gustave Doré. L’artiste, fasciné dès son plus jeune âge par l’œuvre de Dante, exprime son imaginaire teinté de mysticisme à travers sa peinture, jouant sur le clair-obscur, le mystère…

A travers plus de 75 œuvres, nul doute que cette exposition au monastère royal de Brou permet la redécouverte d’un artiste dont on croyait tout connaître par ses illustrations. Il n’en est rien, M. Doré a beaucoup de choses à nous montrer à travers ses peintures…

Dante et Virgile dans le neuvième cercle de l'Enfer, huile sur toile, 3,11 x 4,28 m, 1861, Bourg-en-Bresse, musée du monastère royal de Brou © Hugo Maertens.

Si vous voulez en savoir plus sur l’ouvrage illustré par Gustave Doré : La Sainte Bible, nous vous conseillions l’excellent article de Christophe Langlois à lire dans les blogs de Narthex.fr ou directement sous le lien suivant : La Bible selon Gustave Doré

Autour de l’exposition :

En guise d’avant-goût : La peinture au temps de Gustave Doré
Le monastère royal de Brou a inauguré à l’occasion de l’exposition, un cycle de conférences pour partir à la rencontre des arts au XIXe siècle. L’art anglais aux sources du romantisme français : une nouvelle manière de peindre, de Eugène Delacroix à Gustave Doré avec Geneviève Lacambre, conservateur général honoraire du patrimoine ; Imaginer la Bible au XIXe siècle Illustrations, peintures, expositions (Doré, Bida, Tissot, Burnand) avec Philippe Kaenel, professeur titulaire d’histoire de l’art, maître d’enseignement et de recherche à l’université de Lausanne ; Tendances de la peinture en France au temps de Gustave Doré, du romantisme à l’impressionnisme avec Stéphane Paccoud, conservateur du patrimoine au musée des Beaux-arts de Lyon. Peindre le pouvoir et la guerre : hauts faits à l’honneur dans les galeries historiques de Versailles (1837-1869) et traumatisme de la défaite (1870- 1890), avec Christophe Beyeler, conservateur du patrimoine au château de Fontainebleau, chargé du musée Napoléon Ier et du cabinet des arts graphiques.

Visites commentées
- dimanches 10 et 24 juin, 8 et 22 juillet, 5 et 19 août et le 2 septembre – 15h

Visites adaptées
- pour les personnes sourdes et malentendantes : samedi 16 juin - 10h
- pour les personnes déficientes visuelles : samedi 30 juin - 10h
En famille

- Visite-atelier : après l’étude d’un tableau en salle d’exposition et la réalisation d’un rapide croquis, enfants et parents partent en atelier créer leur propre oeuvre. Dimanche 17 juin et mercredi 29 août -14h30

- Promenade contée en famille avec les conteuses du Réseau de lecture publique. Samedi 23 juin, mercredi 25 juillet et samedi 8 septembre - 15h

Visites autrement
- visite couplée avec l’exposition Gustave Doré, l’illustration en héritage, organisée par le Réseau de lecture publique de la Ville de Bourg-en-Bresse à l’Hôtel Marron de Meillonnas. Samedi 9 juin - 14h
- visite à deux voix avec un historien de l'art et un plasticien, dimanche 9 septembre - 14h30
- regards croisés entre peinture et littérature avec Magali Briat-Philippe, commissaire de l'exposition et Camille Chochois-Pivin, conservateur des bibliothèques, vendredi 14 septembre – 18h30.

Nocturne musical. Do, ré, mi, fa, sol....
De jeunes musiciens s'inspirent des peintures de Doré et rythment votre visite par leurs improvisations. Didier Patel et Samuel Fernandez au piano, vous convient à un concert-conférence sur Après une lecture de Dante, fantasia quasi sonata de Franz Liszt. Carte blanche est ensuite donnée aux professeurs du Conservatoire pour un concert de musique de chambre avec des oeuvres de Liszt et de contemporains de Gustave Doré.

Vendredi 29 juin - à partir de 18h
Avec la collaboration du Conservatoire à rayonnement départemental de Bourg-en-Bresse Agglomération.

A destination des scolaires
- Atelier et visite De la plume au pinceau (cycle 3 – collèges – lycées)
- Visite découverte pour les enseignants – mercredi 23 mai à 14h.
Pour les centres de loisirs : visite ludique sous la forme d'un jeu de piste.
Outils d'aide à la visite : borne multimédia pour découvrir les œuvres numérisées, espace de projection (illustrations numérisées).

Informations pratiques :

MONASTÈRE ROYAL DE BROU,
63 BOULEVARD DE BROU, 01000 BOURG-EN-BRESSE.
TEL : 04 74 22 83 83. FAX : 04 74 24 76 70.
musee.de.brou@bourgenbresse.fr
www.bourgenbresse.fr / www.brou.monuments-nationaux.fr

Exposition ouverte du 12 mai au 16 septembre 2012, tous les jours jusqu'au 30 juin : de 9h à 12h30 et de 14h à 18h, puis du 1er juillet au 30 septembre : de 9h à 18h
Fermeture le 1er mai.

Tarifs. Plein tarif : 7,50 €. Tarif réduit : 4,50 €. Groupe (+ de 20 personnes) : 6,00 €. Gratuit : moins de 26 ans, enseignants de l’Éducation Nationale, adhérents aux Amis du monastère royal de Brou...

Visites commentées sur réservations au 04.74.22.83.83. Individuels et groupes inférieurs à 20 personnes : 4,10 € en plus du droit d’entrée. Groupe de 20 personnes et plus : 3,55 € en plus du droit d’entrée.

Accès. Bourg-en-Bresse se trouve à 60 km au nord de Lyon. A39 depuis Dijon, Besançon, Strasbourg (sortie n° 7), A40 depuis Mâcon ou Genève (sortie n° 7), A42 depuis Lyon (sortie n° 7). Par le train : TGV direct Paris/Bourg-en-Bresse (1h50), ligne de Genève, ou avec correspondance à Lyon.
 

Illustrations de la UNE : Jésus prêchant sur la montagne, huile sur toile, 1,3 x 1,95 m, 1865-1868, Paris, Collection particulière © Photo Alberto Ricci / Boquet et Marty de Cambiaire Fine Art.