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Chronique de Noël (7/7) : « Toutes les nations marchent vers ta clarté naissante »

Publié le : 3 Janvier 2014
Simon Bening, né vers 1483, fit son apprentissage dans l'atelier d'enluminure de son père, à Gand. Il s'installa ensuite à Bruges, où il acquit rapidement une grande renommée et se spécialisa dans l'illustration de livres d'heures. Il nous aide aujourd’hui à comprendre combien la gloire lumineuse et la clarté rayonnante qui avaient accompagné la naissance de Jésus et enveloppé les bergers s’élargissent aujourd’hui aux dimensions du monde. Tous les hommes de la terre sont admis à un même héritage : Dieu n’exclut personne de son Royaume.

 Et voilà que l'étoile qu'ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s'arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l'enfant. Quand ils virent l'étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. En entrant dans la maison, ils virent l'enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe ».

Bien loin d’une grande mise en scène, nous assistons à une rencontre « dans l’intimité ». L’image resserrée sur les personnages contribue à ce sentiment d’une rencontre où chaque roi tient à s’approcher au plus près de l’Enfant-Dieu.

Simon BENING, L’Adoration des Mages (Livre d’heures aux Fleurs - Clm 23637) - 1520-1525 – Enluminure, 16,5 x 11,2 cm – Bayerische Staatsbibliothek, MUNICH – © DR

La tradition populaire et les canons adoptés par les artistes veulent que, parmi les trois rois mages, il y avait un blanc, un jaune et un noir, ou encore un jeune, un homme d’âge mûr et un plus âgé. En diversifiant ainsi les personnages de la crèche et de ses représentations, la sensibilité chrétienne la plus immédiate a voulu faire une place à tous et à chacun autour de l’Enfant-Jésus.

Une place pour les riches comme pour les pauvres, pour les païens comme pour les juifs, pour les étrangers comme pour les gens du pays. Cette manière de voir est très juste et en lien direct avec la Bonne Nouvelle : l’Evangile serait dénaturé s’il ne s’adressait pas à tous les hommes, hier, aujourd’hui comme demain.

Jésus est venu pour sauver l’ensemble de l’humanité. Celle-ci est ici représentée à travers ces trois hommes, différents, mais complémentaires par leur physionomie, leur âge et la couleur de leurs amples manteaux. Ils affirment la dimension universelle du salut dans l’espace et le temps. Ils sont sérieux et attentifs. Le plus âgé, en bas de la composition, prosterné, est captivé par l’Enfant. Il le fixe intensément et rien ne semble pouvoir venir interrompre cette communion.

Dans l’Evangile, comme ici avec Bening, ils ne disent rien, mais posent deux gestes important : ils se prosternent et offrent leurs présents. Ils reconnaissent ainsi qu’ils ont trouvé ce qu’ils cherchaient. Jésus, tout petit sur les genoux de sa mère, est nimbé de rayons dorés : il est le Messie qui éclaire le monde et le transforme. Il est la lumière pour les nations qui affluent.

Qui sont-ils, ces mages qui viennent d’Orient ? La question reste posée, mais l’important est le constat de la venue ceux qui sont étrangers, certainement païens.

« Par révélation, il m'a fait connaître le mystère du Christ. Ce mystère, il ne l'avait pas fait connaître aux hommes des générations passées, comme il l'a révélé maintenant par l'Esprit à ses saints Apôtres et à ses prophètes. Ce mystère, c'est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l'annonce de l'Évangile » écrit saint Paul aux chrétiens d’Ephèse.

La naissance de Jésus, pareille au lever d’un astre, annonce cette immense unité à laquelle tous sont conviés. « Debout, Jérusalem ! Resplendis : (…) Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. Lève les yeux, regarde autour de toi : tous, ils se rassemblent, ils arrivent ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras. Alors tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera. Les trésors d'au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations » proclame le prophète Isaïe.

L’Epiphanie, c’est la fête pour tous ceux qui ne sont pas présents, mais évoqués à travers ces trois rois. C’est la fête de l’espérance, celle où l’on espère dans la foi vivre dans l’unité et la paix, dans la justice et le bon droit. « Qui donc a un cœur assez endormi, qui donc est assez ingrat pour ne pas se réjouir, exulter et rayonner devant un tel événement ? Cette fête est commune à toute la création : elle accorde à notre monde les biens qui sont au-delà du monde » (Saint Basile le Grand, Homélie sur Noël).

Osons croire et laissons-nous surprendre par notre Dieu, comme ici Joseph, surpris et bouleversé, portant la main à son front, semblant dire : « Incroyable, je n’en reviens pas ! ».

Ce qu’attendait le peuple de Dieu est réalisé, ce qui était caché est révélé (Epiphanie, de epiphanios, « qui apparaît »). Le salut universel n’est pas dans l’appartenance à un peuple particulier, mais dans le lien avec le Christ : il est celui qui fait de nous des fils, participant au même héritage de la Vie Eternelle.

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