Aller au contenu. | Aller à la navigation

Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

Bonjour, notre site va bénéficier d’une refonte dans les prochains mois. L’activité de Narthex est actuellement réduite. Nous vous remercions de votre compréhension.

A la découverte de Nicolas Poussin à travers la tenture de Moïse. Histoires tissées, à la galerie des Gobelins.

Publié le : 24 Mai 2012
La Galerie des Gobelins présente du 22 mai au 20 janvier 2013 la tenture de l'histoire de Moïse. Réalisée après la mort de Nicolas Poussin, elle nous révèle le passé du peintre.

Cette exposition présente la tenture de l’histoire de Moïse, un ensemble de dix tapisseries réalisées d’après huit œuvres de Nicolas Poussin (1594-1665) et deux de Charles Le Brun (1619-1690). Nicolas Poussin est considéré comme le plus grand maître du classicisme français. Ce mouvement pictural du XVIIe siècle s’inspire directement de l’art de l’Antiquité, prônant l’expression de la beauté idéale pour représenter, à travers des sujets nobles, la morale et ses vertus.

"Moïse exposé sur les eaux", D'après Nicolas Poussin, Paris, Mobilier National,Manufacture des Gobelins, vers 1683. ©Isabelle Bideau

En 1624 Poussin se rend à Rome, où il reçoit la protection du Cardinal Francesco Barberini, neveu du Pape Urbain VIII. Il découvre notamment le travail de Raphaël (1483-1520), véritable référence de ce mouvement picturale. L’exposition nous rappelle l’influence du maître italien en présentant quelques unes de ses tapisseries en introduction.

C’est véritablement Raphaël qui révolutionne la tapisserie occidentale. Avant lui elle était dite gothique. Il intègre la notion de perspective dans la composition. Les personnages sont disposés sur une surface plane, mais avec la volonté d’être révélés en trois dimensions. L’ouverture d’une fenêtre sur un paysage à l’arrière plan permet de donner de la profondeur. D’autre part, Raphaël amène la disposition en frise des personnages. Cet emprunt aux bas reliefs égyptiens offrait ainsi la possibilité de raconter une histoire sur un même plan horizontal.

"L'adoration du Veau d'or" D'après Nicolas Poussin, Paris, Mobilier National,Manufacture des Gobelins, avant 1685. ©Isabelle Bideau

En 1640, après plusieurs tentatives des autorités françaises, Nicolas Poussin revient à Paris, où il est accueilli avec les plus grands honneurs par Louis XIII et Richelieu : on lui demande de superviser des travaux au Louvre, de concevoir des tableaux d’église et des cartons de tapisseries. Pourtant, Poussin repart deux ans plus tard en Italie, où il s’installe définitivement. Il a eu du mal à s’habituer à la vie de cour de Paris, ne réalisant que très peu des commandes qui lui sont faites.

Poussin réalise les tableaux de l’histoire de Moïse entre 1625 et 1660. Les tapisseries ont été tissées vingt ans après sa mort. Il semble que l’artiste n’était pas à l’aise avec le très grand format, et lui préférait nettement la peinture de chevalet. L’approche en est toute différente puisque nous sommes dans un cadre intimiste, propice à la méditation, chère à Poussin qualifié souvent de peintre philosophe; alors que le format monumental se réfère davantage à l’art de la mise en scène, du spectacle, donc de l’artificiel.

"Moïse sauvé des eaux", D'après Nicolas Poussin, Paris, Mobilier National,Manufacture des Gobelins, vers 1683 ©Isabelle Bideau

En 1664, Louis XIV et Colbert souhaitent qu’il devienne le premier directeur de l’Académie de France à Rome (devenue la Villa Médicis), mais il meurt avant d'y accéder. Les tapisseries sont issues d’une commande de la Couronne. C’est le Surintendant des bâtiments du Roi, le marquis de Louvois, qui décide au début des années 1680 du tissage de tableaux de Poussin.La France espérait récupérer la suprématie artistique alors aux mains de l’Italie. La Royauté voulait imposer Poussin comme le nouveau Raphaël, mais sur un art qu’il ne maitrisait pas.

Pourtant son talent de peintre a rendu possible le tissage de tapisseries d’après ses œuvres. Si la peinture est un art de la disposition, la tapisserie est davantage un art du dispositif. La distinction est importante, car du passage d’un moyen format au monumental, une adaptation est nécessaire. La qualité du travail de Poussin a rendu possible ce changement d’échelle.

"Moïse foulant aux pieds la couronne de Pharaon", D'après Nicolas Poussin, Paris, Mobilier National,Manufacture des Gobelins, vers 1683. ©Isabelle Bideau


Comme le souligne Marc Bayard (conseiller pour le développement culturel et scientifique au Mobilier National), le peintre avait recours à des « trucs » d’artistes, notamment la boîte dramaturgique. Utilisée dans une logique scénographique, les peintres y disposaient leurs personnages de cire pour évaluer avec précision la manière dont ils devaient agencer leur composition, notamment en cas de nombreux personnages dans un espace réduit. Ceci facilite l’agrandissement du format, sans déséquilibrer la composition.

La tapisserie est un dispositif théâtral, et l’on devient spectateur d’une scène monumentale. Les lissiers jouent de ce passage d’un médium à l’autre et s’autorisent des libertés d’exécution. On voit par exemple apparaître des colonnes venant encadrer ces véritables décors. Le traitement des couleurs témoigne également des choix des artisans. Les fonds sombres des tableaux, difficilement représentables sur de très grands formats, sont remplacés par des paysages, pour gagner en lisibilité. 

"La Manne dans le désert", François Bonnemer, D'après Nicolas Poussin, Carton peint avant restauration, ©Costanza Ceradini

C’est à l’étage que nous pouvons admirer la tenture de l’histoire de Moïse. Les tapisseries, pour la plupart restaurées spécialement pour l’exposition, ont nécessité plus de deux ans de travail.
Le carton peint de François Bonnemer d’après « La Manne dans le désert » est le modèle à échelle 1 qui sert aux lissiers pour la réalisation des tapisseries. Les lés ont été retrouvés dans les réserves du Mobilier National en 2011, et nous sont présentés exceptionnellement pour l’exposition organisée à la galerie des Gobelins. Il s’agit là d’une précieuse documentation sur la genèse de la tapisserie. 

"La Manne dans le désert", D'après Nicolas Poussin, Paris, Mobilier National,Manufacture des Gobelins, 1685. ©Isabelle Bideau

On ne connaît pas l’utilité précise de ces tapisseries, qui pouvaient orner ensemble ou séparément des demeures royales. La tenture de l’histoire de Moïse, préfiguration du Nouveau Testament et de l’histoire du Christ, était peut-être montrée à l’occasion de la Fête Dieu.

L’éclairage des tapisseries, généralement orienté face aux œuvres, a été pensé autrement pour l’exposition. Positionné au dessus, il nous révèle les tissages sans écraser les compositions.

La dernière exposition consacrée à Nicolas Poussin à Paris date de 1994. Cette exposition présentée non loin du lieu où furent tissées ces œuvres permet d'évoquer l’histoire du peintre, tout en révélant la somptuosité des trésors conservés au Mobilier National.

A noter actuellement : Dans le cadre de l’exposition « Poussin et Moïse. Histoires tissées » présentée actuellement à la Galerie des Gobelins à Paris, les peintres Yan Pei-Ming et Pierre Buraglio ont été invités à « dialoguer » avec les œuvres tissées de Poussin inspirées de thèmes bibliques lors d’une Carte Blanche. Leurs installations sont à découvrir jusqu’au 20 janvier 2013. En savoir plus en cliquant ici

Commissariat de l’exposition :

Commissaire : Arnauld Brejon de Lavergnée, Directeur des collections du Mobilier national
Co-Commissaire : Marc Bayard, Conseiller pour le développement culturel et scientifique au Mobilier national

Informations pratiques :

GALERIE DES GOBELINS
42 avenue des Gobelins 75013
du 22 mai au 20 janvier 2013
du mardi au dimanche de 11h à 18h

Site Internet : www.mobiliernational.fr

Accès : métro Les Gobelins / bus -27,47,83,91

Droit d'entrée hors exposition
Plein tarif : 9 €
Tarif réduiit : 7 €
Pendant les expositions : Billet jumelé ateliers + exposition
Plein tarif : 11 €
Tarif réduit : 8,5 €

Catalogue
Disponible aux Editions Drago : Poussin et Moïse. Du dessin à la tapisserie, Marc Bayard, Arnauld Brejon de Lavergnée, Eric de Chassey (éd.), Rome, Drago, 2011, 218 pages couleurs. En deux volumes.

Recherchez sur le site
Inscrivez-vous à la newsletter
A ne pas manquer Voir tout l’agenda