Expo photos: "L'Intangible" d'Anne Pharel à Paris
En transfigurant le réel, Anne Pharel donne à voir la face cachée des éléments, celle qui échappe à toute perception.
En capturant des instants éphémères qui contiennent en eux leur propre finitude, pour leur conférer une nouvelle temporalité, plus longue et plus étirée, l’artiste questionne la limite poreuse entre passé et futur, avant et après, rêve et réalité, apparition et disparition…
Ainsi Anne Pharel nous invite au coeur de la nature lors de ses déambulations nocturnes : racines, feuillages, ruisseau, tronc viennent ponctuer ces minutes suspendues. Ici l’érosion du temps qui a laissé sa trace sur les murs effrités, là, la lumière de l’aube fait écho à celle du crépuscule, avec toujours ce flou qui caractérise la photographe, comme pour évoquer la fugacité de l’instant. La boîte lumineuse cristallise l’éternité, là où le temps s’arrête, figé dans son socle. En transfigurant le réel, Anne Pharel donne à voir la face cachée des éléments, celle qui échappe à toute perception.
L’exposition présentera une quarantaine d’oeuvres uniques issues de ses différentes séries : Sub Noctem, Orpaillage, Insaisissable et dérivées, Jardins intérieurs...
Trois de ses oeuvres feront prochainement partie de la collection de la Bibliothèque Nationale de France.
Entretien avec l'artiste, propos recueillis par la Galerie qui accueille ses oeuvres :
En quoi peut-on lire votre oeuvre comme un éloge du temps ?
Le rapport fondamental que j’entretiens au monde est lié à une perception particulière du temps où les instants échappent à leur brièveté, s’étirent, comme arrachés à la durée. Je cherche à rendre visibles des instants qui contiennent leur propre disparition, dans lesquels passé et futur sont confondus. Ce rapport singulier au temps induit une relation au monde qui est comme tremblée, où la présence au monde se fait dans un présent qui n’existe pas.
Comment expliquez-vous cette sensation de flou, presque insaisissable, intangible qui ressort de chacune de vos oeuvres ?
Je veux que l’invisible, qui fait que le monde palpite, circule dans mes oeuvres.
On habite les lieux d’un oeil désincarné, d’un oeil hors de soi, un oeil qui isole au loin un espace et permet un rapprochement immatériel. Cette proximité lointaine permet la métamorphose de la matière, parfois jusqu’à la transparence, jusqu’à ne voir plus d’elle que son cristal. Chercher à entrevoir d’elles l’invisible n’est pas la quête d’une révélation, mais plutôt celle d’un renoncement.
Ainsi monte cette sensation de détachement du monde, de flottement, où l’on cherche plus à effleurer les choses qu’à les saisir. Dans cette disposition, une vision poreuse de la matière advient et autorise les glissements entre l’intérieur et l’extérieur, estompe les contours jusqu’à permettre la confusion.
La multiplicité des supports utilisés témoigne d’un véritable travail de recherche, comme si vous étiez en quête permanente de quelque chose…
Je ne cherche pas à atteindre une vérité mais plutôt à en frôler des fragments pour en éprouver le sentiment éphémère. Je veux que l’invisible, qui fait que le monde palpite, circule dans mes oeuvres. Et toujours, je cherche à sublimer la disparition, à donner corps à l’imprécis, pour enfin offrir à l’absence le reflet de la lumière et la couleur de l’or.
Dans cette intention, j’installe parfois mes images dans des boîtes, provoquant des prolongements ou des débordements, souvent des mises en abyme... afin de transfigurer le réel, afin de mettre en scène un monde aux limites évanouies...
Informations pratiques
L'Intangible, exposition des oeuvres photographiques d'Anna Pharel à la Photo 12 Galerie jusqu'au 17 février 2017
14, rue des Jardins Saint-Paul
75004 Paris
+ 33 (0)1 42 78 24 21
www.galerie-photo12.com
Du mardi au samedi 14h - 18h30 certains dimanches et sur rendez-vous