Aller au contenu. | Aller à la navigation

Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

Bonjour, notre site va bénéficier d’une refonte dans les prochains mois. L’activité de Narthex est actuellement réduite. Nous vous remercions de votre compréhension.

Un bijou de ciboire

Publié le : 25 Juillet 2016
Actuellement l’orfèvrerie et la joaillerie sont deux domaines distincts, mais pendant longtemps il s’agissait d’un seul et même métier dont les membres se sont spécialisés au XVIIIème ou XIXème tantôt vers l’ornement, le montage des pierres, c’est la joaillerie, tantôt vers le travail pur du métal c’est l’orfèvrerie. Ce ciboire de grand joailler conservé à l’église Saint-Sulpice à Paris montre que la frontière entre joaillerie et orfèvrerie est parfois ténue.

Ciboire    

Paris 1861-1867

Argent fondu, argent doré, cabochons de verre

Signé Frédéric Boucheron Paris, poinçon d’orfèvre de Croville et Glachant (actif entre 1861 et 1867), poinçon à la hure de sanglier
Email peint par Alfred Meyer (1827-1904)

Hauteur : 37cm.
Diamètre : 16,5cm.
Poids : 2727gr.
 

Le pied est orné de rinceaux feuillagés, motif de cuirs, phylactères, feuilles d’acanthe, graines éclatées, ainsi que de trois médaillons peint à l’émail aux écoinçons tronqués représentant les trois vertus théologales, la Foi, la Charité, l’Espérance.

Sur le fut s’entortille des tors de blé et de vigne, métaphore du pain et du vin. Des cartouches de cuirs portent trois cabochons de verre bleu sertis en bâte, imitant les pierres précieuses.

La coupe présente un treillage de vigne et de blé encadrant des émaux peints représentant scs Philippus, Bartholomaeus, Thomas, Thadeus, Andréas, Jacobus Minor, Julianus, s Clara, Maria Aegyptiaca, ainsi que des anges, des attributs, initiales et symboles, niveau, couteau, massue, croix patée avec initiales SA, croix avec SP, St Hadaeus avec une massue.
Sur le haut de la coupe est gravé au repercé l’inscription VENITE COMEDITE PANEM MEUM, « venez manger mon pain ».


Le couvercle comporte la même structure de treillage que la coupe, les médaillons d’émail peint  représentant s Petrus, Paulus, les initiales et symboles, SS avec une scie, une épée et deux coquilles, SI, SM, scs Joanes, Mateus, Petrus, Simon, Paulus, Jacobus Minor, s Franciscus Borgia, Norbertus, Thomas Aquinus, ainsi que des anges.

Ce ciboire présenté en 1880 à l’exposition des Beaux-Arts de Paris a des particularités hors du commun, tout d’abord son poids, 2727gr, qui s’explique par l’utilisation de l’émail peint pour les médaillons, cet émail est peint sur de très fines plaques de cuivre, émaillées des deux cotés pour les rigidifier, mais la cuivre restant malléable, la moindre pression fait craquer la couche d’émail vitrifié par la cuisson qui casse alors comme du verre, c’est cette extrême fragilité de l’émail qui explique l’exceptionnelle épaisseur de 0,5cm à 3cm de l’argent du pieds comme du treillage de la coupe et du couvercle qui sont fondues et constituent la structure du ciboire destiné à accueillir les émaux peint œuvres de Alfred Meyer (1827-1904), peintre émailleur, élève de François-Edouard Picot, travaillant à Limoges et à Sèvres, grand artisan du retour de l’émail au XIXème siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le répertoire décoratif de ce ciboire se rapproche du répertoire Byzantin par les cabochons de verre imitant les pierres précieuses serties clos en bâte, médiévale par la structure générale et la typographie et Renaissance par les cuirs découpés, et, surtout la technique de l’émail peint typique du XVIème siècle qui est bien distincte de l’émail champlevé du XIIIème siècle (qui consiste à remplir des creux et non à peindre).


La complexité de réalisation de ce ciboire explique que l’émail ait été réalisé par Alfred Meyer (1827-1904), tandis que le ciboire, bien que signé Frédéric Boucheron sous la base, qui a sans doute réalisé le dessin, porte le poinçon losangique de l'orfèvre Croville et Glachant, actif de 1861 à 1867, qui a réalisé ce ciboire, cet orfèvre semble particulièrement maitriser, la fonte, la reprise de ciselure, et le montage de l’émail par des broches et ciment d’orfèvre.

Cela illustre le travail de collaboration auquel certaines pièces complexes donnaient lieu, dessin, émaux et orfèvrerie.

Mots-clés associés :
Ajouter un commentaire

Vous pouvez ajouter un commentaire en complétant le formulaire ci-dessous. Le format doit être plain text. Les commentaires sont modérés.

Question: 10 + 4 ?
Your answer:
Guillaume Denniel

Étudiant à l’école du Louvre depuis 2011, Guillaume Denniel se passionne pour l’orfèvrerie depuis de nombreuses années, il en a fait son domaine de spécialité en Histoire de l’Art. Lors de l’opération « Le plus grand musée de France » qu’il a conduit au sein de la Junior entreprise de l’école du Louvre, dont il est président depuis juin 2014, il a mené à bien une opération de mécénat en faveur d'un chef d’œuvre de l’orfèvrerie de la fin de la Renaissance, dont la restauration sera effectuée en 2015. Lors de ses études en Droit (Master 2 Droit Public Droit Privé) il a réalisé deux travaux de recherche sur des thèmes connexes au Droit et à l’Histoire de l’Art.

Recherchez sur le site
Inscrivez-vous à la newsletter