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Une oeuvre du XIIIème siècle : la Châsse de Saint Taurin (2)

Publié le : 18 Août 2011
Pour l'histoire de l'orfèvrerie parisienne, la Châsse de Saint Taurin est une pièce importante que je vous propose de terminer sa découverte.

La vue d’ensemble

 

Cette pièce d’orfèvrerie est la représentation miniature d’une église de style gothique : présence de portails surmontés d’arcs brisés dont l’accentuation de la grandeur est visible à travers le gâble situé au niveau du portail central. L’ouvrage architectural gothique est également présent grâce à la matérialisation du toit rampant et surtout, par celle du transept. Ce dernier est peu profond et est dans la continuité des gâbles. Le réalisme est poussé jusqu’à la représentation de petites gargouilles aux angles du deuxième et troisième niveau des contreforts.
Tous les détails architecturaux ne possèdent pas ce même mode de représentation, ce qui est le cas par exemple pour les voussures dont l'épaisseur reste nue.

Dans la littérature, cette châsse est très souvent apparentée à la Sainte Chapelle. Un tel rapprochement peut sans doute être du à son aspect physique et à la présence de petits ornements telle la présence dans les deux cas, de la crête sur le fait du toit.

 

 

Une iconographie particulière

En ce qui concerne l’iconographie, cette dernière mêle deux registres : sur le toit, la vie du Saint. Sur les côtés, la châsse montre au spectateur des épisodes précis de la vie de ce personnage sacré.

Ainsi, sur le toit se trouvent : l’Annonciation, le baptême de saint Taurin, Le pape confiant saint Taurin à saint Denis et La résurrection de Marinus et la mort de saint Taurin. Beaucoup de ces scènes s'apparentent à la vie du Christ. Cependant, ce lien ne peut être négatif dans la mesure où les croyants doivent suivre son exemple.
Sur les côtés, les scènes sont toutes abritées sous une arcature, ce qui accentue la sacralité des actes de saint Taurin. Les épisodes clés pour la fondation de la ville d’Evreux sont tous représentés. En dessous de l’Annonciation, se trouve Saint Taurin aux portes d’Evreux ; puis, Saint Taurin en évêque devant le peuple ébroïcien, Saint Taurin baptisant le peuple ; le saint avec sainte Euphrasie .

Châsse de Saint Taurin, détails, Atelier parisien, 1240 - 1255,

Conservée à l' église de Saint Taurin, Evreux © C.D

Dans cette scène, tous les personnages présentent une expression différente même si les codes de représentations sont de rigueur.


Chacune de ces scènes sont séparées les unes des autres par des personnages en pied. Sur les pignons se trouvent un ange et le Christ en Majesté ; Saint Taurin en habit épiscopal puis saint Taurin.

 

L’aspect stylistique

Ces personnages ont tous le même aspect stylistique : les drapés sont léchés et réalisés par la technique de la ciselure au repoussé. Les plis sont très réalistes dans la mesure où ils reposent très naturellement sur les bras du saint. Ceci tend à démontrer que l’attachement des orfèvres à vouloir reproduire le plus fidèlement possible le monde qui les entoure. Il en est de même pour l’aspect anatomique. Le raffinement de la représentation se localise sur de petits détails tels que la présence de petites gravures sur les chaussures.

Châsse de Saint Taurin, détails, Atelier parisien, 1240 - 1255,

Conservée à l' église de Saint Taurin, Evreux © C.D

 

 

La préciosité de l’objet se quantifie de plusieurs manières. Dans un premier temps, par la qualité du matériau employé. En effet, s’agissant d’une œuvre parisienne, les orfèvres devaient utilisés de l’or à la touche de Paris. Au XIIème – XIIIème siècle, l'or de Paris était travaillé à la « Touche de Paris ». Tout en étant plus perfectionné à Paris qu'ailleurs, l'affinage de l’argent était plus précis que celle de l’or. En effet, tandis que le titre de l'or n'était que de dix-neuf carats un cinquième, l'argent contenait onze deniers douze grains de fin .

Enfin, cette préciosité est davantage symbolique puisqu'elle concerne la qualité et le raffinement de l’iconographie.

 

Châsse de Saint Taurin, détails, Atelier parisien, 1240 - 1255,

Conservée à l' église de Saint Taurin, Evreux © C.D

La beauté de l'oeuvre est visible ici par une multitude de petites feuilles. Ce motif se retrouve également sur la châsse de Saint Romain, conservée à Rouen. Ce style sobre se rencontre sur une petite colonne d'applique, conservée au Musée du Louvre.

 

 

Cette Châsse est par conséquent une œuvre majeure dans l’histoire de l’orfèvrerie médiévale du fait de son témoignage sur l'époque gothique.Mais aussi en raison des prouesses techniques qui ont été mises en oeuvre par les orfèvres pour concevoir cette magnifique oeuvre.

 Elle est visible tout au long de l'année dans l’église Saint-Taurin à Evreux.

 Cécile Dufour

Le 18 août 2011

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Cécile Dufour

Docteur en Histoire de l’art médiéval, ses travaux de recherche concernent l’orfèvrerie au service du culte et essentiellement les productions parisiennes de la fin du XIIème et du XIIIème siècle.

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