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Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

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Un important trésor du XIIIème siècle

Publié le : 27 Décembre 2011
A partir du glossaire abordé durant ces deux derniers mois, je vous propose de découvrir un important reliquaire parisien datant du XIIIème siècle.

Une histoire particulière…

Le Reliquaire des Saints Lucien, Maxien et Julien fait partie du trésor de la Sainte Chapelle de Paris qui fut édifiée sous l’impulsion de Saint-Louis en 1248. Sa fonction principale était d’abriter les Saintes Reliques en provenance de Constantinople et plus précisément celle de la Sainte Couronne d'épines.

 

 

 Reliquaire des Saints Maxien, Lucien et Julien, 1261, Paris © C.D

 

Une notice particulière….

Parmi les nombreuses reliques se trouvait ce petit reliquaire aux dimensions modestes :
H. 19,6cm ; L. 13,5cm ; l. 2,9cm

Datation : vers 1261.
Techniques et matériaux employés : Argent gravé, ciselé et doré .

 

Une inscription et des symboles particuliers …

Au-dessus des logettes :

DE/ BRAC/ HIO :
S(an) C (t) I/ MAXI/ ANI ; DE/ COS/ TA.
S(an) C (t) I/ LUCI/ ANI ; DE/ COS/ TA.
S(an) C(t) I/ IULI/ ANI.

Reliquaire des Saints Maxien, Lucien et Julien, détail, 1261, Paris © C.D

 

 

 

Au revers:
S(anctus) MA/ XIANUS;
S(anctus) LUCI/ ANUS ;
S(anctus) IULIANUS.

Suivent ces trois inscriptions, trois symboles que je n’ai pas encore réussi à déterminer : il s'agirait très certainement d'une marque faite durant la Révolution française de 1789.

 

 

Reliquaire des Saints Maxien, Lucien et Julien, détail, 1261, Paris © C.D

 

 

Une description ….

L’architecture :

Ce reliquaire a la forme d’un édifice religieux. Il possède trois gâbles surmontés de trois clochetons : l'élément central est manquant. Sur la face principale, prennent place les trois personnages pour qui ce reliquaire fut consacré. A gauche, se trouve saint Maxien, au centre, saint Lucien et à droite, saint Julien. Les personnages peuvent être identifiés grâce aux inscriptions figurant au niveau de l’arc trilobé, entre le chapiteau et le lobe.


Les personnages sont abrités sous une arcature trilobée. La structure est identique entre la face centrale et celle du revers : la façade se compose de trois arcatures brisées surmontées d'un gâble à crochets. Ces éléments architecturaux sont également présents au revers de cette pièce. Sur la face centrale, l’architecture est exécutée à l’aide d’une ciselure gravée tandis que pour le revers, la structure est faite grâce à une ciselure au repoussé. 

 

 Les personnages :

Reliquaire des Saints Maxien, Lucien et Julien, détail, 1261, Paris © C.D

 

 

Les arcs trilobés abritent les personnages tenant leurs têtes dans leurs mains, symbole de leur supplice. Les têtes des saints Maxien et Julien sont tournées vers celle de saint Lucien qui se trouve en position centrale. Tous les trois ont le même traitement plastique bien que l’iconographie diffère. En effet, les deux personnages sur les côtés possèdent une tonsure marquée par des petits points à la surface du métal. Tout autour se situent les cheveux réalisés à l’aide de fines gravures ondulées. Leur traitement est délicat et raffiné. Ces ciselures animent la chevelure et symbolisent les mèches de cheveux.

Les détails physiques sont réduits au strict minimum puisque la finalité de cette représentation n’est pas de narrer la vie de ses trois saints mais de montrer leur sacrifice pour l’Eglise. Contrairement aux autres objets de ce type, la fonction première de ces reliquaires et châsses n’est plus d’éduquer le peuple chrétien mais davantage de rappeler le martyre des saints pour la foi.

Une œuvre particulière ….

Contrairement aux châsses de la fin du XIIème – début du XIIIème siècle, les techniques ont connu une transformation. En effet, avec la Châsse de Saint Taurin, les techniques utilisées sont très éclectiques au sein d’une même œuvre (la gravure, la ciselure, le repoussé) tout comme le mélange de divers champs artistiques. Avec cette œuvre, le reliquaire voit ses dimensions se réduire et, un seul domaine est pris en compte dans la conception de ces objets sacrés.

D'autre part, les techniques se font plus raffinées. Cette avancée stylistique traduirait, selon moi, le savoir-faire des ateliers parisiens dans le domaine de l’orfèvrerie au XIIIème siècle.

Cette œuvre est donc importante par ces différents progrès et par son apport symbolique. En effet, elle était conservée dans l’édifice conçu comme un reliquaire et, parmi les Saintes Reliques, considérées comme les reliques primaires.
 

Cécile Dufour

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Le 27 décembre 2011

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Cécile Dufour

Docteur en Histoire de l’art médiéval, ses travaux de recherche concernent l’orfèvrerie au service du culte et essentiellement les productions parisiennes de la fin du XIIème et du XIIIème siècle.

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