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L'orfèvrerie : un art au carrefour de deux domaines artistiques ?

Publié le : 28 Septembre 2011
Les objets cultuels du XIIème siècle et du XIIIème siècle sont au service de la religion mais sont également l'exemple d'une expression artistique. Ceci se manifeste par des évolutions constantes tant au niveau de la forme qu'en ce qui concerne l'iconographie.

En observant les oeuvres du XIIème et celles de la fin du XIIIème siècle, des évolutions physiques et stylistiques se sont développées tout au long de ce siècle laissant ainsi apparaitre un lien très fort avec d'autres champs artistiques tels que l'architecture et la sculpture.

 

1. Un lien étroit

  Selon les spécialistes du XIXème siècle, notamment l'Abbé Texier, "la profession d'orfèvre [...] exigeait les talents divers de l'émailleur, du fondeur, du joaillier, du lapidaire. Peintre par les incrustations, suclpteurs par les ciselures, il était architecte par la forme monumentale de ses oeuvres". (Abbé Texier, Dictionnaire d'orfèvrerie, de gravure et de ciselures chrétiennes, ou de la mise en ouevre artistique des métaux, des émaux et des pierreries, Paris, 1857, p. 14). L'orfèvre est donc un artisan complet : il est architecte puique sa première phase de travail se résume à l'élaboration de plans puis la second phase est  réservée à la conception de ces édifices en miniature. Il est sculpteur puisque pareillement aux édifices en pierre, une ornementation anime chacune des facades.

 

  L'aspect des représentations varie en fonction de trois données : la position géographique de l'église par rapport à la ville, son rang au sein de la hiérarchie de l'Eglise et enfin, de la place de l'iconographie au sein même de l'édifice. En effet, il est communément admis que les statues doivent se positionner dans les parties supérieures de l'église et au niveau des portails. Elles devaient être vues par tous les fidèles.

  Pour respecter ainsi cette nomenclature, ces édifices en miniature possédent les mêmes caractéristiques.

 

2. Les édifices en miniature

  En analysant stylistiquement certaines pièces, c'est-à-dire, en observant l'iconographie, les liens entre le domaine de l'architecture et la sculpture sont attestées. Et ce, particulièrement au sein des reliquaires et châsses de la première moitié du XIIIème siècle.

  Celles-ci mettent nettement en valeur la volonté des orfèvres de modeler un édifice en miniature : les Châsses de Saint Taurin et de Saint Romain sont les plus beaux exemples.

 

 

 

Châsse de Saint Romain, détails,Paris ou Rouen, vers 1270-1290,Conservée à la Cathédrale de Rouen © C.D


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Châsse de Saint Taurin, , vers 1240-1255, détails, conservée à l'Eglise Saint Taurin d'Evreux, provient d'un atelier parisien © C.D

 

 

 

 

 

 

 

Ces objets cultuels présentent tous les éléments de l'architecture tel un transpet saillant, des contreforts, des voûssures, un clocher central, une crête végétale ainsi que des portails animant les façades latérales.

 

 

 

 

Châsse de Saint Romain, détails,Paris ou Rouen, vers 1270-1290,Conservée à la Cathédrale de Rouen © C.D

 

 

 

La sculpture tient également une place importante au sein de ces édifices dans la mesure où les statuettes se nichent essentiellement sous de grandes arcades.

 

 

 

 

 

 

Pour les reliquaires de la deuxième moitié du XIIIème siècle, le lien avec la sculpture se fait de plus en plus discret dans la mesure où l'iconographie met davantage en valeur les techniques de l'orfèvre. Ainsi, dans le Reliquaire des Saints Maxien, Lucien et Julien, Atelier parisien, 1261, les saints personnages sont gravés à la surface de l'objet. De ce fait, seul un lien architectural est visible dans cet objet même s'il n'y a plus de transept ou de portails saillants. une telle stylisation s'expliquerai par le lieu de conservation de ce reliquaire. En effet, il était destiné au trésor de la sainte Chapelle : une sobriété devait être de rigueur afin d'être en adéquation avec l'apparente simplicité de l'édifice qui le renferme.

 

 

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Reliquaire des Saints Maxien, Lucien et Julien, Paris, 1261, conservé au Musée du Moyen-Age et des Thermes de Cluny, provient d'un atelier parisien © C.D

 

 

 

Ce reliquaire n'est plus une représentation visuelle de l'église mais est l'essence de l'Eglise. L'iconographie surplombe de ce fait, l'architecture. L'objet cultuel de cette période devient le support privilégié d'un art spécifique : l'orfèvrerie. Il favorise ainsi de nouvelles réflexions théologiques.  

Cécile Dufour

Le 28 septembre 2011

 

 

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Cécile Dufour

Docteur en Histoire de l’art médiéval, ses travaux de recherche concernent l’orfèvrerie au service du culte et essentiellement les productions parisiennes de la fin du XIIème et du XIIIème siècle.

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