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L'orfèvrerie au service du culte : un problème de définition

Publié le : 12 Juin 2011
L'orfèvrerie regroupe des objets particuliers : ils ont tous une forme particulière et un aspect doré... mais comment peut-on définir ce domaine précieux?

Pour pouvoir cerner le sujet qui nous passionne, une qualification du terme « Orfèvrerie » est nécessaire. Aujourd’hui, celle-ci se résume à la réalisation d’objet en or. Il circule beaucoup d’interprétations par rapport à ce terme, toutefois, une base demeure inchangée : les auteurs insistent sur le métal que cet artisan devait travailler : l’or. Mais cette particularité est- elle communément admise? Trouve-t-elle encore sa légitimité aujourd'hui?

 

Les définitions du terme « orfèvrerie » au XIXème siècle

P.L. Jacob base sa définition sur le vieux mot français, fèvre ou fabre (en latin faber) qui signifie, ouvrier ou artisan, auquel est apposé le mot or. Donc, l’orfèvre est l’artisan travaillant l’or. H. Havard met en avant la grande complexité de ce métier, en écrivant : « architecte pour combiner le plan de ses grands ouvrages, statuaire pour en modeler les contours, il se fera peintre pour marier ensemble les couleurs des divers matériaux, de gemmes, d’incrustations et de nielles. » En observant les objets qui nous sont parvenus, cette définition s'avère par conséquent exacte.

Châsse de Saint Romain, détails,Paris ou Rouen, vers 1270-1290,Conservée à la Cathédrale de Rouen © C.D


Une évolution du terme peut donc être observée. En effet, au Moyen-âge, l’orfèvrerie impliquait un plus grand champ de réalisations, comme l’explicite le commentaire de J. Labarte : « Au Moyen-âge (…) les orfèvres travaillaient le cuivre et d’autres métaux encore, à l’égal de l’or et de l’argent. (…) Nous devons donc regarder comme appartenant à l’orfèvrerie non seulement les statuettes, les bas-reliefs, les vases, et les bijoux dorés d’argent mais encore les châsses, ces reliquaires, ces ustensiles de cuivre ciselés et dorés . » Dans un autre écrit, il exclut les statuettes en bronze du domaine de l’orfèvrerie. Cette définition est reprise en 1852 par l’abbé Migne. Pour lui, le travail du cuivre est identique à celui du fer et de l’étain, il n'est donc pas à inclure dans une production sacrée.

De plus, D. Boucard commence son article sur les orfèvres par une simple définition « orfèvre : créateur d’objets et de vaisselles en métaux précieux, le plus souvent en argent » . Cela parait assez réducteur dans la mesure où, les pièces parvenues jusqu’à nous, montrent au moins quatre types de matériaux employés : bien évidemment l’or, mais aussi l’argent, le cuivre et le bronze doré.  Mais, avec les analyses qui ont été réalisées, il s'avère qu'il fut bel et bien employé. Ceci est sans doute du à une rareté des deux matériaux importants : l'or et l'argent. 

Dans son ouvrage dédié à l’orfèvrerie religieuse, l’Abbé Texier précise davantage la profession d’orfèvre ; pour lui, il était un sculpteur. Ce qui est intéressant ici concerne la relation qui existe entre la sculpture et l’orfèvrerie qui sont, au Moyen-âge, proches. Ce lien est clairement établi grâce aux objets. 

 

L' « Orfèvrerie » à partir du XXème siècle

En tenant compte de ces différentes définitions et des pièces qui nous sont parvenues, nous pouvons en conclure que l’orfèvrerie est l’art de l’orfèvre. Ce dernier produit essentiellement des objets en or et en argent, mais faute d'approvisionnement nécessaire, il est susceptible d'employer du cuivre. Dans le domaine de l'orfèvrerie, prennent place deux types de production : l’une profane et l’autre sacrée, dans ce cas, elle sert la religion.
Du fait de la structure sociale médiévale et celle de l'atelier de l'orfèvre, la différence entre ces deux productions est inconcevable. Il n'y avait pas d'artisans spécialisés dans l'un ou l'autre domaine. C'est-à-dire, que l'orfèvre produisait aussi bien des objets cultuels que profanes. D'un point de vue matériel, ces pièces sont en argent, en or, mais aussi en cuivre et en bronze ; parfois, certaines œuvres combinent plusieurs matériaux, comme cela peut être le cas avec la Châsse de Saint Taurin. Par conséquent, l’orfèvre médiéval travaillait différents matériaux et non uniquement l’or.


Châsse de Saint Taurin, , vers 1240-1255, détails, conservée à l'Eglise Saint Taurin d'Evreux, provient d'un atelier parisien © C.D

Ainsi, l'orfèvrerie au service du culte fait partie de l'art précieux. Elle regroupe des objets en or, argent, bronze et cuivre ; l'ensemble devait être impérativement doré. (La légitimation de cette couleur sera abordée dans un prochain article). Elle se trouve être au carrefour de deux autres champs artistiques : l'architecture et la sculpture. Du fait de son rôle, elle met en scène une iconographie particulière qui est en perpétuelle évolution. Cet art précieux regroupent différents types de pièces : des calices, des reliquaires et des châsses, des candélabres et des croix processionnelles.

Ce domaine est, par conséquent, très important du fait de sa richesse typologique, stylistique mais aussi symbolique.

Cécile Dufour

Le 12 juin 2011

 

En ce qui concerne les citations :

Havard, H., Histoire de l’orfèvrerie française, Paris, 1896, p. 1-2.

Labarte, J., Histoire des arts industriels au Moyen-Age et à l’époque de la Renaissance, tome 1, Paris, 1866.

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Cécile Dufour

Docteur en Histoire de l’art médiéval, ses travaux de recherche concernent l’orfèvrerie au service du culte et essentiellement les productions parisiennes de la fin du XIIème et du XIIIème siècle.

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